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Chronique des fouilles médiévales en France en 2019
II. – Constructions et habitats ecclésiastiques
II. 1. – Opérations de terrain

Royan (Charente-Maritime). Église Saint-Pierre

Responsable d’opération : Karine Robin
p. 275-276

Notes de la rédaction

Organisme porteur de la fouille : Département de la Charente-Maritime

Texte intégral

1Le diagnostic réalisé en préalable au projet d’aménagement des abords de l’église Saint-Pierre de Royan constitue la première véritable opération archéologique récente menée au cœur du centre urbain. Il a permis d’acquérir des données inédites sur des occupations antérieures à l’église et sur les premières phases d’occupation de ce prieuré. Ainsi, cinq phases ont pu être distinguées.

2Les indices d’une fréquentation antique (phase 1) se caractérisent par trois structures et des niveaux associés. Un premier cimetière altomédiéval aux viiie (?)-xe s. (phase 2) est présent au NO et NE de l’église actuelle. Identifié sur une surface de 810 m², il s’agit de 8 sarcophages trapézoïdaux en calcaire local et de 4 sépultures peut-être en coffre périssable. Ce type de sarcophages trapézoïdaux en calcaire des Charentes est assez récurrent sur les sites charentais-maritimes où leur présence est attestée à partir des viie-viiie jusqu’au xe s. Deux datations radiocarbones indiquent le xe s. Ce premier cimetière est inédit pour Royan et confirme une occupation antérieure à la construction de l’église. Une maçonnerie, isolée au NO, constitue la seule preuve d’une construction antérieure à l’église actuelle sans pour autant affirmer qu’il s’agisse du premier sanctuaire chrétien. Seule certitude, l’orientation de cette maçonnerie semble ordonner à la fois l’implantation des sarcophages qui la jouxtent à l’ouest (strict parallélisme) puis la fondation postérieure de la nef de l’église. Cette dernière viendra d’ailleurs prendre appui contre le parement oriental de ce mur.

3La phase 3, entre le xie-xiie et le premier tiers du xixe s., voit la construction de l’église, des bâtiments conventuels mitoyens au nord et la mise en place du cimetière paroissial médiéval. En particulier, au cours de la séquence 3-1, xie-xvie s., l’église et les bâtiments conventuels mitoyens au nord furent construits.

4C’est au NE de l’église que la présence de bâtiments assez bien conservés a été confirmée. Le bâtiment 1, pourrait correspondre à l’aile sud d’un ensemble conventuel se développant au NE de la nef. Parfaitement perpendiculaire à l’église, il s’y raccorderait au niveau du mur de transept NE, dans le prolongement de son contrefort NE. La longueur de cette aile n’est pas connue, mais elle peut être comprise entre 20 et 26 m pour une largeur de 7,60 m. Deux états ont pu être distingués. Le premier correspond à deux voire trois salles en enfilade, étagées (avec un pendage de l’ouest vers l’est), avec des sols de terre battue ou de chaux. Un mur de cloisonnement et le rehaussement des niveaux de sols constituent le second état à l’extrémité ouest du sondage. L’organisation de cet ensemble bâti est plus difficile à restituer. Il se développe contre le mur gouttereau NE de la nef, mais les données ne permettent pas de préciser s’il se raccordait au bras du transept nord.

5Ces maçonneries attestent donc la présence de bâtiments conventuels qui n’étaient jusqu’alors suggérés que par un témoignage de 1777. Malgré les multiples maçonneries mises au jour, il demeure toutefois illusoire de préciser l’agencement de ces bâtiments et leur fonction.

6Le bâtiment 1 fait l’objet d’un incendie dont les niveaux de bois calcinés et de toiture effondrée sont parfaitement bien conservés. Les datations 14C réalisées sur des charbons issus de la couche d’incendie permettent de confirmer que les bois alors mis en œuvre ne pouvaient pas être antérieurs à la première moitié du xve s. Les éléments acquis lors du diagnostic confirment la présence de ces bâtiments dans la deuxième moitié du xve s., sans que l’on sache s’ils étaient à l’origine contemporains des éléments architecturaux les plus anciens de l’église (xie-xiie). En ce qui concerne cette dernière, les deux fondations mises au jour appartiennent aux murs gouttereaux de la nef. Parfaitement alignés avec les murs aujourd’hui en élévation, ils permettent de restituer une longueur de nef d’au moins 17,40 m. Le diagnostic ne livre aucune donnée permettant de restituer la largeur des travées et leur nombre. Au vu du plan de l’église, il est toutefois vraisemblable que la nef se poursuive au niveau de la rue actuelle.

7La construction de ces bâtiments entraîne le déplacement des inhumations au nord et à l’ouest de l’édifice sur une surface minimale de 730 m². Une douzaine de coffres anthropomorphes en pierres d’appareil et de cercueils ou coffres de bois sont contemporains des premiers siècles de l’église.

8Au cours de la séquence 3-2, xviie-première moitié xixe s., les constructions au nord de l’église furent détruites et le cimetière paroissial moderne fut mis en place. Après l’incendie, le bâtiment 1 fit l’objet d’un remblaiement qui scelle définitivement les niveaux de sols et de circulation. L’église subit d’importantes perturbations, notamment la destruction de la nef, qui se matérialise dans les sondages par l’arasement des deux murs gouttereaux de la nef. Aucun élément de datation ne permet de s’assurer du moment de la destruction de la nef de l’église. Toutefois, la chronologie relative confirme la disparition des bâtiments NE dans le courant du xvie s. Ceci corroborerait donc la mention de la destruction de la nef de l’église par un incendie lors des guerres de Religion (1562-1598).

9Malgré ces destructions importantes, le cimetière paroissial est maintenu à l’ouest et au nord de l’église. La dizaine de sépultures attribuées à cette phase est principalement représentée par des fosses qui accueillent des contenants en bois (coffre ou cercueils). Suite à la destruction de la nef, le cimetière s’éteint sur son emplacement. Ce cimetière est donc contemporain de l’ensemble funéraire qui a été mis au jour rue de la Providence à 200 m au sud de l’emprise. Une quarantaine de tombes orientées SE-NO ont été mises au jour. Le cimetière est estimé à 1 700 m² pour environ 600 sépultures. Malgré l’absence de sources écrite ou cartographique et de mobilier de datation, les auteurs proposent qu’il puisse s’agir d’une population protestante inhumée entre le xvie et le xviiie s. Ce cimetière n’apparaît pas sur le plan cadastral de 1838, signe que son souvenir était alors déjà effacé.

10Le démantèlement du cimetière paroissial eut lieu dans la première moitié du xixe (phase 4). Le cimetière est en effet désaffecté à partir de 1850. Le démantèlement se traduit par un décaissement inégalement visible d’un sondage à l’autre, sur une profondeur de 50 à 60 cm. Les remblais fournissent du mobilier d’architecture funéraire (stèles, pierres tombales, socles de croix…) relatif à la dernière phase d’utilisation du cimetière, soit la première moitié du xixe s. L’espace sera alors transformé en place du village.

11La phase 5 correspond au bombardement de la seconde guerre mondiale, aux travaux de rénovation de l’église et aux aménagements de ses abords après celle-ci. L’église subira en effet un dernier assaut particulièrement destructeur à la fin de la seconde guerre mondiale. C’est dans la nuit du 4 au 5 janvier 1945 que la ville est bombardée par les alliés, ce qui va occasionner sa quasi-destruction. L’église Saint-Pierre ne sera pas épargnée avec une toiture entièrement détruite et des pans de murs éventrés. L’édifice demeure malgré tout partiellement bien conservé. Il fut alors reconstruit dans les décennies suivantes.

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Pour citer cet article

Référence papier

Karine Robin, « Royan (Charente-Maritime). Église Saint-Pierre »Archéologie médiévale, 50 | 2020, 275-276.

Référence électronique

Karine Robin, « Royan (Charente-Maritime). Église Saint-Pierre » [notice archéologique], Archéologie médiévale [En ligne], 50 | 2020, mis en ligne le 15 février 2021, consulté le 19 mars 2024. URL : http://journals.openedition.org/archeomed/35628 ; DOI : https://doi.org/10.4000/archeomed.35628

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Auteur

Karine Robin

Sevice d’archélogie départementale de la Charente-Maritime

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Responsable d’opération

Karine Robin

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CC-BY-NC-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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