1Le site dit l’Abbaye Saint-Jean-L’Évangéliste de Trizay est un prieuré casadéen saintongeais idéalement situé aux abords de l’Arnoult durant le Moyen Âge central. Il est réputé pour son énigmatique église de plan centré, partiellement ruinée. Le complexe monastique conserve néanmoins encore deux ailes de l’ensemble claustral, qui, malgré des remaniements postérieurs, gardent leurs volumes et proportions primitifs (fig. 1). Les vestiges monumentaux encore conservés de cet établissement monastique contrastent avec la disparité des sources historiques témoignant de la vie du site. Quelques études et séries de sondages ont déjà été réalisées à Trizay, notamment dans les années 1990 et au début du xxi^e s. lors du rachat et de la restauration du prieuré par la commune.

2Plusieurs enjeux entourent l’étude de ce site, notamment au sujet de cette église de plan centré, particulièrement atypique pour la région, dont les commanditaires et la date de construction restent un point énigmatique. Les principaux objectifs sont d’aborder la construction du monastère au Moyen Âge central et les liens entre l’église et les ailes monastiques, et de mieux cerner l’ampleur des transformations et des réaménagements de la fin du Moyen Âge et de l’époque moderne.

3Différentes missions ont été menées depuis fin 2019. Des prospections électriques ont permis d’écarter l’existence de bâtiments médiévaux dans la stricte continuité des ailes monastiques encore conservées. En revanche, les résultats suggèrent deux massifs de maçonnerie distincts au centre de l’église, posant la question de la construction de cette dernière et d’un éventuel repentir (fig. 1). Les peintures murales conservées sur le site ont fait l’objet d’un examen approfondi. Différents outils et techniques d’observation ont permis leur étude de manière non destructive. L’examen sous ultraviolet et en infrarouge, facile à mettre en œuvre, a mis au jour des inscriptions, épures et tracés préparatoires et a permis de visualiser des restaurations et reprises à la fois pour les peintures, mais également dans le bâti. Pour l’identification des pigments, une caméra hyperspectrale a été employée (fig. 2). L’étude des peintures murales du dortoir et du réfectoire a permis de proposer une chronologie relative des réaménagements du monastère depuis la fin du xv^e s. jusqu’au début du xvii^e s.

4Un travail de relevé du plan du site et des élévations a pu être effectué en collaboration avec le service drone de la DRAC Nouvelle-Aquitaine et Éveha. Le modèle 3D et les orthophotographies réalisées permettront de mener l’étude du bâti dans le courant de l’année 2020. Une étude fine des matériaux de construction, des pierres utilisées, de leurs modules pourra ainsi être effectuée afin de détailler et d’appréhender le(s) chantier(s) de construction de l’église prieurale et des bâtiments conventuels.

5Caractériser les liens entre l’espace claustral et l’église est important pour répondre à la question des origines du prieuré. Un important travail historique est également mené sur le prieuré de Trizay, mais aussi sur l’ensemble des possessions casadéennes en Saintonge. L’objectif est de mieux appréhender la place et la situation du monastère de Trizay au sein du réseau monastique saintongeais de la Chaise-Dieu. Les travaux ont débuté fin 2019 et se poursuivront pour une seconde année en 2020, au terme de laquelle une synthèse des recherches sera produite.

Trizay, l’abbaye, résultat des prospections géophysiques à 1 et 2 m.

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Trizay, l’abbaye, caméra hyperspectrale en cours d’acquisition, dispositif expérimental mis en place face aux peintures murales du dortoir.

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