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Chronique des fouilles médiévales en France en 2019
I.- Constructions et habitats civils – environnement rural et urbain
I.1. – Opérations de terrain

Reims (Marne). Parvis de la basilique Saint-Remi

Responsables d'opération : Mathilde Arnaud, Sandrine Thiol et Marie-Cécile Truc
p. 215-216

Notes de la rédaction

Organisme porteur de la fouille : Service archéologique du Grand Reims

Texte intégral

1Ce site, fouillé de mars 2018 à mars 2019, s’étend sur une surface d’un hectare environ. Il est divisé en quatre zones se répartissant le long des flancs sud (zone 1 et 2), est (zone 3) et ouest (zone 4) de la basilique. Le substrat est constitué de craie.

2La zone 1 a livré les vestiges d’un îlot d’habitation occupé de la fin du Moyen Âge à l’époque contemporaine. Il pourrait s’être développé en partie sur les restes de l’ancienne aumônerie mentionnée sur des plans du xviie s., mais très largement détruite par des caves contemporaines.

3La zone 2 est occupée par un cimetière où ont été fouillées environ 1 300 sépultures en position primaire, auxquelles s’ajoutent de très nombreuses réductions et ossements résiduels qui augmentent considérablement le NMI. La durée d’utilisation du cimetière, qui reste à affiner, s’étend vraisemblablement de la période mérovingienne au début de l’époque moderne. Mais, déjà, au moins cinq phases de gestion du cimetière ont pu être identifiées grâce à l’analyse de la stratigraphie et à la mise en évidence de sous-groupes archéologiquement pertinents.

4La phase la plus ancienne couvre les viie-viiie s. Les sépultures s’étendent alors en une bande étroite, d’orientation E-O, devant le portail de l’église Saint-Julien jusque le long du flanc sud de la basilique. À cette époque, les défunts sont inhumés dans des contenants en bois, superposés dans des fosses profondes flanquées de banquettes latérales (blocage de craie).

5La deuxième phase s’étend jusqu’aux xe-xiie s. Il s’agit de la phase d’extension maximale du cimetière, avec une implantation des tombes selon des rangées d’axe NS. Les pratiques funéraires sont variées : contenants en bois partiellement cloués, sarcophages trapézoïdaux en plâtre ou en pierre. En l’absence de systèmes de couverture en dur notamment, les sarcophages semblent avoir tous été réutilisés. Quelques inhumations sont également pratiquées dans des creusements anthropomorphes dotés de logettes céphaliques. Les dépôts de mobilier sont pratiquement absents.

6La troisième phase, attribuée au bas Moyen Âge, se caractérise par une densification des inhumations et une contraction du cimetière, qui est alors limité au sud par des fossés, probablement en lien avec une redéfinition du parcellaire du quartier. Les tombes sont souvent plus profondes et comblées de blocaille de craie, issue du terrain encaissant. Dans l’une des tombes, un corps a été inhumé avec des besicles et une gourde crapaud. Il s’agit d’une des rares inhumations ayant reçu un dépôt de mobilier.

7Assez rapidement, l’espace cimetérial se resserre encore, avec la création d’une voie d’axe E-O, reprenant le découpage fossoyé précédemment implanté. La gestion de l’espace funéraire se modifie et les tombes sont implantées longitudinalement les unes par rapport aux autres. Leur densité et les recoupements sont tels qu’ils finissent par dessiner des saignées continues, étroites et parallèles les unes aux autres. L’orientation générale est influencée au sud par la voie et au nord par la basilique. Les espaces vides entre ces alignements matérialisent sans doute le tracé d’anciennes allées.

8Lors de la dernière phase d’occupation datée de l’époque moderne (fin xvie-xviie s.), un nouvel espace funéraire se développe au SO d’un carrefour de rues qui délimite l’actuel parvis Saint-Rémi. L’ancien cimetière paroissial est, quant à lui, abandonné et transformé en une place, visible sur des plans du xviiie s. (plan Villain de 1679, Arch. dép. Marne, 56 H 1014/1) et dont la mémoire a été conservée jusqu’à nos jours par la topographie urbaine, cet espace n’ayant jamais été construit.

9La zone 3 a révélé quelques tombes et un possible ossuaire, des vestiges de caves et de maçonneries récentes en façade de rue, ainsi que des maçonneries appartenant au transept sud de l’église Saint-Julien, édifice toujours partiellement en élévation et situé à une dizaine de mètres à l’est du chevet de la basilique.

10Enfin, la zone 4 a livré une occupation antique artisanale (bâtiments excavés, probables petits ateliers métallurgiques, fosses diverses, fosses d’extraction), active principalement au cours de l’Antiquité tardive. Une occupation datée du haut Moyen Âge (possiblement dès le vie s.) prend place en surface de ces vestiges. Elle associe un bâti mal conservé (quelques murs en pierre) à des structures excavées (puits, latrines, trous de poteau, fosses de travail dont un fond de cabane). Si le mobilier semble traduire une occupation domestique, quelques foyers pourraient quant à eux renseigner le maintien d’activités liées au travail métallurgique. Au cours du bas Moyen Âge, la vocation domestique du secteur se confirme. Le bâti mis en évidence sur la zone 1, contiguë, se développe ainsi en partie sur la moitié sud de la zone 4, jusqu’au droit de la façade de la basilique. Les éléments qui le composent (murs, sols en craie, caves, trous de poteau, puits, latrines) sont là encore en grande partie détruits par les habitations contemporaines.

Reims, parvis de la basilique Saint-Remi, deuxième phase du cimetière, sarcophages en plâtre remployés.

Reims, parvis de la basilique Saint-Remi, deuxième phase du cimetière, sarcophages en plâtre remployés.

Cl. SAGR

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Table des illustrations

Titre Reims, parvis de la basilique Saint-Remi, deuxième phase du cimetière, sarcophages en plâtre remployés.
Crédits Cl. SAGR
URL http://journals.openedition.org/archeomed/docannexe/image/36441/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 1,2M
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Pour citer cet article

Référence papier

Mathilde Arnaud, Sandrine Thiol et Marie-Cécile Truc, « Reims (Marne). Parvis de la basilique Saint-Remi »Archéologie médiévale, 50 | 2020, 215-216.

Référence électronique

Mathilde Arnaud, Sandrine Thiol, Marie-Cécile Truc, « Reims (Marne). Parvis de la basilique Saint-Remi » [notice archéologique], Archéologie médiévale [En ligne], 50 | 2020, mis en ligne le 15 février 2021, consulté le 18 juin 2025. URL : http://journals.openedition.org/archeomed/36441 ; DOI : https://doi.org/10.4000/archeomed.36441

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Auteurs

Mathilde Arnaud

Service archéologique du Grand Reims

Sandrine Thiol

Inrap

Marie-Cécile Truc

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Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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