1La fouille du Clos des Bœufs et de Tras le Bos, sur l’ancienne commune de La Péruse, s’est déroulée de septembre à novembre 2019, puis durant le mois de février 2020 pour la fouille des souterrains identifiés lors de la première phase. La présente notice ne traite que de la partie « aérienne » du site, fouillée en 2019.

2Le site a été découvert lors du diagnostic du projet de mise en 2 × 2 voies de la RN 141, entre Roumazières-Loubert et Exideuil (Charente). Cette occupation médiévale est localisée sur la rive droite de la Charente (versant est), sur le rebord nord d’un vallon fossile perpendiculaire au cours d’eau.

3Le décapage a porté sur une surface de 11 450 m². Les principales structures archéologiques y apparaissent dispersées en petits groupes, régulièrement répartis le long d’un fossé d’axe NE-SO les séparant d’un talweg de même axe. Il est à noter que la partie supérieure des structures ainsi que les sols ont été entraînés par les labours et l’érosion, très active sur ce versant abrupt. En tout, 51 fosses/silos ont été découvertes réparties en six groupes homogènes (groupes G1 à G6). Les groupes G1 à G4 sont espacés avec régularité le long d’un fossé NE-SO. Deux de ces aires d’ensilages sont associées à des souterrains. Les autres structures correspondent à une carrière, des trous de poteau mal conservés ainsi que des fossés. Les fosses/silos ont toutes été converties en dépotoirs, comme l’indiquent le mobilier archéologique et les vidanges de foyers qu’elles contiennent. La céramique issue de ces ensembles est attribuée aux xi^e-xiii^e s. Ces fosses parfaitement circulaires, de forme ovoïde, mesurent entre 1,10 m et 1,30 m de diamètre et 0,70 m et 1,20 m de profondeur. Plusieurs fossés isoclines au talweg occupent la zone décapée. C’est la présence de cette contrainte naturelle qui détermine l’organisation de l’espace.

4Au centre de l’emprise se trouve une carrière de gneiss. Une rampe d’accès au sud et un diverticule complètent la structure. La surface de son niveau d’abandon est occupée par un imposant bûcher de 30 m². Il est composé de grosses pièces de bois carbonisées (troncs et branches). À ce bûcher est associée de la céramique des xv^e-xvii^e s.

5Un grand talweg d’axe NE-SO occupe le tiers sud de l’emprise décapée. Comme nous l’avons vu, son bord nord est marqué par un fossé sur toute sa longueur et deux fossés sont creusés dans son axe principal. Ces fossés correspondent à des efforts de drainage dans ce milieu particulièrement humide. Les colluvions qui apparaissent au fond de la structure pourraient être liées au déboisement du versant est de la vallée ou correspondre à des épisodes d’écobuages.

6Le site du Clos des Bœufs et de Tras le Bos correspond à une occupation pérenne du xi^e au xiii^e s. L’étude de la céramique atteste bien de cette chronologie. La datation C réalisée à la suite du diagnostic est calée entre 1026 et 1158 (Beta-504342 : 940 ± 30 BP, 1026-1158 cal AD). Le faciès céramologique se trouve en limite des cultures du Limousin et de l’Angoumois, avec des influences du Poitou. L’état d’érosion des sols pénalise la lecture du site. Notons toutefois que l’absence de structures d’habitat directement en lien avec les silos et les souterrains serait une anomalie. La ferme de Tras le Bos en limite d’emprise témoigne d’une permanence de l’habitat en ce lieu. Mais l’intérêt particulier du site réside dans ses potentialités paléo-environnementales. Les études anthracologiques, carpologiques et palynologiques en cours vont apporter un éclairage inédit sur les pratiques agricoles et l’environnement de ce secteur durant une période s’étendant du x^e s. au xv^e-xvii^e s.

Terres-de-Haute-Charente, Clos des Bœufs – Tras le Bos, plan général avec la localisation des aires d’ensilage et des souterrains.

Agrandir Original (jpeg, 491k)

DAO P. Bâty et F. Bernard, Inrap