1Le projet de réhabilitation de l’immeuble du 58, Grande Rue à Château-Thierry est à l’origine de la prescription d’un diagnostic du bâti réalisé en décembre 2019. Les deux parcelles entrant dans le cadre de cette opération se trouvent au pied de la butte occupée par la fortification médiévale à l’origine de la ville, plus précisément à l’intérieur de la première enceinte urbaine construite au xii^e s. Le piquetage des enduits récents dans les élévations, aux articulations entre les murs, a permis d’identifier les modifications internes, de mettre en évidence l’origine moderne de l’édifice (xvi^e s.) ainsi que ses différentes évolutions jusqu’à nos jours. Le diagnostic a révélé quatre phases de construction.

2Un premier bâtiment sur rue est construit au nord de la parcelle. À l’origine, il comportait un corps de logis principal pourvu d’un rez-de-chaussée et de deux étages, desservis par une tour d’escalier hors œuvre. À une période indéfinie, le bâtiment connaît diverses modifications intérieures, ainsi que l’ajout d’un troisième étage. Les caractéristiques typologiques de cette première construction, constituée de moellons de grès et de meulières liés au mortier de plâtre, sont semblables à celles d’autres bâtiments étudiés dans ce secteur de la ville. Elles tendent à situer l’édification de ce corps de logis aux alentours du xvi^e s.

3Entre le xvi^e et le xviii^e s., le bâtiment est agrandi par deux fois vers la partie sud de la parcelle, grignotant des zones sans doute encore végétalisées à cette époque. La première extension, maçonnée, est accolée à la tour d’escalier, cette dernière desservant ainsi l’ensemble des niveaux des deux bâtiments. Comme le corps de logis sur rue, cette première extension s’élève sur trois étages, mais le constructeur n’a pas cherché à aligner les niveaux de sols des deux corps. Cela peut s’expliquer par le choix d’utiliser la tour d’escalier déjà en place. Cette phase de construction peut être datée du xvii^e s. Une deuxième extension achève d’occuper l’ensemble de la partie arrière de la parcelle. Cet agrandissement est caractérisé par une élévation en pan de bois. Les caractères typologiques, à savoir une ossature en grille, l’emploi d’un hourdage de plâtre pour combler les espaces entre les pièces de bois et des comparaisons locales (exemple du 25-29, Grande Rue), permettent d’émettre l’hypothèse d’une datation à la fin de l’époque moderne, entre le xvii^e et le xviii^e s.

4Un sondage réalisé au niveau d’une cour intérieure a, quant à lui, mis en évidence la présence de l’ancienne cave d’un bâtiment détruit entre la fin du xix^e et le début du xx^e s. La cave est aujourd’hui remblayée de morceaux de l’ancienne voûte en plâtre et recouverte par le pavage de la cour intérieure. L’hypothèse du passage de la première enceinte urbaine à cet emplacement n’a, de fait, pu être vérifiée.

5À défaut de mettre en évidence la constitution originelle de la trame urbaine de ce secteur de Château-Thierry, le diagnostic archéologique réalisé contribue à une meilleure connaissance du processus de cristallisation du tissu urbain actuel qui s’effectue dans le courant de l’Époque moderne.

Château-Thierry, 58, Grande Rue, relevé de la coursive en pan de bois, niveau 4.

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Relevé et DAO : C. Mairel, UACT