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Chronique des fouilles médiévales en France en 2019
I.- Constructions et habitats civils – environnement rural et urbain
I.1. – Opérations de terrain

Cintegabelle (Haute-Garonne). Califour et Rego Loungo

Responsable d’opération : Alexis Corrochano
p. 185

Texte intégral

1Les fouilles menées sur la commune de Cintegabelle, à une trentaine de kilomètres au sud de Toulouse (Occitanie), au lieu-dit « Califour et Rego Loungo », ont été réalisées par le bureau d’études Éveha dans le cadre du projet de construction d’un collège par le Conseil départemental de la Haute-Garonne. Entre avril et septembre 2019, ont ainsi été découverts, fouillés et enregistrés plus de 650 vestiges archéologiques sur une surface de 1,3 ha, à quelques centaines de mètres de l’Ariège, au SO du centre villageois de Cintegabelle. La majeure partie des vestiges correspond à des sépultures à inhumation et à des fosses de type silo-dépotoir, ces deux types de structure constituaient d’ailleurs les objectifs principaux de la prescription archéologique établie par le Service régional de l’archéologie d’Occitanie. Mais d’autres vestiges ont également été découverts. Ils permettent, à l’issue de l’opération sur le terrain, de proposer un premier phasage des occupations sur le site. Celles-ci se répartissent pour le moment en trois étapes principales.

2À la fin de l’Antiquité, le secteur appartient probablement à un domaine rural, un établissement gallo-romain ayant été reconnu dans les années 1960-1970 à quelques centaines de mètres au NO seulement, au lieu-dit « Ville ». Sur le site étudié, les vestiges de cette période sont peu nombreux, mais très éloquents. Un trésor monétaire déposé dans une amphore a été découvert dans un état d’arasement très avancé : 200 monnaies ont cependant pu être collectées, une première estimation (à confirmer par l’étude) permet d’envisager au plus tôt le milieu du iiie s. pour l’enfouissement du dépôt. La découverte d’un bâtiment de plan carré, construit en terres cuites architecturales et galets maçonnés, constitue l’un des points forts de la fouille : il s’agit d’un mausolée (probablement de la fin de l’Antiquité) doté d’un hypogée. Cet espace souterrain, destiné à abriter la sépulture ou les restes d’une famille de riches propriétaires, n’a pas livré de mobilier. Il avait été entièrement vidé puis comblé par de puissants apports sédimentaires sur toute sa hauteur conservée. Il était voûté, entièrement enduit et son sol était aménagé en mortier de tuileau. Une porte souterraine, entièrement dégagée dans le mur sud, devait permettre d’y accéder en donnant directement sur un élément mis en valeur contre le mur opposé : deux pilettes espacées d’environ 1,50 m, qui devaient supporter à l’origine une table ou un sarcophage.

3C’est durant le premier Moyen Âge que le secteur semble intensément occupé : les découvertes se multiplient sur le site. Dans les comblements supérieurs d’abandon du mausolée antique, plusieurs sépultures ont été étudiées. Certaines d’entre elles ont livré des accessoires vestimentaires en métal (boucles de ceinture, fibule, etc.) qui permettent de les dater des vie-viie s. Ces tombes appartiennent en réalité à une vaste nécropole qui s’est développée entre le viie et le xe s. environ : plus de 420 sépultures, généralement orientées avec la tête vers l’ouest, ont pu être identifiées et fouillées. Il s’agit la plupart du temps de tombes en fosse simple, mais les observations taphonomiques et archéo-anthropologiques ont permis de déceler la présence de nombreux aménagements en bois et parfois d’enveloppes textiles (linceul, etc.). Quelques tombes étaient mieux aménagées : elles sont dotées d’une architecture de galets et de fragments de terre cuite architecturale pour les parois et pour le fond, qui proviennent peut-être du mausolée ou de ses ruines. L’étude biologique, couplée à des analyses de laboratoire, devrait permettre de définir le profil de cette population rurale du haut Moyen Âge.

4Durant le Moyen Âge central, on n’observe plus de sépultures sur le site, à l’exception de quelques inhumations dispersées ou en marge et qui participent du nouveau mode d’occupation du secteur à cette époque. Dès lors, le site est en effet essentiellement occupé par de nombreuses fosses circulaires, dont une grande partie correspond à des silos souterrains désaffectés (près d’une centaine), des fours enterrés, un réseau de fossés curvilignes et quelques trous de poteau. Ces vestiges en creux ont principalement livré des fragments de céramique et de torchis. S’il n’est pas permis de restituer un habitat aggloméré, les vestiges découverts indiquent un espace à vocation agricole (ou pour le stockage des denrées), probablement situé à proximité d’un habitat contemporain. La découverte de nombreux fours culinaires et l’étude des comblements anthropiques des silos permettront de renseigner les pratiques agricoles et de consommation de cette population au milieu du Moyen Âge.

5Passée cette époque, on n’observe plus aucun vestige archéologique notable dans l’emprise de la fouille, les labours et la mise en culture, probablement assez intense au cours des derniers siècles, semblent avoir ôté tout indice du devenir de la parcelle : sa vocation agricole aux époques moderne et contemporaine est très probable. Le village actuel, situé à quelques centaines de mètres au NE, est mentionné à partir du Moyen Âge central. Il devint une place forte et une châtellenie royale quelques générations plus tard.

Cintegabelle, Califour et Rego Loungo : vue zénithale d’un secteur du cimetière en cours de fouille.

Cintegabelle, Califour et Rego Loungo : vue zénithale d’un secteur du cimetière en cours de fouille.

Cl M. Gobron, Éveha

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Table des illustrations

Titre Cintegabelle, Califour et Rego Loungo : vue zénithale d’un secteur du cimetière en cours de fouille.
Crédits Cl M. Gobron, Éveha
URL http://journals.openedition.org/archeomed/docannexe/image/36101/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 691k
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Pour citer cet article

Référence papier

Alexis Corrochano, « Cintegabelle (Haute-Garonne). Califour et Rego Loungo »Archéologie médiévale, 50 | 2020, 185.

Référence électronique

Alexis Corrochano, « Cintegabelle (Haute-Garonne). Califour et Rego Loungo » [notice archéologique], Archéologie médiévale [En ligne], 50 | 2020, mis en ligne le 15 février 2021, consulté le 19 mars 2025. URL : http://journals.openedition.org/archeomed/36101 ; DOI : https://doi.org/10.4000/archeomed.36101

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Responsable d’opération

Alexis Corrochano

Éveha

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Droits d’auteur

CC-BY-NC-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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