Moissac (Tarn-et-Garonne). Aqueduc du Séminaire
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Année de l'opération :
2019Lieux :
France métropolitaine, Occitanie (région administrative), Département du Tarn-et-Garonne, MoissacChronologie :
époque médiévale, Moyen Âge classique, Bas Moyen Âge, époque moderne, époque contemporaineNature de l'opération :
fouille programméeNotes de la rédaction
Organisme porteur de la fouille : Université Toulouse Jean Jaurès
Texte intégral
1L’opération de l’aqueduc du Séminaire (Moissac, Tarn-et-Garonne), réalisée en octobre 2019, s’inscrit dans un projet de recherche de master visant à appréhender les structures d’adduction moissagaises durant le Moyen Âge et l’époque moderne. Fouillé une première fois en 1931 par Armand Viré, l’aqueduc est situé à l’intérieur d’une salle souterraine accessible par les jardins du Séminaire. Cette opération a donc été l’occasion de synthétiser l’ensemble des données du xxe s., de les actualiser et de les compléter. L’objectif n’était pas d’engager une vaste campagne de fouilles, mais d’observer, par des sondages ciblés, la stratigraphie laissée de côté par Armand Viré, afin de comprendre la mise en œuvre de la salle et des aménagements hydrauliques. Trois sondages peu profonds ont donc été ouverts en marge de la tranchée de 1931, les structures ont été nettoyées et relevées, de même que l’ensemble du bâti de la salle.
2L’étude sédimentaire atteste de l’installation d’un remblai argileux, dont l’épaisseur est inconnue, mais qui paraît homogène dans l’ensemble de la pièce. Il constitue le niveau le plus ancien mis au jour, mais celui-ci faute de datation absolue, ne peut être replacé plus précisément. Ce remblai se fait le réceptacle d’une sédimentation progressive ainsi que de plusieurs structures (mur, canal de drainage, radier). Aucune couche n’a cependant pu être identifiée clairement comme un niveau de circulation, suggérant une fréquentation superficielle de l’endroit. La construction de l’élévation actuelle intervient en deux temps : sont d’abord bâtis les murs longitudinaux, liés par une voûte en berceau en plein cintre, puis les murs transversaux. Cette élévation s’ouvre dans l’angle NO sur un aqueduc, muré après une dizaine de mètres. Le nettoyage de l’aqueduc a mis en évidence la complexité de sa construction et la variété de ces fonctionnements successifs. Il a été construit sur une autre structure, semblable à un aqueduc ou à un canal de drainage en pierre, qui demeure cependant difficile à étudier du fait de son étroitesse et de l’arrivée continuelle de l’eau. Une maçonnerie de briques y a par la suite été installée, incluant un élément en bois (un tuyau ?) qui n’a pas pu être dégagé en totalité car une structure bâtie le recouvre partiellement. Cette dernière est construite sur la maçonnerie antérieure et comprend un canal aménagé dans les briques ainsi qu’un tuyau en plomb. La structure suit le cours de l’aqueduc puis traverse la pièce du NO au SE. La canalisation a été en partie prélevée en 1931 et est conservée dans les réserves du service patrimoine de Moissac, ce qui a offert la possibilité de la réétudier à l’occasion de l’opération. Le tuyau a été fabriqué à partir d’une plaque de plomb martelée autour d’un mandrin et soudé par un alliage d’étain et de plomb de façon longitudinale. L’identification de cette technique de fabrication permet d’attribuer la structure aux xive-xve s. Lors de la construction du mur bahut qui sépare la salle en deux, cet aménagement a été partiellement détruit et le tuyau récupéré sur sa longueur à l’intérieur de l’aqueduc, de manière à permettre l’installation d’un sol dallé au nord de ce mur bahut. En plusieurs endroits de l’aqueduc, des restes de mortier hydraulique, correspondant à des phases différentes, ont été remarqués et systématiquement prélevés. Ils feront l’objet d’une étude à venir.
3Lorsqu’il a fouillé la salle en 1931, Armand Viré l’a identifié comme un château d’eau, une interprétation qui n’a pas été remise en question depuis. Or, bien qu’il soit évident qu’il s’agit d’un pôle hydraulique majeur, le bâtiment ne peut en aucun cas être qualifié de château d’eau à proprement parler (on ne relève ni structure de rétention d’eau, ni mesure d’étanchéité). Il semblerait qu’il s’agisse plutôt d’une pièce technique permettant l’accès aux aménagements hydrauliques. Toutefois, au vu de la sédimentation relativement faible et récente, du peu de mobilier et du fait qu’aucun niveau de circulation n’a pu être clairement identifié, il demeure difficile de caractériser précisément l’occupation et l’utilisation de l’espace. Qui plus est, le bâtiment a continué de servir, ce même après l’opération d’Armand Viré, achevant de perturber des niveaux déjà coupés à plusieurs reprises. Quant à savoir si les structures étudiées alimentaient bien la fameuse fontaine du cloître de l’abbaye Saint-Pierre, l’importance des efforts dédiés à conserver le tracé, des aménagements successifs, le tracé en lui-même et la présence de certains matériaux inédits (plomb, mortier hydraulique) le suggèrent. La construction de la voie ferrée au xixe s. a cependant coupé toute connexion directe et ne permet que des conjectures.
Pour citer cet article
Référence papier
Angélique Van de Luitgaarden, « Moissac (Tarn-et-Garonne). Aqueduc du Séminaire », Archéologie médiévale, 50 | 2020, 201.
Référence électronique
Angélique Van de Luitgaarden, « Moissac (Tarn-et-Garonne). Aqueduc du Séminaire » [notice archéologique], Archéologie médiévale [En ligne], 50 | 2020, mis en ligne le 15 février 2021, consulté le 09 février 2025. URL : http://journals.openedition.org/archeomed/36321 ; DOI : https://doi.org/10.4000/archeomed.36321
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