1Le site de l’ancienne caserne Mellinet à Nantes, qui a déjà fait l’objet d’une première campagne de fouille préventive dans le courant de l’année 2018, a de nouveau été investigué durant les mois d’avril à août 2019. En effet, la première opération ayant mis en évidence une quantité de vestiges beaucoup plus importante que prévu et par ailleurs dans un état de conservation bien meilleur qu’attendu, le Service régional de l’archéologie des Pays de la Loire, appuyé par la Commission territoriale de la recherche archéologique de l’Ouest, a souhaité prolonger cette fouille de quatre mois supplémentaires.

2Le manoir de l’Éperonnière, objet premier de la fouille, est érigé à la fin du Moyen Âge, au cœur d’un vaste domaine agricole situé en périphérie du cœur historique de la ville de Nantes. Il est occupé durant toute l’époque moderne par différentes familles nobles et bourgeoises, avant d’être vendu puis progressivement rasé au milieu du xix^e s., laissant place à un établissement d’enseignement religieux tenu par la congrégation des sœurs de Notre-Dame du Sacré-Cœur. Cette dernière occupe le bâtiment jusqu’en 1904, puis l’armée s’y installe à partir de 1910 ; l’édifice conventuel devient alors le bâtiment de commandement de la nouvelle caserne Mellinet, qui fut finalement désertée en 2010.

3Ce manoir péri-urbain est principalement composé de trois ailes se développant en U autour d’une cour centrale. D’après les sources écrites disponibles, deux ailes, à l’ouest et au sud, sont dédiées à l’habitation, tandis que la troisième, à l’est, est réservée aux communs. La fouille de ces différents ensembles, entamée en 2018 et achevée en 2019, a permis de confirmer leur fonction et d’approfondir l’étude de leur stratigraphie, sédimentaire comme bâtie. À la suite de la construction du manoir, plusieurs phases de réaménagement et d’agrandissement ont été mises en évidence, traduisant les besoins évolutifs des occupants du lieu.

4L’étude du bâtiment antérieur à ce manoir, découvert en 2018, mais non fouillé à l’époque, permet aujourd’hui de l’envisager comme une première résidence élitaire, d’une durée de vie assez courte, mais néanmoins construite avec soin. Située sous l’aile sud du manoir, elle s’en distingue par son plan largement débordant au nord comme au sud, mais rentrant à l’est, tandis que son retour à l’ouest nous reste inconnu. À l’intérieur du bâtiment principal, des niveaux de sols en terre battue ont été mis en évidence, ainsi qu’un sol construit en carreaux de terre cuite. De même, des partitions internes permettent de supposer une organisation de l’espace en différentes pièces de vie et de travail, selon les structures associées à chacune. Des pièces annexes à l’édifice principal ont aussi été découvertes, en particulier des latrines, une structure de chauffe et un espace encavé dont la fonction reste à définir.

5Cette nouvelle campagne a aussi été l’occasion d’aborder la cour, qui n’avait pu être traitée jusqu’alors. Celle-ci a révélé une accumulation de niveaux de circulation extérieurs, de remblais et de couches de démolition en lien avec les deux édifices principaux mis en évidence sur le site, mais aussi tout un ensemble de structures en creux antérieures (fosses, fossés, trous d’ancrage de poteau), dont la fonction et la chronologie doivent encore être affinées.

6Enfin, le mobilier, jusqu’alors assez indigent, a été bien plus abondant durant cette seconde campagne. Ainsi, d’importants lots céramique, métallique et de terre cuite ont pu être récoltés, associés aux différentes étapes d’occupation du site, et parfois même à des ensembles clos. De même, un nombre élevé de monnaies a été découvert ainsi que, en sus, une bulle papale en plomb. Contre toute attente, une quantité non négligeable de mobilier organique gorgé d’eau a aussi été mise au jour, sous la forme d’éléments en cuir, de carporestes, de végétaux et de bois travaillés (poutres, planches, vaisselle…). Les données retirées de l’étude de chacun de ces matériaux permettront tout à la fois d’approfondir notre compréhension du site et de préciser la chronologie de son occupation, afin de restituer son histoire depuis ses origines jusqu’à nos jours.

Nantes, Caserne Mellinet, éléments d’une charpente en bois réemployés dans la fondation d’un mur de l’aile ouest du manoir. Les poutres et planches constitutives de cette fondation sont assemblées de manière perpendiculaire sur quatre niveaux.

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Cl. DPARC