1Pour répondre à la prescription du service régional de l’archéologie liée au projet de rénovation du musée Dobrée, le pôle d’archéologie préventive et programmée Grand Patrimoine de Loire-Atlantique est intervenu en deux étapes. La première, de fin août à fin novembre 2019, a réuni une équipe de six personnes. Une fouille au sol a été réalisée entre le palais Dobrée, construit dans le dernier tiers du xix^e s., et le manoir de la Touche, dont les maçonneries actuellement visibles en élévations remontent à la première moitié du xv^e s. (il était alors une dépendance de l’Église de Nantes). La fouille a aussi été étendue au sud du manoir sur 1 000 m². La seconde étape a consisté en la réalisation, en février 2020, de l’étude archéologique du bâti extérieur du manoir de la Touche. Grâce à cette fouille, a pu être restituée l’évolution du site sur une période de plus de cinq siècles.

2L’actuel manoir a été édifié dans le courant du xv^e s. hors les murs de la ville de Nantes, sur les niveaux de fondation d’un bâtiment antérieur. Ce dernier a lui-même été bâti à proximité immédiate d’une construction plus ancienne, mais de facture fortement similaire (techniques de construction, épaisseur des murs, etc.). Une voie le bordait à l’est. Ces constructions étaient alors probablement liées à un domaine agricole. Au sud du manoir, la fouille a révélé la présence d’une partie d’un îlot d’habitations, construit ex nihilo lors du percement de la rue Voltaire, dans le dernier quart du xviii^e s. Voué à la démolition lors du rachat des parcelles environnant le manoir par Thomas Dobrée en 1862, il survécut néanmoins près de cinquante années supplémentaires, en raison des relations orageuses qu’entretenait le sieur Dobrée avec les autorités communales. L’ensemble du site, quelles que soient les époques envisagées, montre l’importance donnée à la gestion des eaux pluviales sur un substrat schisteux par de complexes systèmes de drains maçonnés. Les deux dernières phases d’occupation du site sont illustrées par une tranchée de défense passive en béton armé, construite à l’aube de la Seconde Guerre mondiale, et par les traces laissées par le chantier de construction du bâtiment Ferré, annexe de l’actuel musée, entre 1972 et 1974.

3L’étude du mobilier n’en est qu’aux prémices et l’analyse des données reste à faire, mais il se dégage d’ores et déjà de cette opération une belle évolution de l’histoire bâtie d’un site tardivement urbanisé.

Nantes, musée Dobrée, vue d’ensemble du site à la clôture de la fouille. Phasage sommaire.

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Cl. V. Joncheray