Gruissan (Aude). Saint-Martin-le-Bas
Notes de la rédaction
Organisme porteur de la fouille : Laboratoire « Archéologie des Sociétés Méditerranéennes » (UMR 5140, Montpellier)
Texte intégral
1La poursuite de la fouille programmée de l’établissement littoral de Saint-Martin à Gruissan (Aude) a été marquée, en 2019, par l’achèvement de l’étude de l’occupation médiévale de la parcelle WE42, située au sud du site. On retiendra en particulier le dégagement complet du bâtiment partiellement observé en 2018 au nord de la zone de fouille. En dépit d’une conservation lacunaire, on peut restituer un édifice presque quadrangulaire d’une surface en œuvre d’environ 24 m² et dont les murs sont constitués de blocs de calcaire local liés à l’argile. Le seul aménagement conservé dans son espace intérieur est un foyer d’assez grandes dimensions (1,20 m × 0,45 m) comportant une sole en argile, certainement à vocation culinaire. Le bâtiment est, en outre, bordé par au moins cinq foyers du même type, associés à de vastes dépotoirs, ce qui confirme le caractère domestique de cette occupation.
2Des avancées importantes ont également été réalisées cette année sur le phasage et la chronologie de cette occupation médiévale, notamment grâce à la mise en place d’un modèle chronologique bayésien réalisé sous ChronoModel 2.0 intégrant l’ensemble des données disponibles (une dizaine de datations C, plusieurs monnaies et de riches ensembles céramiques). Cette modélisation révèle que l’occupation médiévale débute à une date assez précoce, dès la première moitié ou le milieu du xe s. Cette première phase est marquée par la construction d’une imposante tour quadrangulaire (8,30 m × 7 m hors œuvre ; épaisseur moyenne des murs : 1,60 m), après d’importants terrassements visant à remettre au jour les sols maçonnés et les murs antiques, ces derniers étant utilisés comme fondations pour les nouvelles structures. L’ampleur de ces travaux et l’utilisation systématique du mortier de chaux, qui demeure à cette époque exceptionnelle en Languedoc, révèlent incontestablement le caractère très spécifique de cette occupation. Au demeurant, des comparaisons architecturales précises avec des tours castrales construites dans le sud de la France durant la même période ne laissent guère de doutes sur sa nature. L’édification d’une tour et l’installation d’une garnison à Saint-Martin au cours du xe s. s’inscrivent vraisemblablement dans un large processus de réinvestissement du littoral narbonnais, sans doute en lien avec l’exploitation des ressources du milieu littoral, sous l’égide des évêques de Narbonne. La destruction de la tour intervient vers la fin du xie s. ou le début du xiie s. Après son démantèlement complet suivi d’une période d’abandon d’une durée indéterminée, une nouvelle occupation se développe dans cette partie du site, au moins jusqu’au début du xive s. Elle se manifeste par le réaménagement des édifices préexistants ainsi que la construction du bâtiment mis au jour cette année au nord de la parcelle. Le groupe de population occupant le site lors de cette seconde phase semble se consacrer essentiellement à l’exploitation des ressources locales.
3Il apparaît ainsi, à l’issue de la fouille exhaustive des niveaux médiévaux, que nous sommes en présence d’une occupation pérenne s’inscrivant dans la longue durée. Ce riche dossier apporte ainsi une documentation d’un grand intérêt sur les modalités de l’occupation, du contrôle et de l’exploitation du littoral méditerranéen à l’époque médiévale.
Table des illustrations
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Titre | Gruissan, Saint-Martin-le-Bas, le bâtiment médiéval au nord de la parcelle WE42, à l’issue de son dégagement complet en 2019. |
Crédits | Cl. G. Duperron |
URL | http://journals.openedition.org/archeomed/docannexe/image/36211/img-1.jpg |
Fichier | image/jpeg, 632k |
Pour citer cet article
Référence papier
Fabrice Bigot et Christophe Vaschalde, « Gruissan (Aude). Saint-Martin-le-Bas », Archéologie médiévale, 50 | 2020, 191-192.
Référence électronique
Guillaume Duperron, Fabrice Bigot et Christophe Vaschalde, « Gruissan (Aude). Saint-Martin-le-Bas » [notice archéologique], Archéologie médiévale [En ligne], 50 | 2020, mis en ligne le 15 février 2021, consulté le 07 décembre 2023. URL : http://journals.openedition.org/archeomed/36211 ; DOI : https://doi.org/10.4000/archeomed.36211
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