Vendôme (Loir-et-Cher). Abbaye de La Trinité, 2 quartier Rochambeau
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Année de l'opération :
2019Sujets :
abbaye, bâtiment conventuel, réfectoire, cuisine (pièce), pavement, caserne, puits, faune, foyer, vaisselle de terre cuite, alimentationNotes de la rédaction
Organisme porteur de la fouille : Inrap
Texte intégral
1L’intervention archéologique réalisée par l’Inrap entre mars et juillet 2019 sur l’abbaye de La Trinité de Vendôme est liée au rachat par le groupe Louis Vuitton d’une partie des bâtiments de cet ancien établissement monastique afin d’y réaliser un centre de traitement des cuirs rares et précieux. Le projet envisageait de transformer le bâtiment Régence actuel (construction de 1732) avec des travaux de nature à endommager les vestiges sous-jacents de l’ancien réfectoire et de l’ancienne cuisine circulaire érigés vers les xie-xiie s. L’intervention comprenait deux recherches distinctes, l’une portant sur une petite fouille stratigraphique à l’emplacement présumé de la cuisine monastique et la seconde s’intéressant au bâti du mur nord d’une partie du réfectoire.
2Les sources textuelles évoquent une construction de l’abbaye dans la seconde moitié du xie s. avec la mise en place d’une cuisine circulaire d’environ 16 m de diamètre dans le courant du xiie s. Celle-ci et le réfectoire seront détruits en 1732 lors de la reconstruction de l’aile sud du carré claustral pour l’édification du bâtiment Régence encore en place actuellement. À la Révolution, les religieux furent chassés et l’église abbatiale devint paroissiale. En 1802, les bâtiments sont attribués au ministère de la Guerre et le 20e régiment de Chasseurs à cheval, qui s’illustrera durant les campagnes napoléoniennes, s’installera dans les lieux.
3La fouille stratigraphique a été menée sur 16 m² au niveau du quart NO de la cuisine circulaire en raison de l’implantation d’une machinerie de monte-charge dans le projet de transformation du bâtiment. L’intervention a révélé une stratigraphie importante avec un sol naturel à 3 m de profondeur par rapport au sol actuel.
4Les premières traces d’occupation ont été identifiées vers les xie-xiie s. avec la présence d’une importante maçonnerie orientée E-O bordée par des niveaux d’occupations. L’interprétation de cette construction est impossible au regard de la faiblesse des surfaces d’observation en fond de fouille (3 m²). Il pourrait s’agir d’un premier état de la construction monastique. Quelques résidus de faune pourraient suggérer une fonction de cuisine sans aucune certitude toutefois.
5Vers le xiie s. on procède à la destruction du bâtiment précédent et des remblais sont apportés afin, très probablement, d’exhausser le sol et de se protéger un peu mieux des crues du Loir tout proche. La cuisine est alors construite avec une colonnade à péristyle intérieure dont au moins une colonne a été retrouvée. Un puits est également mis en place. Les niveaux de sols ont été mis au jour et sont surmontés de très nombreuses couches d’occupation (xiie-xiiie s.) qui présentent la particularité d’avoir livré une très grande quantité de petits tessons de céramique, mais aussi de microfaune avec notamment de nombreux restes de poissons et de coquilles d’œufs. Aucune cheminée n’est formellement identifiée, mais les sols présentent à certains endroits des traces de rubéfaction conséquentes qui témoignent de foyers. La braise était probablement produite dans les cheminées et ensuite déposées à certains emplacements directement sur le sol et utilisées pour la cuisson ou le maintien au chaud des plats et aliments.
6Il semble que ce soit vers la fin du xve ou au début du siècle suivant que cet espace de cuisine fut transformé. On note effectivement de nombreuses couches liées à des travaux avec également la destruction de la colonnade intérieure et son remplacement par un mur bahut circulaire. Un sol pavé est posé entre le mur bahut et celui de la cuisine circulaire suggérant un espace de circulation. Une empreinte circulaire sur le pavage a été identifiée et révèle la présence d’une structure de cuisson (four ?). Le puits, peu profond, est toujours en place et semble avoir été curé régulièrement jusqu’à ce réaménagement. Toutefois, la partie basse de son parement intérieur semble avoir été refaite en piégeant du matériel du comblement. Les tessons mis au jour indiquent que cette réfection se serait produite aux environs du xve s. Le reste du comblement a livré du mobilier qui s’échelonne principalement entre les xvie et xviie s.
7La cuisine circulaire et ses aménagements sont rasés vers 1732 et les gravats sont étalés sur place avec une épaisseur d’un mètre environ tandis que le puits est comblé puis scellé. Le bâtiment Régence est érigé et sera suivi durant les xixe et xxe s. d’une série de sols et de probables cloisonnements durant la période militaire.
8L’intervention a donc permis de démontrer que les niveaux archéologiques étaient particulièrement bien préservés dans cette partie de l’édifice avec notamment un matériel céramique important, bien que très fragmenté. L’intérêt principal semble être la présence de niveaux d’occupation en place pour les xiie-xiiie s. Ils devraient permettre d’apporter un éclairage sur l’alimentation durant les premiers siècles de l’établissement monastique.
Table des illustrations
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Titre | Vendôme, abbaye de La Trinité, quart nord-ouest de la cuisine circulaire. |
Crédits | Cl. N. Holzem/Inrap |
URL | http://journals.openedition.org/archeomed/docannexe/image/35778/img-1.jpg |
Fichier | image/jpeg, 708k |
Pour citer cet article
Référence papier
Philippe Blanchard, « Vendôme (Loir-et-Cher). Abbaye de La Trinité, 2 quartier Rochambeau », Archéologie médiévale, 50 | 2020, 284-285.
Référence électronique
Philippe Blanchard, « Vendôme (Loir-et-Cher). Abbaye de La Trinité, 2 quartier Rochambeau » [notice archéologique], Archéologie médiévale [En ligne], 50 | 2020, mis en ligne le 15 février 2021, consulté le 05 décembre 2023. URL : http://journals.openedition.org/archeomed/35778 ; DOI : https://doi.org/10.4000/archeomed.35778
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