1Le château fort de Penne domine la vallée de l’Aveyron au contact de l’Albigeois, du Quercy et du Rouergue. Ce site est documenté dans les chartes à compter du début du xi^e s, toutefois plusieurs opérations archéologiques de suivi de travaux ont mis au jour des niveaux de sols comportant des artefacts de l’époque carolingienne ainsi que quelques éléments de mobilier antique. Jusque vers le milieu du xiii^e s., le château est dans la mouvance des Trencavel puis des Raimondins et il s’inscrit dans un contexte de coseigneurie. La fortification, ensuite prise par Alphonse de Poitiers, comte de Toulouse, est rebâtie et réorganisée dans un « style capétien ». Une chapelle, dédiée à sainte Marguerite, est mentionnée à la fin du xiv^e s.

2L’enceinte castrale ceinture le sommet d’un relief étiré et bordé de falaises. La pointe de l’éperon fortifié comporte une plateforme qui domine l’ensemble du château. C’est sur ce point haut du site que des maçonneries ont été récemment dégagées. Elles matérialisent deux espaces quadrangulaires alignés, l’un au NE et l’autre au SE. Jointifs et reliés par un très large escalier constitué de quelques marches, ces deux espaces ont fait l’objet, en 2016 et 2017, de sondages archéologiques réalisés par Thomas Charpentier. En 2019, il s’agissait donc de poursuivre les investigations afin d’approfondir la connaissance de ce secteur oriental du château. De précédentes études architecturales (Christian Corvisier) et archéologiques (bureau d’études Hadès) avaient déjà permis de proposer des fonctions ecclésiales pour ces deux espaces, l’identification d’une ancienne église (ou chapelle) castrale ayant été retenue.

3Dans l’espace NO, la fouille de 2019 a été limitée à l’étude des couches de destruction du bâtiment et d’un niveau de sol sous-jacent. Il a été possible de dater du bas Moyen Âge les dernières occupations qui ont précédé la démolition, survenue avant la fin du xvii^e s. Le niveau observé sous les décombres est un sol en terre.

4Dans l’espace SE, la disparition des niveaux de destruction, comme celle du ou des derniers niveaux de sol associés à l’église, est à déplorer. Toutefois, l’opération archéologique a permis de mettre en évidence plusieurs phases d’occupations, toutes antérieures au xv^e s. Au-dessus du substrat, constitués d’un lapiaz artificiellement arasé, quelques rares éléments de mobilier antique ont été collectés. Le secteur a, de plus, livré les indices d’une occupation de la fin x^e ou du xi^e s., mais à laquelle il n’a pas été possible de rattacher des maçonneries. Numériquement faible, le lot mobilier exhumé pour cette période pourrait déjà suggérer une fonction ecclésiale. Des maçonneries, arasées et très mal datées (xii^e-xiv^e s.), témoignent ensuite d’un premier bâtiment dont les niveaux d’occupation ont disparu. Sa démolition est liée à la construction du second bâtiment, d’une largeur plus importante et auquel il convient de rattacher l’espace contigu NO. Ce second bâtiment, réunissant donc les deux espaces NO et SE, alors reliés par des marches, coïncide ainsi avec les vestiges dégagés du dernier état de l’église avant sa démolition.

5L’étude archéologique suggère finalement une destruction volontaire et méthodique de l’édifice. Cette démolition, intervenue avant le xvii^e s., visait probablement uniquement l’église, et non le château dans son ensemble. La poursuite de la fouille du secteur NO, ainsi que l’étude du mobilier issu des opérations passées devraient permettre d’affiner davantage la chronologie de ce secteur.

Le château de Penne, vue drone des secteurs sondés. À gauche et au centre de l’image, secteur NO, à droite secteur SE ; entre les deux, l’escalier-perron.

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Cl. F. Guillot