1Le diagnostic réalisé à Soissons, rue du Belvédère, portait sur une emprise de 12 252 m². La parcelle, localisée à proximité immédiate de l’abbaye Saint-Médard, est située à cheval sur une de ses enceintes et à proximité du Châtelet du Belvédère, assurant un accès au bourg abbatial depuis le nord. Les cinq tranchées réalisées ont permis de mettre en évidence de nombreux vestiges de nature domestique et de confirmer le passage du fossé d’enceinte.

2La zone est occupée de manière très dense pendant une période comprise entre le vi^e s. et le x^e s. Les vestiges observés consistent en un réseau de fossés de drainage, dont les axes adoptent deux orientations privilégiées. Au sein de ce maillage s’insèrent des fosses de tailles et de plans divers, souvent agglomérées du fait d’une importante stratigraphie. Certaines structures correspondent de manière explicite à des cabanes excavées, plus ou moins aménagées. Le rayonnement spirituel, politique et économique de l’abbaye Saint-Médard au cours de la période carolingienne, en particulier au ix^e s., explique en grande partie l’importance des occupations périphériques. Celles-ci s’inscrivent dans l’essor d’un bourg abbatial dont les activités attirent une population importante.

3À partir du xi^e s., une série de fossés successifs situés en lisière est de la parcelle correspond à un relatif abandon des occupations domestiques, au moins dans la partie ouest de l’emprise. L’orientation de cette nouvelle séquence de fossés confirme des logiques liées à un réaménagement total de la zone. Nous ferons l’hypothèse qu’ils bordent une voie, peut-être neuve, assurant en tout cas l’accès à une entrée dans le bourg abbatial, dont le Châtelet du Belvédère constitue le témoin le plus éloquent.

4Enfin, la mise en évidence du fossé d’enceinte du bourg abbatial, fruit de la canalisation de la Jocienne depuis le nord, a permis de documenter un creusement d’une largeur à l’ouverture d’environ 16 m et dont la profondeur atteint 3,40 m dans sa partie médiane. L’étude des phases de comblement a montré la faible importance des rejets de nature détritique et un processus de remplissage lent, lié à une mise en eau permanente. Si les données chronologiques reposent surtout sur la stratigraphie, la découverte d’une cruche globulaire quasiment entière dans un des niveaux les plus anciens assure une datation au xiii^e s. pour l’état observable le plus précoce, donnée qui fait écho aux travaux importants que connaît l’abbaye sous Philippe Auguste en 1210.

5Cette enceinte fossoyée constitue un élément structurant majeur, à la fois limite physique et symbolique, mais aussi trait d’union entre la communauté monastique et l’environnement urbain auquel elle est liée. À ce titre, les résultats acquis dans le cadre du diagnostic s’inscrivent dans des problématiques de topographie religieuse, sur un site qui, par ailleurs, fait aujourd’hui l’objet d’un regain d’intérêt de la part de la communauté scientifique.

Soissons, rue du Belvédère, relevé de la coupe du fossé d’enceinte de l’abbaye Saint-Médard.

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N. Robin, G. Desplanque