1Les projets de réaménagement des espaces publics attenants à l’extension d’un axe commerçant – Saint-Vincent, rue du Pont du Gast, rue de la Poste et rue Gallois – à Blois, présentés par la société 3 Vals Aménagement, ont motivé une opération de diagnostic archéologique sur les parcelles cadastrées DP 813p, DM 76, DM 79 et DM 160 et sur le domaine public. Elle a été menée par l’Inrap du 26 février au 29 mars 2019. Les six sondages réalisés sur une emprise globale de 3146 m² ont permis l’observation de l’intégralité de la stratification et son bon degré de conservation. L’espace étudié s’étend de la base du coteau méridional de la vallée de l’Arrou, le long de la rue du Pont du Gast, à la partie médiane du versant anciennement aménagée en terrasse. Le terrain naturel est représenté par les marnes et calcaires de Beauce et les limons des plateaux.

2La mise au jour d’un probable fossé comblé durant le Haut-Empire dans la partie basse du terrain est désormais l’aménagement le plus ancien connu dans ce secteur de la vallée de l’Arrou. Sa position et son orientation parallèle à la rue du Pont du Gast, tel que son tracé figure sur le plan cadastral de 1810, pourraient confirmer l’ancienneté de l’occupation du site le long d’un axe de circulation privilégié déjà en place.

3Après un long hiatus où aucune occupation pérenne n’est identifiée, les résultats du diagnostic illustrent une importante occupation médiévale à partir du xiii^e ou du xiv^e s. Un atelier de métallurgie du cuivre et de ses alliages occupe pour partie un fond de parcelle. Les vestiges découverts au bas du coteau attesteraient la polyvalence des travaux réalisés dans cet atelier de proximité, dont l’étendue et l’organisation ne sont pas connues.

4Les phases d’occupations du site, reconnues et fouillées aux abords de la rue du Pont du Gast pour les xiv^e et xv^e s., révèlent principalement la présence d’un habitat proche. La caractérisation d’espaces extérieurs, comme de probables cours, confirme également la position en fond de parcelle de ces lieux. La superposition du plan des découvertes et du plan cadastral de 1810 donne à voir une structuration du parcellaire en adéquation avec les données nouvelles : parcelle arrière d’habitats qui, eux, seraient localisés en front de rue, ou plus sûrement de chemin. Les parcelles seraient dotées d’aménagements internes en contrebas du versant (murs, murets) ayant la double fonction de délimiter les espaces fonctionnels, voire les propriétés, et de soutenir des plates-formes peu élevées. On bénéficie ainsi d’indices toujours plus nombreux pour documenter le caractère attractif de la vallée de l’Arrou, au plus proche de la sortie de ville. Il paraît acquis que l’expansion d’un faubourg est à l’œuvre dès cette époque.

5À mi-pente du versant, ce n’est qu’au xv^e s. qu’une haute plateforme pourrait avoir été progressivement aménagée et mise en valeur avec une visée vivrière (vergers, potagers), d’agrément (parcs) ou mixte (jardins).

6C’est vers la fin du xv^e s., ou au tout début du xvi^e s., que les trajectoires de développement de l’ensemble des parcelles semblent coïncider. Ce serait le temps des jardins royaux. Les premiers remblaiements d’ampleur sur la terrasse intermédiaire résulteraient des aménagements des Jardins Haut et Bas. La construction de la terrasse intermédiaire interviendrait tout de suite après, au tout début du xvi^e s.

7En bas de pente, des jardins seraient installés en arrière de parcelle, accompagnant probablement l’édification du jeu de paume dit de Louis XII, notamment illustré par Jacques Androuët du Cerceau vers 1576. Dans le même temps, un édifice d’agrément de même type est édifié sur la terrasse intermédiaire ; il s’agit du jeu de paume dit d’Henri II. Beaucoup mieux documentée, la construction occuperait au moins un quart de la superficie de la terrasse. Les jardins royaux avec leurs grands édifices paraissent demeurer ainsi au moins jusqu’au milieu du xvii^e s. Les jeux de paume connaissent des réaménagements internes, mais aucune donnée ne permet véritablement d’appréhender leurs abords, avec les structures associées aux jeux eux-mêmes (latrines) et les aménagements de surface (plantation, circulation).

8C’est dans la seconde moitié du xviii^e s. que l’évolution chrono-fonctionnelle des parcelles se disjoint nettement. Le jeu de paume dit d’Henri II est démantelé. La terrasse pourrait avoir été de nouveau transformée en parc et jardin, avant qu’au xviii^e s. les terrains ne soient divisés en trois parcelles séparées par des murs de pierres. Le long de la rue du Pont du Gast, ce sont des transformations fonctionnelles qui affectent le jeu de paume dit de Louis XII. L’édifice semble avoir été divisé en plusieurs entités distinctes, jusqu’à ce que les bâtisses renaissance et postérieures soient détruites pour laisser place à une nouvelle maison, sans doute au xx^e s.

9À partir de 1928, l’établissement scolaire privé Saint-Charles prend possession de l’endroit. L’extension progressive de ses installations aboutit au regroupement de toutes les parcelles étudiées.