1Dans le cadre de l’extension d’une sablière, un diagnostic archéologique a été effectué en février 2019 au lieu-dit la Carelle par trois agents du Service d’archéologie préventive du département de l’Allier. Localisé en partie N-NE de la commune de Lurcy-Lévis, sur le versant oriental du val du ruisseau de la Barre, le diagnostic concernait quatre parcelles de pâture placées entre le ruisseau de la Barre à l’ouest et trois voies de circulation, dans un contexte de rebord de plateau recoupé par un vallon central d’axe E-O.

2Le diagnostic a permis de montrer que le vallon central avait subi un colmatage continu aux époques historiques, avec des fragments de céramiques protohistoriques et antiques qui accompagnent un déplacement de matériaux sur deux derniers millénaires. Ailleurs, malgré le caractère discontinu des témoins récoltés, le mobilier découvert invite à suspecter une présence humaine relativement régulière depuis les âges des métaux (témoins de l’âge du Bronze ancien, du Haut-Empire, du haut Moyen Âge et de la fin du Moyen Âge).

3Malgré son éparpillement, le mobilier pré-industriel concerne en quasi-totalité le quart NE de l’emprise prescrite, ce qui peut indiquer une pérennité de l’occupation autour du hameau actuel de la Carelle. Le haut Moyen Âge n’est appréhendé qu’au travers d’un fragment de céramique carolingienne (lèvre à bandeau dotée d’un profil triangulaire), trouvé dans des niveaux remués. Seul le plein Moyen Âge montre une présence plus affirmée, sous la forme d’une concentration de fossés et de trous de poteau sur le bord nord de la partie basse du vallon central (tranchée 27).

4Dans cette fenêtre de sondage mesurant 17 × 8,5 m se concentrent deux fossés (F51 et F52) ainsi que neuf structures circulaires lues comme des trous de poteau (F58 à F66). Les fossés restent indatables. Les trous de poteau composent un motif ovale ramassé et se divisent en trois modules (cercles de 55 cm, cercles de 40 cm et ovales de 10 × 30 cm). C’est la seconde catégorie qui compte le plus de faits, avec 6 représentants. Trois trous ont été testés et la structure F58 s’est montrée intéressante, puisque son profil en V concave, profond de 25 cm, recelait un grand nombre de fragments de tegulæ antiques utilisés comme calage. L’usure et les cassures anciennes de ces tuiles indiquent qu’elles avaient déjà été rejetées au moment de leur utilisation et l’on suppose une réutilisation médiévale. Le décapage a révélé autour une forte fréquence de cassons de terres cuites architecturales. La suite des trous de poteau F58 à F66 peut préfigurer l’existence d’une (ou deux) structures agricoles sur poteaux, non pas un bâtiment d’habitation, mais peut-être un grenier surélevé ou une construction artisanale.

Lurcy-Lévis, le Pont de l’Étau, plan de détail des trous de poteau du supposé grenier (sondage 27).

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SAPDA / DAO : P. Haguet, F. Chaléat