1Dans le cadre des travaux de restauration des couvertures du vaisseau central de la cathédrale Saint-Sauveur, un diagnostic archéologique a été prescrit sur les toitures du bas-côté sud (ancienne nef romane Saint-Maximin). L’intervention a consisté en la réalisation de deux sondages manuels de moins d’1,20 m de côté aux emplacements des descentes de charges de l’échafaudage, afin de vérifier la stabilité des appuis et la présence d’éventuels états de couvertures antérieurs aux dispositifs de toiture actuels.

2Les sondages ont été implantés au contact du mur gouttereau sud gothique de la nef Sainte-Marie, sur les deux travées orientales du bas-côté sud, soit à l’aplomb de la coupole de l’ancienne nef romane Saint-Maximin élevée entre 1166 et 1175 (travée 4) et de la voûte en berceau brisé de son chevet quadrangulaire (travée 5).

3Les contraintes structurelles et mesures conservatoires imposées par la Conservation régionale des Monuments historiques ont limité le développement en profondeur des deux sondages qui n’ont livré qu’un seul état d’aménagement de couverture sous les toitures dallées contemporaines : un dallage de calcaire coquillier de type pierre de Bibémus au niveau de la travée est et une simple forme de pavement ou chape sur la coupole de la quatrième travée. En l’absence de mobilier, ces dispositifs, qui scellent tous les remblais sous-jacents chargeant les reins de la voûte et de la coupole, n’ont pu être datés, mais dans les deux cas, leur position et leur inclinaison d’environ 10 % vers le sud semblent tenir compte de la ligne de mâchicoulis sur arcs tendus entre les contreforts de la nef romane Saint-Maximin, attribués à la fin du xii^e s. Une datation haute n’est donc pas exclue pour ces aménagements qui peuvent également résulter de reprises beaucoup plus tardives des couvertures respectant les niveaux et profils de toiture originels.

4Les couvertures actuelles de la nef sud sont le résultat d’une campagne de travaux contemporaine datée par un rapport de l’architecte diocésain sur les dépenses prévues en 1859. Le document évoque la construction du lanternon de la coupole de la travée 4 et celle des parapets à l’aplomb des mâchicoulis. Il semble alors que les dallages soient déjà en place et que les travaux envisagés pour l’année 1859 ne soient que l’aboutissement d’un chantier engagé un peu plus tôt. Sur chacune des deux travées explorées, les couvertures de toit sont composées des mêmes grandes dalles de grès rainurées agencées joint sur joint avec un recouvrement de 10 cm. Ces revêtements sont montés sur des plots maçonnés qui rehaussent de plusieurs dizaines de centimètres les toitures préexistantes, réservant un vide sous la couverture. Adapté à la toiture à quatre pans de la coupole, le dispositif permettait de donner aux versants des toits l’inclinaison voulue tout en limitant le poids des remblais. Complété par des chéneaux de pierre qui reçoivent les dallages aux retombées des toits, il réservait surtout un espace sanitaire de ventilation des toitures pour l’assainissement et l’absorption des eaux pluviales d’infiltration.

5À une période très récente, le dallage de couverture de la travée 5 a été ponctuellement repris au contact de la fenêtre haute gothique. Cette reprise est consécutive à la création, dans l’embrasure de la fenêtre, d’une paroi de briques talutée afin de créer un jour-de-terre dans l’épaisseur de la voûte sous-jacente. De facture beaucoup moins soignée, les trois ou peut-être quatre plots montés contre cette cloison pour recevoir les nouvelles dalles, ne sont que des empilements grossiers de matériaux de récupération liés au ciment prompt. La restitution de la couverture de pierre autour de la fenêtre, si elle a respecté la forme, les dimensions et l’agencement du dallage antérieur, a ici été faite avec du calcaire coquillier (et non du grès) et scellée au ciment prompt. Cet aménagement fermé par un vitrage en plexiglas apparaît déjà sur un cliché aérien de l’Institut géographique national de 1978.

Aix-en-Provence. Cathédrale Saint-Sauveur, vue prise depuis le sud de la partie haute du mur gouttereau sud de la nef gothique et des aménagements de couverture de la cinquième travée du bas-côté sud, à l’aplomb de l’ancien chevet quadrangulaire de la nef Saint-Maximin.

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Cl. S. Claude