1Le programme pluriannuel 2015-2019 a porté sur l’extrémité orientale de l’établissement fortifié de la Couronne.

2Au cours des v^e-vii^e s., la partie orientale du site est constituée de deux ensembles distincts, du moins fonctionnellement.

3L’un d’eux, au cours de la première moitié du v^e s., est dévolu à des activités de production d’objets en métal, abritées par un édifice sur poteaux. Dans la seconde moitié du v^e s., celui-ci est remplacé par un vaste bâtiment en dur (au moins 170 m²) partitionné en deux pièces de grande surface (85 m²). Ces espaces ont livré, entre autres, de nombreux restes d’ossements d’animaux. L’étude archéozoologique indique que la pièce nord aurait été le lieu de préparation de viandes et de poissons, ce qui s’accorde avec les fours et les foyers qui y ont été découverts. Les traces de consommation sont elles aussi abondantes, si bien qu’il est possible d’envisager un secteur de restauration dans la deuxième pièce. En outre, l’étude de ces restes a pu démontrer une volonté de disposer de plats de qualité et la recherche d’un approvisionnement en grandes quantités, soulevant ainsi l’hypothèse d’une consommation collective. Celle-ci est également suggérée par les mobiliers céramiques et en verre, au regard, d’une part, de la quantité d’individus mis au jour, et d’autre part, de la juxtaposition de vaisselles utilitaires, pour la cuisine, et de productions fines vouées au service de table.

4Le second ensemble, en appui contre la portion nord du mur d’enceinte, est constitué de deux espaces d’environ 20 m². Ils sont dotés chacun d’installations de confort, en particulier des structures de chauffage. Au cours du vi^e s., une galerie leur est adossée en façade.

5Au vu de son plan et de sa configuration, il est tentant d’interpréter ce second ensemble comme un édifice résidentiel, sans présager de la fonction exacte de ses deux pièces, qui pourraient correspondre à des petites salles de réception/restauration ou à des chambres, formant en quelque sorte de petits appartements. La seconde hypothèse est d’ailleurs probablement la plus séduisante.

6Ce complexe, bâti à la racine de l’éperon de La Couronne, à l’opposé du secteur de la basilique fouillée entre 2010 et 2015, a donc peut-être abrité des espaces d’accueil au cours des v^e-vi^e s. Cette hypothèse permet d’envisager l’une des fonctions possibles de l’établissement fortifié de hauteur. Au-delà d’une telle proposition, l’étude a précisé la scansion chronologique du site depuis sa fondation dans les années 420-430 ; en passant par un premier abandon intervenu au plus tard au début du vii^e s. ; puis par le retour d’une occupation probablement élitaire, au ix^e s., alors marquée par la construction d’un imposant bâtiment en partie orientale ; et auquel a finalement succédé, peu après l’an Mil, une motte castrale.

Molles, la Couronne, vue aérienne l’extrémité orientale de l’établissement fortifié de La Couronne.

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Cl. A. Chen