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Chronique des fouilles médiévales en France en 2019
III. – Constructions et habitats fortifiés
III. 1. – Opérations de terrain

Bonneville (Haute-Savoie). Château des sires de Faucigny 2017-2018

Responsable d’opération : Sylvie Bocquet
p. 293

Notes de la rédaction

Organisme porteur de la fouille : Inrap

Texte intégral

1La fouille des courtines sud et est et des deux tours subsistantes du château des seigneurs de Faucigny s’inscrit dans le cadre de la restauration du site engagée depuis 2003. Construit dans le dernier tiers du xiiie s., ce château permet le contrôle de la vallée de l’Arve durant le conflit delphino-savoyard et devient le centre de la baronnie de Faucigny au xive s.

2L’ensemble castral occupe un affleurement de molasse et surplombe la ville fondée à la même époque. Il regroupe des bâtiments de différentes périodes, organisés selon un plan trapézoïdal (82 m × 19,20 à 27,50 m).

3Après une phase d’exploitation, le rocher est modelé par les constructeurs de manière à recevoir la base des murs ou pour permettre l’aménagement de sols. Les courtines sud et est et les tours, chaînées entre elles, sont élevées directement sur le socle rocheux, au moyen de blocs de molasse équarris, formant des assises réglées irrégulières. Les travaux commencent par l’édification de cette enveloppe défensive, à laquelle succède la mise en place des bâtiments résidentiels, appuyés contre les courtines. Celles-ci sont conservées sur une hauteur maximale de 8 m, avec des largeurs atteignant 2 m. Les traces d’arrachement suggèrent une hauteur initiale de 9 à 10 m et l’existence d’un chemin de ronde doté d’un parapet. L’état de conservation des murs ne permet, toutefois, pas la restitution des créneaux ou des hourds mentionnés dans les textes du xive s. (transcriptions Ch. Guilleré, M. de la Corbière).

4La tour SE, actuellement haute de 13,90 m, a un diamètre de 7,40 à 7,50 m et des murs épais de 2 m. Elle comporte trois niveaux d’environ 10 m², dont une pièce inférieure encore inaccessible et percée d’une archère. La réouverture des baies du niveau intermédiaire voûté a révélé des archères à niche et à fente simple. Un chemin de ronde sommital subsiste en partie. Cette tour communique par une porte sommitale avec la courtine est et la tour maîtresse NE. Cette dernière est placée à l’opposé de l’entrée occidentale principale, au point le plus escarpé du site. Elle conserve une hauteur de 21 m côté ravin, et de 15,80 m côté cour. D’un diamètre de 9,40 m, la tour-maîtresse bénéficie de murs larges de 2,50 à 3 m. Elle comprenait initialement une salle inférieure voûtée et aveugle, surmontée de trois autres niveaux de 10 à 15 m², percés d’archères. Le troisième niveau, outre la porte donnant sur la courtine est, possède les traces de latrines en encorbellement et deux archères ou fenêtres, dont une avec coussièges. Une archère simple de l’étage sous-jacent a révélé d’exceptionnels graffitis de personnages et d’animaux évoquant la vie de cour au xive s. (étude N. Gauffre Fayolle). En l’absence de vestiges, la circulation entre les étages, par des passages réservés dans les planchers (disparus) reposant sur des solives profondément encastrées dans les maçonneries, devait nécessiter des échelles. La tour-maîtresse semble isolée du logis résidentiel nord adjacent, dont les murs périphériques ont été observés dans des sondages réalisés dans la cour orientale en 2018 (dir. L. Benoit et dir. S. Bocquet ; voir la notice dans Archéologie Médiévale, 49, 2019, p. 305-306, https://doi.org/​10.4000/​archeomed.23573).

5Dans la courtine sud, une phase postérieure, survenue entre la fin du xiiie s. et les années 1330, comprend la création d’une fenêtre géminée en molasse. Cette ouverture possède encore deux jours trilobés, séparés par un meneau coiffé d’un chapiteau à crochets et surmontés d’un oculus quadrilobé. La baie éclairait l’aula, dont le diagnostic a révélé la cheminée monumentale. Les piédroits de la fenêtre furent restaurés, à partir de la fin du xve s., au moyen de blocs en calcaire blanc.

6Durant l’époque moderne, des portes à encadrement de calcaire blanc sont percées en rez-de-chaussée des tours. Les bâtiments centraux se dégradent et disparaissent totalement avant 1838, au profit de la cour actuelle.

7L’étude archéologique, étayée par des datations C sur des bois associés aux phases de construction du xiiie s., apporte des données qui permettent une confrontation inédite avec les sources d’archives et des comparaisons avec des fortifications suisses ou nationales. D’autres opérations archéologiques sont en cours sur les bâtiments ouest, qui servent de prisons jusque dans les années 1930, et en périphérie du château.

Bonneville, château des sires de Faucigny, deux archères du niveau intermédiaire de la tour SE, vers le sud.

Bonneville, château des sires de Faucigny, deux archères du niveau intermédiaire de la tour SE, vers le sud.

Cl. S. Bocquet, Inrap)

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Table des illustrations

Titre Bonneville, château des sires de Faucigny, deux archères du niveau intermédiaire de la tour SE, vers le sud.
Crédits Cl. S. Bocquet, Inrap)
URL http://journals.openedition.org/archeomed/docannexe/image/34528/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 727k
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Pour citer cet article

Référence papier

Sylvie Bocquet, « Bonneville (Haute-Savoie). Château des sires de Faucigny 2017-2018 »Archéologie médiévale, 50 | 2020, 293.

Référence électronique

Sylvie Bocquet, « Bonneville (Haute-Savoie). Château des sires de Faucigny 2017-2018 » [notice archéologique], Archéologie médiévale [En ligne], 50 | 2020, mis en ligne le 15 février 2021, consulté le 18 juillet 2025. URL : http://journals.openedition.org/archeomed/34528 ; DOI : https://doi.org/10.4000/archeomed.34528

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Auteur

Sylvie Bocquet

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CC-BY-NC-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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