Toufflers (Nord). Rue des Déportés
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Année de l'opération :
2019Numéro d’opération :
158733Sujets :
sépulture à incinération, cimetière, inhumation, coffrage (sépulture), cercueil, cercueil monoxyle, linceul, dépôt funéraire, clou, vaisselle de terre cuite, vaisselle de verre, accessoire d'habillement, fibule, parure, pillage, ambre, armeChronologie :
Antiquité, Antiquité gréco-romaine, Antiquité romaine, Empire romain, Haut-Empire romain, époque médiévale, Haut Moyen Âge, époque moderne, époque mérovingienneNature de l'opération :
fouille préventiveNotes de la rédaction
Organisme porteur de la fouille : Archéopole
Texte intégral
1Le site de la rue des Déportés, sur la commune de Toufflers, découvert au cours d’un diagnostic dirigé par Évelyne Gillet (Inrap) en mars 2018 se situe à 650 m de la frontière belge, face à la province du Hainaut, sur une surface de 3000 m². Aux époques romaine et mérovingienne, le territoire de Toufflers appartient à la cité des Ménapiens, qui deviendra le diocèse de Tournai. Tournai est située sur l’Escaut, une limite de la Neustrie au vie s., et un fleuve dont le ruisseau qui longe la limite nord-ouest du terrain de fouille est un affluent. Deux tracés anciens ont été mis au jour, un état probablement antérieur au Haut-Empire et un chenal plus récent comblé à l’époque moderne. Le contexte sédimentaire est marqué par des dépôts d’alluvions, de colluvions et le battement de la nappe phréatique.
2Un ensemble de 302 structures a été mis au jour au cours de la fouille. Quatre sépultures à crémation romaines sont installées à proximité du ruisseau antique, avec un réseau de fossés de même période. Un cimetière mérovingien se développe ensuite, avec 73 sépultures à inhumation placées le long de deux fossés parallèles. Un nouveau réseau de fossés apparaît après le xvie s. et s’inscrit dans l’orientation du ruisseau et des parcelles actuelles.
3Les sépultures à inhumation d’époque mérovingienne présentent une orientation générale O-E. Les fosses sépulcrales, de dimensions et de profondeur très variables, apparaissent sous la forme d’un creusement de plan quadrangulaire, dont le comblement légèrement plus clair contraste faiblement dans les niveaux de colluvions. Un alignement de quatre moellons en calcaire carbonifère friable et de couleur bleue a été observé dans le comblement d’une tombe et sur son axe longitudinal, figurant peut-être les derniers vestiges d’un marquage au sol.
4Des aménagements internes ont été observés en stratigraphie ; ils comprennent 52 coffrages ou cercueils en bois, cinq monoxyles et deux planches. Dans 30 sépultures, ils sont installés sur une à trois traverses, de longueur comprise entre 0,5 m et 1 m, déposées au fond du creusement. Des planches de couverture ont été observées dans douze cas. L’assemblage des coffrages ou cercueils en bois est effectué à l’aide de clous en fer.
5La présence d’inhumations en pleine terre n’a pu être déterminée, du fait de l’état de conservation des squelettes. La mise au jour d’une tête d’épingle dans l’une d’entre elles peut laisser supposer la présence de linceul. Plusieurs tombes présentent des traces de pillage.
6Les vestiges mobiliers montrent un degré de conservation variable. Celle des restes organiques offre un état contrasté mais généralement médiocre. Les ossements ont disparu dans la majorité des sépultures. Seulement 31 d’entre-elles recèlent les négatifs d’un squelette, quelques os ou un squelette, dont le matériau spongieux ne peut être prélevé, limitant drastiquement les observations ostéologiques. Les rares attestations de faune donnent lieu au même constat.
7Les vestiges de bois des sépultures sont décelables sous la forme d’un matériau argileux blanc à bleuté/verdâtre surmonté d’un résidu carboné noirâtre. Les matériaux résineux tels que l’ambre sont parfaitement préservés.
8À l’exception des objets en argent et or, les restes métalliques sont fortement minéralisés et fragilisés. En revanche, les effets des conditions de conservation sont imperceptibles sur la terre cuite, le verre, la gemme et tout autre minéral.
9Les tombes ont livré plus de 660 objets et reflètent les pratiques funéraires habituelles avec une bonne dotation en éléments mobiliers.
10Les dépôts, composés d’éléments d’armement et d’objets usuels, sont placés pour la plupart dans le contenant sépulcral, à l’exception d’un vase en céramique placé au-dessus de la planche de couverture. Le mobilier lié au costume funéraire est porté par le défunt ou déposé sur lui ou à ses côtés, à l’intérieur du contenant.
11Les sépultures comportent l’assemblage épée longue/scramasaxe et pour d’autres des spathas, des angons, des lances et des haches, tous en fer. Elles livrent, parfois associés ou non aux éléments précités, des objets liés au vêtement, tels des boucles et ardillons, des plaque-boucles étamées à décor gravé, une applique de courroie de baudrier, des fibules discoïdes en argent à décor de granules et gemmes cloisonnées et des rivets scutiformes. Les parures sont des colliers de perles en verre et en ambre (avec parfois plusieurs centaines d’exemplaires par ensemble), de grandes épingles en alliage cuivreux, des anneaux en argent et en alliage cuivreux et des boucles d’oreilles en argent, en or ou agrémentées d’une gemme. L’outillage englobe des couteaux, des paires de forces et des briquets en fer associés à un éclat de silex. Les contenants renferment également des aumônières, des éléments en terre cuite (gourde et pots) et en verre soufflé ou moulé à décor.
12Les datations des mobiliers liés aux sépultures sont en cours. En l’état actuel des observations, une fourchette chronologique comprise entre 520/530 et 600/610 peut être envisagée.
Table des illustrations
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Titre | Toufflers (Nord). Rue des Déportés, fibule discoïde en argent ornée de gemmes. |
Crédits | Cl. Utica, Saint-Denis |
URL | http://journals.openedition.org/archeomed/docannexe/image/34428/img-1.jpg |
Fichier | image/jpeg, 825k |
Pour citer cet article
Référence papier
Thibault Legrand et Marion Wanegue, « Toufflers (Nord). Rue des Déportés », Archéologie médiévale, 50 | 2020, 347-348.
Référence électronique
Thibault Legrand, Marion Wanegue, « Toufflers (Nord). Rue des Déportés » [notice archéologique], Archéologie médiévale [En ligne], 50 | 2020, mis en ligne le 15 février 2021, consulté le 19 mars 2025. URL : http://journals.openedition.org/archeomed/34428 ; DOI : https://doi.org/10.4000/archeomed.34428
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