Moissac (Tarn-et-Garonne). Îlot Falhière
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Année de l'opération :
2019Sujets :
milieu urbain, parcellaire, habitat, maison, pan de bois, archéologie du bâti, dendrochronologie, incendie, sépulture d'enfant, foyer, latrinesLieux :
France métropolitaine, Occitanie (région administrative), Département du Tarn-et-Garonne, MoissacChronologie :
époque médiévale, Moyen Âge classique, Bas Moyen Âge, époque moderne, époque contemporaineNature de l'opération :
fouille programméeNotes de la rédaction
Organisme porteur de la fouille : CAML
Texte intégral
1L’opération archéologique réalisée en juillet 2019 dans l’îlot Falhière à Moissac s’inscrit dans une problématique de recherche, engagée il y a quelques années, sur le processus de formation de l’agglomération et sur les transformations de l’habitat au Moyen Âge et à l’époque moderne. L’intervention a été menée à environ 300 m de l’abbaye Saint-Pierre, dans un secteur de la ville dont le sous-sol n’avait jamais encore été exploré. L’objectif était double, il s’agissait à la fois d’ouvrir une nouvelle fenêtre archéologique dans le but de mieux appréhender les résultats recueillis lors des rares fouilles menées dans la ville, notamment celle conduite dans le parking de la rue des Mazels entre 2015 et 2018, et d’évaluer le potentiel archéologique de cette partie de la ville intra-muros, située à proximité immédiate de l’ancien château comtal, puis royal, près de l’une des principales portes de l’enceinte urbaine.
2L’opération a combiné deux approches : l’étude du bâti des maisons conservées en élévation et la réalisation d’un sondage dans l’emprise d’un bâtiment démoli en 2016. Jusqu’à cette date, les six propriétés qui composent cet îlot étaient entièrement bâties, sans laisser place à des cours ou à des jardins, mais deux maisons qui menaçaient ruine ont dû être détruites par mesure de sécurité. Désormais plus aucun bâtiment n’est habité et tous ont pu être examinés. L’étude archéologique du bâti n’a toutefois été conduite que sur les constructions antérieures au xxe s., principalement sur la maison à étage en pan de bois établie au nord de l’îlot et sur les vestiges des maisons détruites au sud. Dans ce secteur, les observations ont été prolongées en sous-sol grâce à la réalisation d’un sondage d’une trentaine de mètres carrés. Pour des raisons de sécurité, l’intervention a été limitée à la fouille des trois premiers mètres, sans que toute la séquence d’occupation ait pu être appréhendée. Les résultats sont néanmoins riches, dans la mesure où au moins six états de bâtiments ont été identifiés depuis le xiie s. Surtout, ce site, qui présente un sous-sol humide particulièrement favorable à la conservation des restes organiques, éclaire de manière originale l’architecture et la vie quotidienne dans le Moissac médiéval.
3Bien qu’observée sur une surface réduite, l’occupation la plus ancienne se manifeste par la présence d’un bâtiment dont le sol et une partie de sa paroi occidentale ont pu être observés. La conservation du bois a ainsi permis de reconnaître, sur environ 80 cm, une élévation faite de planches encastrées horizontalement entre des poteaux rainurés (pièce-sur-pièce à coulisse). L’étude dendrochronologique autorise à placer la mise en œuvre de cette construction peu après 1142. Manifestement, dans un temps relativement court, le bâtiment a été remblayé, mais sans être détruit, et un nouveau sol d’occupation a été aménagé. À sa surface, de très nombreux vestiges témoignant d’un incendie ont été mis au jour : planches, objets en bois ou en terre cuite, tessons de poterie, fragments de cuir ou de tissus. Les datations dendrochronologiques suggèrent que cet incendie est intervenu après 1155. Dans la foulée, après la récupération de ce qui pouvait l’être, le site a de nouveau été remblayé. Chose rare, un périnatal a été déposé entre deux niveaux de remblai. Au-dessus, un nouveau bâtiment en bois, manifestement construit selon le même plan que le précédent, a été aménagé au plus tôt en 1195. L’élévation conservée sur une quarantaine de centimètres montre une architecture en bois plein, sans fondation, avec une sablière posée à même le sol, à laquelle étaient assemblés des poteaux et des pièces de contreventement ainsi que des planches de bois disposées horizontalement. Deux foyers circulaires ont été mis au jour à l’intérieur de ce bâtiment qu’il est possible d’identifier avec prudence comme une maison.
4En l’absence de sols conservés, l’occupation postérieure au bas Moyen Âge est moins bien documentée. Pour autant, les informations recueillies sont riches, notamment au sujet des techniques de construction mises en œuvre. L’étude conjointe du sous-sol et du bâti montre que certaines maçonneries attribuées à l’époque moderne se retrouvent conservées en élévation dans l’îlot. Il ressort alors que les niveaux de sol n’ont que peu varié depuis le milieu du xviie s., comme le montre le niveau d’aménagement d’une fosse de latrines elle-même riche en mobilier.
5Bien que limitée, cette intervention révèle le fort potentiel archéologique de ce secteur de la ville. Malgré les différences, de nombreux parallèles peuvent être établis avec l’opération conduite dans le parking de la rue des Mazels, notamment en ce qui concerne la forte pérennité des limites parcellaires ou le recours à la construction en bois plein, une architecture rarement documentée aux xiie-xiiie s., notamment dans le SO.
Pour citer cet article
Référence papier
Bastien Lefebvre, « Moissac (Tarn-et-Garonne). Îlot Falhière », Archéologie médiévale, 50 | 2020, 202.
Référence électronique
Bastien Lefebvre, « Moissac (Tarn-et-Garonne). Îlot Falhière » [notice archéologique], Archéologie médiévale [En ligne], 50 | 2020, mis en ligne le 15 février 2021, consulté le 22 mars 2025. URL : http://journals.openedition.org/archeomed/36331 ; DOI : https://doi.org/10.4000/archeomed.36331
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