1Le massif du Saint-Mont est idéalement positionné dans le paysage des Vosges méridionales : il domine la vallée de Remiremont, ainsi que d’importants axes de communications. Depuis plusieurs dizaines d’années, le site fait l’objet de campagnes d’opérations programmées. Celles-ci ont mis en lumière différentes occupations. Au vii^e s. le monasterium Habendum est fondé sur le massif et perdure jusqu’à la Révolution. Selon les hagiographies du premier Moyen Âge, il aurait été implanté dans un castrum en ruine dont les traces ne sont perceptibles ni à travers la morphogenèse du monastère, ni dans son développement. Un ensemble de murs imposants et construits en pierre sèche barre de part et d’autre le versant ouest. Mais il est difficile de rattacher ce dispositif d’enceintes multiples, d’une chronologie incertaine, au castrum, au monastère ou à une potentielle occupation antérieure. Afin de préciser l’évolution de ces murs dans le paysage ancien et actuel, plusieurs campagnes de prospections et de sondages sont conduites depuis 2018. Différentes méthodologies sont déployées afin de documenter le mode de construction en pierre sèche, difficilement datable. La première opération de sondages portant sur l’enceinte principale n’a pas apporté de datation. En 2019, un sondage réalisé sur une enceinte située au bas du massif s’est également avéré infructueux. Six autres sondages ont concerné l’enceinte localisée en contrebas d’une aire funéraire, à proximité d’une zone d’habitat de la fin de l’Antiquité, réaménagée au Moyen Âge. Le tracé de cet ouvrage, bordant l’une des plateformes sommitales, semble s’adapter à la topographie naturelle.

2Cette dernière enceinte, qui est la plus lisible dans le paysage, avait déjà fait l’objet, dans les années 70, d’une fouille mal documentée. Les nouvelles fenêtres archéologiques ont permis de mieux caractériser la section NE de l’ouvrage. L’enceinte se compose de plusieurs éléments architecturaux en pierre sèche dont la mise en œuvre et la chronologie ne sont pas homogènes.

3Une première phase archéologique correspondrait à un mur dont subsiste seulement une arase. Au vu de la topographie, ce mur pourrait être synchrone d’un niveau de démolition observé dans un sondage pédologique localisé sur une terrasse qui longe le côté oriental de l’enceinte. Par ailleurs, une potentielle zone d’artisanat du fer a été découverte. Ce type d’aménagement est inédit à l’échelle du site. Les datations obtenues pour cette zone couvrent une période assez large comprise entre le v^e et le ix^e s.

4Une deuxième phase archéologique est caractérisée par des assises en blocs de granit monumentaux, maintenus à l’arrière par un talus de terre qui scelle au moins un niveau d’occupation. Ces assises se composent de deux radiers de blocs posés de champ, dans lesquels un trou de poteau a été découvert. L’ensemble du mobilier ainsi que deux datations C placent la construction au début du Moyen Âge.

5Des tronçons de parements, composés de blocs de plus petites dimensions et disposés en opus incertum, correspondraient à une troisième phase de construction, mais leur datation est pour l’heure incertaine. Le plan de ces parements est peu commun : ils forment au moins deux lobes. Un tel tracé ondulé avait été observé sur d’autres sections d’enceintes. Ces structures sont construites sur des ruptures de pente ; il pourrait donc s’agir d’une mise en œuvre destinée à stabiliser la construction en réponse aux contraintes de la topographie.

6Une quatrième et dernière phase correspond à l’aménagement progressif d’une terrasse à l’époque moderne. Les remblais de terre s’appuient manifestement contre une structure préexistante.

7Ces sondages ont mis en lumière un ensemble de murs, dont certaines sections seraient construites au début du Moyen Âge. Il s’agit d’un témoignage rare de structures en pierre sèche pour cette époque. Concernant leurs fonctions, il sera nécessaire de poursuivre les investigations, bien qu’il semble qu’au moins l’une des phases soit contemporaine des premiers siècles du monastère.

Saint-Amé, le Saint-Mont, plan de fouille de la structure d’enceinte n° 4 du Saint-Mont.

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DAO A. Grzesznik