1Suite à l’étude intégrale de l’entrée de ville (2012-2016), la fouille programmée s’est poursuivie au sud du châtelet où le fossé a pu être sondé en 2017 et le rempart étudié en 2018. En 2019, une modification du projet de mise en valeur a été l’occasion d’intervenir une nouvelle fois dans le boulevard d’artillerie, plus précisément au niveau du mur de gorge où la pile actuelle a été déposée. Plusieurs états de contrescarpe ou de départ de pont ont ainsi été mis au jour, attribués au plus tôt aux xiii^e-xiv^e s. Ces découvertes ont donné lieu à un diagnostic complémentaire réalisé en janvier 2020. Il est indissociable de la fouille programmée et une synthèse est présentée ici.

2La muraille antique est précédée d’un intervallum et d’un fossé qui ceinturent la fortification. Ce fossé est doublé à un endroit où l’on suppose la présence de l’ancien accès. Peu de vestiges permettent de retracer l’évolution du castrum durant le haut Moyen Âge. Le fossé s’efface progressivement du paysage à partir des v^e-vi^e s. jusqu’aux x^e-xii^e s., époque à laquelle le site fait l’objet d’un profond réaménagement avec l’installation de poteaux formant vraisemblablement une palissade devant la Mauricellinam portam, porte attestée de façon indéniable par les sources en 1035. Les dernières recherches ont permis de mettre au jour la voirie associée à la palissade et qui mène vers la porte de la ville.

3De nombreux travaux s’échelonnent à partir du xiii^e s. dont un premier mur de contrescarpe, édifié devant l’entrée et la courtine ouest reconstruite entre 1260 et 1290 (datation 14C). Trois baies géminées de la maison des Templiers de Rennes, bâtie contre le rempart, percent celui-ci. Cette maison est connue par une charte de 1182, qui précise d’ailleurs que l’ordre ne possède qu’une maison à Rennes, située à proximité de Notre-Dame-de-la-Cité. La palissade en bois semble perdurer jusqu’au xiiie s. Elle est remplacée par un ouvrage avancé maçonné nommé « bastille », à la charnière des xiv^e et xv^e s. De celle-ci, il reste les deux murs de part et d’autre du pont actuel, ainsi qu’un escalier en schiste qui dessert un niveau inférieur de l’ouvrage avancé. Cet ouvrage fonctionne en avant de l’entrée de ville qui, jusqu’au début du xv^e s., ne comportait vraisemblablement qu’une seule tour que les sources nomment « donjon ».

4Dès 1409, des travaux sont entrepris afin d’édifier un escalier à l’arrière du « donjon » pour accéder au chemin de ronde. Il s’ensuit une phase de reconstruction du pont et de sa fondation, travaux notamment mis au jour lors de la fouille programmée de 2019. Le châtelet est, quant à lui, édifié au milieu du xv^e s. Il est, dans un premier temps, purement défensif et composé de trois niveaux voûtés indépendants les uns des autres. C’est peut-être au même moment que le boulevard d’artillerie vient remplacer en partie la « bastille ». À partir de 1455-1458, on aménage dans le châtelet des cheminées et on ajoute des fenêtres pour l’installation du gouverneur. On construit également des cuisines dans le boulevard, qui existe donc déjà. Il faut attendre le début du xviii^e s. pour que s’engage un déclassement des fortifications. Le châtelet est acheté en 1723 et il subit dès lors une métamorphose complète pour devenir un immeuble de rapport.