1Situé sur la rive orientale de l’étang de Thau, l’établissement rural du « Chemin du Mas du Padre » à Balaruc-les-Bains a fait l’objet en février-mars 2019 d’une fouille préventive portant sur environ 2 700 m². En dépit d’un fort arasement, cette opération a permis d’étudier les vestiges d’un vaste bâtiment construit ex nihilo au début du v^e s. – seul un vignoble étant présent sur le site durant le Haut-Empire – et occupé jusqu’au vii^e s. Caractérisé par un plan en L et des dimensions importantes (environ 30 m N-S et au minimum 20 m E-O), ce bâtiment est édifié à l’aide de blocs de calcaire local liés au mortier de chaux et comportait des toitures en tuiles. Son aile nord accueillait des installations de pressurage, dont seules deux cuves en tuileau sont conservées. Leur vocation viticole est avérée par des analyses de résidus organiques et des données anthracologiques. L’aile ouest était vraisemblablement destinée au logement de la main-d’œuvre, comme le suggère la présence à ses abords de foyers et de plusieurs dépotoirs de grandes dimensions. La fouille de ces dépotoirs a livré des données matérielles d’excellente qualité, grâce à l’absence complète de mobilier résiduel. Les riches ensembles céramiques permettent d’appréhender les échanges commerciaux dans lesquels sont impliqués les occupants du site. Ils soulignent à la fois le dynamisme des ateliers régionaux et la parfaite intégration de cet établissement rural dans les grands réseaux d’échanges méditerranéens, notamment à travers la consommation de vins orientaux (amphores à vin de Chypre, d’Asie Mineure et de Palestine) et de divers produits africains (vaisselle de table et de cuisine, amphores à vin et huile). On retiendra également la découverte de 72 monnaies (majoritairement des bronzes théodosiens) qui témoignent d’une économie encore largement monétarisée.

2Les installations viticoles sont démantelées au plus tard dans la première moitié du vi^e s. mais le bâtiment demeure, au moins partiellement, en élévation. La poursuite de l’occupation se manifeste par l’installation d’un nouveau sol en terre dans l’aile ouest (l’extrême arasement de l’aile nord ne permet pas de déterminer si elle demeure occupée à cette époque). Le mobilier céramique découvert sur ce sol atteste son utilisation au moins jusqu’à la fin du vi^e s. Aucun élément ne permet de préciser la nature des activités pratiquées par les occupants du site durant cette période.

3Par la suite, une vaste fosse-dépotoir (environ 6 m × 4,30 m) reçoit, durant la première moitié du vii^e s., des rejets domestiques en grandes quantités (coquillages, ossements animaux, céramiques, charbons, objets métalliques, …) qui témoignent du maintien à cette époque d’une occupation, dont aucun autre vestige ne nous est parvenu.

4Enfin, le bâtiment fait l’objet d’un démantèlement complet, probablement vers le milieu du vii^e s., puis un niveau de démolition, constitué des matériaux de construction non récupérés, scelle l’ensemble du site.

Balaruc-les-Bains, vue de l’une des cuves viticoles utilisées durant le v^e s.

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Cl. G. Duperron