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Chronique des fouilles médiévales en France en 2019
III. – Constructions et habitats fortifiés
III. 1. – Opérations de terrain

Saint-Sornin (Charente-Maritime). Tour de Broue

Responsables d'opération : Éric Normand et Alain Champagne
p. 320-321

Notes de la rédaction

Organisme porteur de la fouille : CESCM

Texte intégral

1Après plusieurs campagnes de sondages afin d’évaluer le potentiel archéologique du site, d’estimer la densité et la durée de l’occupation, et de comprendre son organisation, l’année 2019 a vu l’ouverture d’une grande fenêtre (plus de 1 000 m2), située dans l’angle SO de l’extrémité du promontoire qui accueille une basse et une haute cour. Ce périmètre concerne une série de grands bâtiments (bâtiments 4, 5 et 7) considérés comme élitaires.

2Le décapage de 2019, initiant une campagne de fouille triennale, a mis en évidence l’intégralité de deux de ces bâtiments (bâtiments 4 et 7) et une partie du troisième. Cet ensemble bâti encadre une grande cour intérieure, installée en bordure de la rupture de pente de la plateforme et qui paraît constituer un espace distinct du reste de l’extrémité du promontoire.

3Le premier bâtiment (bât. 4), orienté NO-SE, mesure 25 m de long sur 10 m de large. Il s’agit de la chapelle castrale, mentionnée dans les textes au moment où elle est confiée, au xiiie s., au prieuré casadéen de Sainte-Gemme. Ce bâtiment est constitué de deux parties. La nef unique était dotée d’une entrée encadrée par deux contreforts en façade qui avaient un rôle plus décoratif que structurel. En effet, les vestiges des murs gouttereaux ne présentent pas de contreforts, ce qui paraît écarter l’hypothèse d’une voûte pour cette partie de l’édifice. En revanche, le chœur possédait un cul-de-four. Cette deuxième partie du bâtiment, moins large que la nef, se termine par une abside qu’épaulent deux contreforts. Les maçonneries, particulièrement bien conservées, sont par endroits préservées sur plus d’un mètre d’élévation.

4Le deuxième bâtiment (bât. 7), construit à la perpendiculaire du premier, était connu grâce à la présence d’un mur d’une hauteur de plusieurs mètres. Cette élévation est suffisante pour envisager une construction à étage surmontant un rez-de-chaussée voûté. Des sondages avaient, en outre, montré que le bâtiment était partiellement enterré en raison d’une déclivité conséquente de cette partie du promontoire. Il avait été même envisagé de lui attribuer une fonction de bâtiment-porte. En réalité, cette bâtisse, d’une longueur de 16,50 m sur une largeur d’un peu moins de 11 m, doit plutôt correspondre au logis seigneurial dont le rez-de-chaussée a pu servir d’espace de stockage et l’étage être utilisé comme un lieu de résidence. Le bâtiment présente deux entrées. Une porte assez large (environ 3 m) donnant sur le pignon, et l’autre, plus étroite, qui permettait d’accéder, sur le côté nord, à la cour. Cette dernière entrée est encadrée par deux montants qui supportent le seuil d’un escalier droit extérieur conduisant à l’étage. Le premier état de la construction est daté du xie s. par le radiocarbone.

5L’édifice subit une forte restructuration à la suite d’un incendie qui touche également la chapelle voisine. Après l’effondrement de la voûte, le rez-de-chaussée est divisé en trois cellules dont l’organisation est rythmée par des files de poteaux puis, dans un deuxième temps, par des cloisons. L’ensemble permet de soutenir un plancher d’étage en remplacement de la voûte effondrée. La grande porte du mur-pignon est, en même temps, obturée par la création des cloisons dont l’une occupe l’axe longitudinal du bâtiment. La porte latérale est partitionnée en deux ouvertures afin de desservir une cellule chacune, tandis que la troisième nécessite le percement d’une nouvelle porte dans le mur gouttereau méridional. Cette restructuration importante intervient au cours du xiiie s. et s’accompagne de la création d’un nouvel espace habité. En effet, une nouvelle pièce est créée dans le prolongement du bâtiment 7, en jonction avec le chevet de la chapelle voisine. Ce bâtiment (bât. 11), d’une surface de 60 m2, n’a été que partiellement fouillé cette année ; il fera l’objet d’une étude complète lors de la prochaine campagne. Toutefois, il est d’ores et déjà possible d’envisager sa fonction pour les phases les plus tardives de son occupation, du xive s. jusqu’au début du xve s. Accolé au chevet de l’église, un très grand foyer de plus de 8 m2 et composé de tuiles posées de chant liées à l’argile, pourrait faire penser à des cuisines. La mise au jour de niveaux particulièrement épais de cendres contenant de nombreux restes alimentaires, tendrait à confirmer cette hypothèse. Dans la perspective d’étude d’un espace culinaire, de nombreux prélèvements, en vue d’analyses archéozoologiques, anthracologiques et carpologiques, ont été réalisés ; ils aideront à comprendre le régime alimentaire des occupants des lieux.

Saint-Sornin, tour de Broue, vue générale du secteur 2.

Saint-Sornin, tour de Broue, vue générale du secteur 2.

Cl. Ph. César

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Table des illustrations

Titre Saint-Sornin, tour de Broue, vue générale du secteur 2.
Crédits Cl. Ph. César
URL http://journals.openedition.org/archeomed/docannexe/image/34958/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 416k
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Pour citer cet article

Référence papier

Éric Normand et Alain Champagne, « Saint-Sornin (Charente-Maritime). Tour de Broue »Archéologie médiévale, 50 | 2020, 320-321.

Référence électronique

Éric Normand, Alain Champagne, « Saint-Sornin (Charente-Maritime). Tour de Broue » [notice archéologique], Archéologie médiévale [En ligne], 50 | 2020, mis en ligne le 15 février 2021, consulté le 19 mars 2024. URL : http://journals.openedition.org/archeomed/34958 ; DOI : https://doi.org/10.4000/archeomed.34958

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Auteurs

Éric Normand

ministère de la Culture

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université de Pau

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Opération(s) dirigée(s) par cet archéologue

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Droits d’auteur

CC-BY-NC-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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