1Toute la parcelle diagnostiquée sur 2 918 m² à Esnandes, rue de l’Église, est concernée par la présence d’un site médiéval riche et structuré. Quelques artefacts protohistoriques et antiques ont été mis au jour, mais ils sont résiduels et l’on sait qu’une occupation antique importante, ainsi qu’un site d’exploitation de sel gaulois, existent derrière l’église Saint-Martin, à moins de 300 m au nord du diagnostic.

2L’installation mise au jour se caractérise par la présence de nombreuses structures en creux, de murs, de niveaux d’occupation et de démolition et, enfin, celle d’un vaste dépotoir localisé à l’extrême est de la parcelle. L’observation des stratigraphies montre que l’occupation se densifie du sud vers le nord, soit en direction de l’église Saint-Martin et du site fouillé en 2018. Trois grandes phases d’occupation ont pu être mises en évidence grâce à la stratigraphie et ont été confirmées par l’étude de la céramique :

• la fin du haut Moyen Âge est représentée par un potentiel enclos fossoyé, situé au centre de la parcelle, associé à un niveau riche en mobilier qui s’étend à l’intérieur de l’enclos, mais aussi vers le sud ;
• un grand nombre de fosses, rubéfiées ou non, sont attribuées au Moyen Âge classique (xi^e-xiii^e s.). Elles paraissent associées à une vaste dépression (fossé ?) qui s’étend sur la bordure est de la parcelle et a servi de dépotoir. On y trouve de très grosses quantités de coquillages accumulés ainsi que des graines, de la faune terrestre et marine ainsi que de la céramique. Ce type de dépotoir a également été identifié au NO de la parcelle, mais de façon plus réduite. Ces vestiges sont à associer à la découverte, en 2015, d’un silo et d’une cavité à 100 m à l’ouest ;
• au bas Moyen Âge, les constructions en dur apparaissent. Elles sont installées essentiellement dans la moitié nord de la parcelle. L’occupation paraît dense avec la juxtaposition de plusieurs bâtiments dont le plan général nous échappe à ce stade de l’étude. Entre ces bâtiments, une grande « fosse » au comblement récent évoque la découverte de caves réalisée lors de la fouille de 2018.

3Le site paraît abandonné dans le courant du xvi^e s. Le village d’Esnandes constitue un gisement archéologique de première importance pour l’étude de l’évolution du littoral charentais et de ses marais. La confrontation des résultats archéologiques avec les données cartographiques induit un probable déplacement d’une partie du village en relation avec le colmatage du Marais poitevin et l’on peut envisager un glissement des zones habitées du fond de la conche d’Esnandes vers l’ouest, au fur et à mesure du déplacement de la zone « navigable » et du port. De même, les vicissitudes liées aux conflits de la fin du Moyen Âge et du début de la période moderne, guerre de Cent Ans et guerres de Religion, ont entraîné des destructions et des transformations qui ont progressivement renouvelé le cadre de vie des Esnandais durant la période moderne et, à partir de la fin du xviii^e s., mais aussi durant tout le xix^e s., le marais a été colmaté pour devenir, aujourd’hui, une vaste zone agricole drainée.