1Le programme Archeopal-Haut Jura vise à documenter l’évolution diachronique des formes d’occupation et de mise en valeur de la montagne jurassienne, secteur longtemps resté à l’écart de la recherche archéologique. Dans ce cadre, diverses opérations de fouilles, prospections, analyses de relevés LiDAR et études paléoenvironnementales ont été menées depuis 2015 sur le plateau des Fourgs (1100-1300 m), afin de caractériser l’organisation et l’impact des activités humaines anciennes dans un secteur d’altitude. La campagne 2019 a porté sur l’étude d’un hameau moderne déserté situé au lieu-dit les Buclés, tandis que la fouille d’un ensemble de fours à chaux médiévaux et modernes, entamée en 2018, a été poursuivie au lieu-dit Plans du Vitiau.

2Actuellement sous forêt, le hameau des Buclés est repérable par un ensemble de pierriers et de microreliefs, parmi lesquels on identifie trois maisons, des enclos, des citernes, des chemins et des planches de jardinage. Les relevés et les sondages effectués montrent des aménagements rustiques et des formes architecturales similaires à celle des maisons-blocs traditionnelles du Haut-Doubs, à foyers centraux et ponts de granges, dont de nombreux exemples des xviii^e-xix^e s. subsistent aujourd’hui. Le mobilier recueilli permet d’identifier une occupation permanente et relativement aisée, associée à des activités polyvalentes et centrées sur le xvii^e s., avec un abandon probable au début du xviii^e s. L’occupation semble de nature très comparable à celle identifiée à la Vieille-Beuffarde (Les Fourgs) en 2017, datée des xvi^e-xvii^e s.

3Aux Plans du Vitiau, six fours à chaux ont fait l’objet de forages et de datations ¹⁴C qui ont montré des périodes de fonctionnement échelonnées entre le xiii^e et le xix^e s. Une structure des xvi^e-xvii^e s. avait été fouillée en 2018. Un four de 12 m de diamètre, daté du xiii^e s., et un four de 5 m de diamètre, daté des xviii^e-xix^e s., ont été étudiés cette année. Les observations effectuées sur ces trois ensembles, voisins, mais chronologiquement et morphologiquement très différents, permettent de statuer sur les modes de fonctionnement de ces structures et leur amplitude chronologique (utilisations multiples ou uniques). Il devient également possible d’estimer les quantités de matériaux consommés et produits par ces structures, repérées en très grand nombre dans la région, afin de restituer leur place dans l’économie locale.

4L’inventaire et l’analyse des structures archéologiques repérables sur les relevés LiDAR ont été poursuivis en parallèle dans la région de Pontarlier-Les Fourgs. Ces investigations s’étendront également à partir de 2020 sur l’anticlinal forestier du Risoux (1 000-1 400 m d’altitude, Doubs, Jura) documenté par une nouvelle campagne de relevés.