Bramans (Savoie). La Colombière
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Année de l'opération :
2019Numéro d’opération :
2213511Sujets :
mine, souterrain, puits d'extraction, cuivre, plomb, argent, datation au radiocarbone, outilNature de l'opération :
prospection archéologiqueNotes de la rédaction
Organisme porteur de la fouille : Arkemine SARL
Texte intégral
1De nombreux gisements de fer, de plomb, d’argent, de cuivre, mais également de charbon ont été exploités en Savoie, notamment en Maurienne et en Haute Maurienne (pour la période médiévale, voir par exemple Garioud, 2007 ou Bailly-Maître, 2002). Parsemant les vallées et les massifs alpins, de nombreux vestiges en surface comme souterrains impactent encore aujourd’hui le paysage (Durand, 2010). Une campagne de prospection archéologique a été réalisée par la société Arkemine en septembre 2019, dans un secteur circonscrit au massif de la Colombière à Bramans (Savoie), en Haute Maurienne, dans le cadre du projet interrégional France-Italie Alcotra « Mines de Montagne » auquel participe la Conservation départementale de la Savoie.
2Pour le massif de la Colombière, quelques éléments démontraient, avant les recherches archéologiques récentes, l’existence d’une exploitation minière ancienne. De nombreux auteurs du xixe siècle s’intéressant à la géologie, aux gisements miniers et à l’histoire régionale, signalent l’existence d’excavations et de travaux très anciens percés avec des pics ou des pointerolles sur un gisement de galène située à Bramans (par exemple Caillaux, 1875, De Mortillet, 1858 et Borrel, 1889). Ces travaux sont aujourd’hui principalement connus par la présence de l’important réseau souterrain de la Colombière.
3D’après les données géologiques et les observations sur le terrain, le gisement de la Colombière intègre des minerais métallifères, principalement de cuivre, de plomb et d’argent.
4En surface, les prospections ont permis d’identifier une forte densité de vestiges. Ainsi, plus deux cents entités archéologiques liées à une activité minière ont été identifiées au sein d’une emprise de prospection d’environ 7,5 ha. Ils s’organisent dans une bande de terrain d’environ 800 m de long et 100 m de large. Les nombreuses dépressions marquent en réalité, pour une grande majorité, l’emplacement probable d’anciens puits colmatés ou de fosses d’extractions. Cette hypothèse est soutenue par la présence sur leur bordure de haldes, amas de résidus d’abattage. Une grande partie de ces aménagements conduit probablement à des espaces souterrains inconnus. Ces vestiges peuvent correspondre à des ouvrages d’exploration, afin de rechercher les zones riches du gisement, d’exploitation, afin d’extraire les minerais recherchés, ou d’assistance.
5La zone minière semble être limitée vers l’est par les falaises que surplombe un petit sommet atteignant 1981 m d’altitude. Dans ces petites falaises, des affleurements du gisement ont été exploités depuis la surface par des chantiers plus ou moins vastes. Ce sont huit ouvrages de ce type qui ont été découverts et étudiés lors des recherches archéologiques récentes. S’étendant de quelques mètres à une vingtaine de mètres de profondeur depuis la surface, les ouvrages souterrains, parfois très exigus, prennent la forme de puits, de chantiers et de galeries, principalement percés par la technique d’abattage par le feu. Des datations radiocarbone effectuées sur des charbons prélevés lors des prospections archéologiques situent l’exploitation de cette partie du gisement aux xie-xiie siècles puis autour du xve siècle. Quelques autres ouvertures, identifiables en surface mais totalement comblées, donnent probablement accès à des espaces souterrains inaccessibles dans le cadre des prospections réalisées.
6L’important réseau souterrain de la Colombière a fait l’objet d’une évaluation archéologique. En 1999, une datation radiocarbone réalisé sur un fragment de bois prélevé dans le réseau a démontré que l’arbre avait été abattu dans entre le xie et le xiiie siècle. Les investigations archéologiques récentes ont permis d’identifier les différents espaces artificiels, des galeries, des puits et des chantiers d’exploitation qui croisent, et parfois investissent, des espaces karstiques. Les galeries donnent accès aux zones minéralisées profondes afin de rechercher et d’extraire les substances métallifères. Certaines sont percées depuis la surface et d’autres mettent en relation différents chantiers souterrains. En ce qui concerne les puits, si leurs fonctions précises restent aujourd’hui à démontrer, ce sont des ouvrages contribuant généralement à l’aérage et ayant pu initialement servir à l’exploration du gisement. La présence de boisage régulièrement réparti de façon hélicoïdale au sein d’un des puits, servant probablement à la circulation des mineurs, écarte l’hypothèse de la mise en place de système de levage comme un treuil. Les chantiers se développent dans l’axe de filons subverticaux, mais également vers le nord, notamment en suivant l’interface entre un niveau de cargneule et de calcaire dolomitique dans lequel sont dispersées les minéralisations. Les traces d’abattage identifiées démontrent principalement l’utilisation d’un outillage manuel, de type pic ou pointerolle. Toutefois, les mineurs ont ponctuellement mis en œuvre l’abattage par le feu au sein du réseau, notamment lorsqu’ils ont dû traverser le calcaire dolomitique induré, dans la partie inférieure du réseau par exemple.
7La mine de la Colombière a été investiguée aux xviiie et xixe siècles sans que d’importants travaux d’extractions aient été réalisés, aucune trace associée à l’abattage à l’explosif n’ayant été identifiée. Par chance, les vestiges miniers plus anciens ont ainsi été préservés, même si quelques espaces souterrains ont été régulièrement fréquentés depuis l’abandon de l’activité minière. C’est un véritable massif métallifère et minier qui a été mis en évidence par les recherches archéologiques de 2019. Il présente en surface une densité remarquable de vestiges extractifs sur une emprise d’au moins 7,5 ha. Les travaux miniers s’étendent certainement au-delà de l’emprise prospectée dans le cadre de ces premières investigations, notamment vers l’ouest, comme semble le démontrer l’analyse de données LIDAR.
Relevé des vestiges situés à l’est de l’emprise et coupe des vestiges souterrains découverts.
DAO Arkemine
Table des illustrations
Titre | Relevé des vestiges situés à l’est de l’emprise et coupe des vestiges souterrains découverts. |
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Crédits | DAO Arkemine |
URL | http://journals.openedition.org/archeomed/docannexe/image/34136/img-1.jpg |
Fichier | image/jpeg, 893k |
Titre | À gauche, saignées caractéristique de l’abattage avec un outil métallique à percussion lancé ou posé (réseau de la Colombière). À droite, section et gabarit de galerie caractéristique de l’abattage par le feu (chantier situé à l’est de l’emprise de prospection). |
Crédits | DAO Arkemine |
URL | http://journals.openedition.org/archeomed/docannexe/image/34136/img-2.jpg |
Fichier | image/jpeg, 926k |
Pour citer cet article
Référence papier
Gérald Bonnamour, « Bramans (Savoie). La Colombière », Archéologie médiévale, 50 | 2020, 360-362.
Référence électronique
Gérald Bonnamour, « Bramans (Savoie). La Colombière » [notice archéologique], Archéologie médiévale [En ligne], 50 | 2020, mis en ligne le 15 février 2021, consulté le 05 novembre 2024. URL : http://journals.openedition.org/archeomed/34136 ; DOI : https://doi.org/10.4000/archeomed.34136
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