1Un diagnostic de bâti a été effectué sur l’église Notre-Dame de Châtel-Montagne par deux agents du Service d’Archéologie Préventive du Département de l’Allier. Le contexte était celui d’un chantier de réfection affectant une large part de l’édifice. À l’extérieur, il s’agissait de la reprise des joints rubanés dégradés du porche occidental, que le Dictionnaire raisonné d’E. Viollet-le-Duc invitait à lire comme une réalisation des xi^e-xii^e s. À l’intérieur, les voûtes du déambulatoire devaient être décroûtées, afin de vérifier les dégradations des infiltrations visibles. L’occasion était ainsi de vérifier la chronologie des chantiers romans jusqu’alors définie par l’histoire de l’art pour les xii^e-xiii^e s. L’analyse extérieure s’est appuyée sur l’interprétation de restitutions photogrammétriques et sur le test des joints accessibles depuis les échafaudages en place. La lecture intérieure a nécessité la réalisation de trois sondages à des points d’articulations de la construction, et s’est appuyée sur une étude archéologique du bâti (prélèvements et relevés techniques) (fig. 1).

2Le diagnostic confirme la construction composite du lieu. La travée droite de chœur apparaît construite antérieurement au déambulatoire et au reste du chœur : l’un des arcs doubleaux du déambulatoire vient s’adosser à l’intrados de la voûte de la travée droite. Les prélèvements et les relevés prouvent aussi l’homogénéité du déambulatoire : sur la base de charbons intégrés aux mortiers et datés par C, ses voûtes sont à placer dans l’intervalle 1116-1154.

3La lecture extérieure du bâti révèle plusieurs phases de chantier en face nord de la nef : une maçonnerie ancienne concerne la partie basse des trois premières travées (UC 3.1), et une autre, plus régulière, est reconnaissable dans les parties hautes et la quatrième travée (UC 3.2) ; on retrouve également les marques d’insertion tardive de la tour d’escalier nord (UC 3.3), postérieure à la nef et au chœur (xix^e s.). L’analyse des élévations a souligné l’unité du bâti du porche occidental : sa relation chronologique avec le déambulatoire n’est pas fixée, mais une césure verticale en façade nord semble prouver la postériorité du porche (UC 3.4) par rapport à la nef.

4En parallèle, on peut suivre l’évolution de quelques décors. La profusion d’enduits en partie nord du déambulatoire résulte visiblement de la reprise de la chapelle Saint-Nicolas (entre 1835 et 1876). Doté à l’origine d’un profil plus doux que l’actuel, le berceau du déambulatoire a reçu en surface un décor peint polychrome à registre végétal (xix^e s. ?) ; un nouveau couvrement réalisé au moyen d’enduits épais (xx^e s. ?) lui a donné un profil plus aigu. Par ailleurs, on a pu prouver que les joints rubanés sont massivement des faux joints très tardifs : les premiers de ce type (en chaux aérienne) ornent les parties intérieures, tandis que la reprise de la façade ouest recourt au ciment. Sur la façade du porche, le mortier originel (médiéval ?) a été retrouvé par-dessous à plusieurs endroits et montre partout un profil non saillant, voire beurré autour des baies romanes.

Châtel-Montagne, église Notre-Dame, plan général des actes archéologiques du diagnostic, reportés sur la base du plan phasé établi par J.-P. Ravaud pour le Congrès archéologique de la France de 1988 (146^e session, Bourbonnais) ; à droite, en comparaison, le plan phasé proposé par M. Aubert pour le congrès archéologique de 1938 (CI^e session, Allier).

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SAPDA / DAO : F. Chaléat

Châtel-Montagne, restitution photogrammétrique de la façade nord de l’église Notre-Dame (mur 3, partie basse), avec l’indication des césures lues et des unités de construction.

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SAPDA / photogrammétrie : E. Yeny / DAO : F. Chaléat