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AccueilNuméros50Chronique des fouilles médiévales...III. – Constructions et habitats ...III. 1. – Opérations de terrainSalives (Côte-d’Or). Le Château

Chronique des fouilles médiévales en France en 2019
III. – Constructions et habitats fortifiés
III. 1. – Opérations de terrain

Salives (Côte-d’Or). Le Château

Responsable d’opération : Thomas Vergine
p. 323

Notes de la rédaction

Organisme porteur de la fouille : Association Archéologique de Bourgogne – AssAB

Texte intégral

1L’étude de l’agglomération de Salives, en cours depuis 2018, a permis de réviser et de compléter très largement les données archéologiques à disposition sur ce site. Les prospections pédestres, conduites en 2018, ont renouvelé la connaissance du peuplement du territoire de Salives antérieurement à l’an Mil, soulignant notamment l’existence de deux pôles d’habitat (l’un à Montarmet et l’autre à Salives) dès la fin de l’Antiquité, en marge d’un itinéraire de long parcours. Une relecture attentive des données textuelles, associées aux informations archéologiques anciennes et nouvelles, permet de localiser et d’apprécier le développement du pôle d’habitat principal dès le Haut-Empire, à Salives, sur un escarpement rocheux dominant la source de la Tille.

2Le sondage, réalisé en 2019 dans l’enceinte du château, a révélé la présence d’une résidence élitaire du xe s. succédant à l’occupation précédemment reconnue. Seule une portion restreinte de cette résidence a pu être observée : les vestiges en élévation mis au jour de ce bâtiment se limite à un mur de bonne facture qui a conservé ses élévations sur 1,80 m au maximum, d’une largeur régulière d’1,13 m, dégagé sur une longueur de 4 m. Il est maçonné en moellons calcaires de petit appareil, liés par un mortier ocre pâle composé de chaux et de sables grossiers. L’observation des parements témoigne d’une mise en œuvre relativement soignée, dont la particularité réside dans l’utilisation de chaînages horizontaux. L’incendie puis l’enfouissement qui a suivi directement la destruction de l’édifice autour de l’an Mil ont préservé des niveaux et un mobilier particulièrement intéressants. L’ensemble du mobilier mis au jour dans ce niveau d’occupation incendié suggère de le caractériser comme un niveau résidentiel (récipients culinaires, restes fauniques liés à la consommation carnée, accessoires de vêtement). La céramique relativement soignée, la présence de restes fauniques choisis et peu communs (jeune veau, oie, porc de lait, etc.) et la découverte d’une épée indiquent, en toute logique, un habitat de type élitaire, apparemment une possession du comte d’Auxois. À partir de photographies aériennes et d’observations in situ, il est possible de restituer l’ampleur de l’édifice, qui adopte la forme d’un quadrilatère d’environ 9 m de largeur pour une longueur d’au moins 11 m. Ces observations seront affinées prochainement par la réalisation d’une prospection géophysique, mais elles permettent dans un premier temps de rapprocher le site de Salives d’autres exemples documentés, comme la résidence élitaire de Brancion (Saône-et-Loire) ou celle du château de Mayenne.

3Au début du xie s., à la suite de cet incendie, l’ancienne résidence a été arasée et un puissant donjon, intégré dans une enceinte approximativement rectangulaire, a été bâti directement à côté, ce qui souligne l’importance stratégique du site. Dans son état initial, la tour maîtresse du château de Salives (usuellement dénommée « donjon ») est un édifice implanté dans la partie NO de l’enceinte du château, isolé des autres constructions, disposant d’un plan rectangulaire, orienté SO-NE. La tour mesure 22,80 m de longueur sur 10,40 m de largeur hors œuvre, pour une hauteur d’au moins 19 m. Les murs présentent une épaisseur de 2,80 m en partie basse jusqu’à environ 12,50 m du niveau de sol actuel où la maçonnerie, du côté interne, forme un ressaut de 0,80 m utilisé pour l’aménagement d’un plancher. Les parements sur l’ensemble de l’élévation présentent une certaine homogénéité d’ensemble, qui témoigne d’une construction uniforme, d’un seul tenant, mais ils disposent de nombreuses variantes de détail. Les différentes observations sur le bâti indiquent clairement que les maçons ont multiplié les moyens pour construire rapidement une tour solide et stable, apte à résister à diverses attaques : maçonneries très épaisses, souplesse et cohésion du mortier, chaînes d’angle en grand appareil, assises régulières en petit appareil ponctuellement corrigées par divers moyens, multiples chaînages horizontaux en blocs de moyen appareil sur les parements et chaînages internes longitudinaux en bois, possiblement couplés à des traverses en bois perpendiculaires. Ces éléments soulignent la vocation éminemment militaire et défensive de la tour. Toutefois, en partie haute, l’ensemble des ouvertures témoigne à l’inverse d’un aspect plus résidentiel par la présence de quatre fenêtres, d’une porte d’accès et d’un réduit de latrines aménagé dans l’épaisseur des murs.

Relevé du parement externe NO de la tour maîtresse du château de Salives.

Relevé du parement externe NO de la tour maîtresse du château de Salives.

Relevé A. Grzesznik ; DAO T. Vergine

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Table des illustrations

Titre Relevé du parement externe NO de la tour maîtresse du château de Salives.
Crédits Relevé A. Grzesznik ; DAO T. Vergine
URL http://journals.openedition.org/archeomed/docannexe/image/34973/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 668k
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Pour citer cet article

Référence papier

Thomas Vergine, « Salives (Côte-d’Or). Le Château »Archéologie médiévale, 50 | 2020, 323.

Référence électronique

Thomas Vergine, « Salives (Côte-d’Or). Le Château » [notice archéologique], Archéologie médiévale [En ligne], 50 | 2020, mis en ligne le 15 février 2021, consulté le 16 mai 2025. URL : http://journals.openedition.org/archeomed/34973 ; DOI : https://doi.org/10.4000/archeomed.34973

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Responsable d’opération

Thomas Vergine

Craham – UMR 6273

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Droits d’auteur

CC-BY-NC-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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