1Localisé à 24 km au SE de la ville de Poitiers, le château de Gençay occupe un promontoire rocheux à la confluence de deux rivières, la Belle et la Clouère. Le site est mentionné dès la fin du x^e s. sous l’appellation de castrum. Les vestiges qui se dressent encore sous nos yeux sont majoritairement attribuables au xiii^e s. Le programme de restauration engagé par le propriétaire a permis d’étudier la partie orientale de la courtine sud du château. L’opération, menée dans le cadre d’une convention entre la région Nouvelle-Aquitaine et le CESCM (UMR 7302 du CNRS), a mis en lumière quatre états de construction.

2Le premier état correspond à une fondation en gradins fonctionnant avec une élévation parementée et épaulée de contreforts plats. La mise en œuvre de ces maçonneries, préservées sur une assez faible hauteur, ainsi que des parallèles architecturaux amènent à proposer une datation centrée sur les xi^e et xii^e s. Des contreforts identiques, actuellement datés du xi^e s., rythment notamment l’enceinte du château baronnial de Chauvigny.

3Le deuxième état englobe l’essentiel de l’élévation de la courtine. Il est attribuable à la seconde moitié du xiii^e s. comme en témoignent, entre autres, des archères à étriers. La datation est, en outre, confortée par la stratigraphie des maçonneries, la tour de la basse-fosse, dont la construction oscille entre les années 1240 et 1270, étant correctement chaînée à cette partie de l’élévation.

4Le troisième état est matérialisé par une réfection qui concerne l’unique fenêtre visible dans la partie haute de la courtine. Cette ouverture, attribuable au tout début du xiv^e s., est venue remplacer une latrine en encorbellement, dont il ne reste que quatre blocs calcaires en saillie sur la courtine. Ce changement semble traduire une évolution dans la fonction de la salle autrefois associée à ce niveau. Seule l’étude de la face interne de la construction autoriserait une analyse plus précise de ce secteur du monument.

5Enfin, le dernier état coïncide avec une phase de surélévation de la courtine. Cette modification de l’enceinte se signale par une différence nette dans la mise en œuvre des blocs de parement. Une succession d’empochements laisse, en outre, penser qu’il existait un système de hourdage. Cette phase de surélévation a pu survenir entre la fin du xiii^e s. et l’année 1484 puisqu’il est mentionné dans l’inventaire après décès de Louis de la Trémoille que la muraille « par-dessus soubz la plateforme a esté refaicte touten’eufve de quatre ou cinq piez de hauteur […] ».

6Cette première campagne d’étude de bâti a donc révélé l’existence de plusieurs phases de construction au sein d’une construction pouvant être a priori perçue comme homogène. La poursuite de l’étude engagée dans le cadre d’une thèse (dir. C. Treffort et N. Prouteau) permettra d’approfondir la connaissance du site.

Gençay, le vieux château, phasage de la partie est de la courtine.

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DAO C. Armand