1La campagne 2019 a consisté en deux semaines de fouille. Rappelons en liminaire que l’abbaye a bénéficié de dix campagnes de fouille et de relevés entre 2003 et 2014 d’une moyenne de 15 jours par an. Les opérations sur le site ont repris depuis 2016. La poursuite des investigations archéologiques s’impose d’année en année devant l’augmentation de la taille des bâtiments du quartier de l’hôtellerie monastique et de leurs dépendances.

2Plusieurs raisons motivent la poursuite des investigations archéologiques. Tout d’abord, Morimond est un site important de l’histoire de l’ordre cistercien. Le rôle clé de son abbé dans la gestion de l’ordre au Moyen Âge et à l’époque moderne amène à réévaluer l’importance des hôtelleries monastiques. Sur le terrain, la limite SO de l’hôtellerie n’est qu’imparfaitement restituée par la fouille et les prospections géophysiques des années précédentes. De même, l’organisation interne entre les différents bâtiments du complexe nécessite des éclaircissements. Enfin, il était important de vérifier la poursuite de l’étagement du site. De nouvelles structures avaient été mises au jour en 2017 et 2018 et il convenait de mieux les intégrer à l’ensemble déjà fouillé.

3La fouille de 2019 avait trois objectifs (fig.). Tout d’abord, il s’agissait de finaliser la fouille du bâtiment E. Dans un second temps, nos investigations ont porté sur le bâtiment D, dont il s’agissait de délimiter clairement les salles pour prévoir la fin de sa fouille en 2020. Dans un troisième temps nous avions décidé de travailler sur quelques structures des bâtiments G et F pour préciser l’importance de ces ensembles.

4La fouille a permis d’étendre assez nettement l’emprise de la zone ouverte permettant une meilleure connaissance de l’ensemble des bâtiments et autres structures. La campagne 2019 a permis de bien délimiter le bâtiment E dont le plan complet est désormais connu. Le drain qui le traverse se poursuit au sud en direction du talus.

5Le plan du bâtiment D est lui aussi maintenant bien connu. Les niveaux de l’époque moderne ont été fouillés sous l’humus et le plan de la dernière phase d’activité est à présent bien lisible. À l’époque moderne, la galerie de circulation située à l’est du bâtiment D a été fractionnée en trois petites pièces dont les murs de refend ont été mis au jour. Cet ensemble fonctionne jusqu’à la fin du xvii^e s., comme en témoignent les deux liards de France identifiés dans la stratigraphie. Les niveaux médiévaux n’ont pas été encore fouillés.

6Dans la salle 2 du bâtiment D, un sol en tuiles plates et creuses posées de champ a été mis au jour. Il est de même facture que celui dégagé l’année précédente dans la salle 1 du même bâtiment, bien que dans ces deux salles il ne soit que partiellement conservé. Le long du mur pignon sud, un escalier de cinq marches permet d’atteindre un niveau supérieur, confirmant ainsi la configuration du site en terrasses successives. En amont du mur pignon sud, pour le protéger, un égout drainant a été installé dès l’origine de la construction du bâtiment. De plus, dans ce bâtiment, une adduction d’eau potable datable du xvii^e s. a été observée. Cette conduite alimentait la salle 4. Seuls étaient conservés le calage en pierre et les frettes métalliques.

7Le mobilier mis au jour est, comme les années précédentes, très fragmentaire. Il s’échelonne entre le xiii^e et le xvii^e s. Les éléments les plus significatifs sont, le long des murs des bâtiments F et G un fragment de gobelet à côtes du xiv^e s., un fragment de pichet qui livre pour la première fois un profil pour une cruche ou un pichet du xiii^e-xv^e s.

8La découverte la plus significative est un élément de tabletterie. Il s’agit d’un stylet en os de 8 cm de long, vraisemblablement réalisé dans un atelier de l’abbaye. L’artisan a délimité la pointe par une gorge. Ce stylet était vraisemblablement utilisé à l’entrée de l’abbaye pour graver des tablettes de cire telles des registres de comptabilité.

9La fouille a aussi livré de nouvelles structures se poursuivant à l’est. Elles appartiennent à une nouvelle série de bâtiments, signe qui incite à poursuivre les investigations sur l’enclos de l’abbaye de Morimond.

Plan général de la fouille de l’hôtellerie de l’abbaye de Morimond, état 2019.

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DAO B. Rouzeau