1Un projet de prospections thématiques a été entamé en 2018 dans une partie de la vallée du Loir, près de Montoire et Lavardin (Loir-et-Cher). L’objectif est d’identifier des bâtiments médiévaux datant du xi^e au xiv^e s. dans les vingt-deux communes de la zone d’étude, qui comprennent plusieurs châtellenies et des bourgs ruraux. Les constructions médiévales les plus connues de cet espace sont les châteaux et les nombreuses églises comportant des décors peints, mais l’habitat civil reste peu traité. Plusieurs édifices médiévaux sont pourtant attestés à Trôo, Montoire ou Lavardin, mais ont rarement fait l’objet d’études archéologiques. De plus, la topographie de la vallée du Loir, avec de nombreux coteaux calcaires, implique la présence de nombreuses constructions troglodytiques aux fonctions diverses dont le potentiel archéologique reste à évaluer.

2L’étude a commencé en 2018 par des prospections dans les bourgs principaux et par l’étude archéologique du bâti de l’actuelle mairie de la commune de Lavardin, qui date du xii^e s. et prend la forme d’une maison-tour. Sa forme ainsi que sa position au chevet de l’église indiquent qu’il s’agit d’une construction privilégiée, ce qui est confirmé par les transformations du bâtiment du xiii^e au xvi^e s., avec l’ajout de voûtes, d’un décor sculpté et peint et l’adjonction successive d’annexes. Ses caractéristiques en font un point de départ intéressant pour la prospection dans les communes alentour, en recherchant la présence de bâtiments du même type ou ayant connu des transformations similaires.

3La campagne 2019 a permis de poursuivre les prospections dans les bourgs et dans neuf communes supplémentaires, l’objectif étant d’achever l’étude en trois ans. La phase de terrain comprend donc la visite des bourgs et fermes de chaque commune, associée si possible à des visites des intérieurs ou le repérage des édifices les plus prometteurs. Des études de bâti sont envisagées par la suite pour certains bâtiments choisis. Les critères de repérage des constructions médiévales sont variés : matériaux de construction, forme des ouvertures, pente et dimension des toitures, présence de pignons découverts, etc. L’identification de l’habitat civil médiéval constitue l’objectif principal et l’analyse et la datation de certaines formes architecturales demande l’établissement de typologies (notamment des charpentes). C’est pourquoi l’habitat des xv^e et xvi^e s. est partiellement pris en compte dans la zone d’étude, à des fins de comparaison avec des édifices mal datés pour l’instant et intégrés à un corpus secondaire temporaire.

4Tous les édifices intégrés au corpus sont renseignés dans une base de données développée en parallèle d’un système d’information géographique, combinant le résultat d’études architecturales, textuelles et planimétriques. Ce travail est encore en cours, mais permettra à terme d’étudier le bâti médiéval à différentes échelles : l’architecture elle-même, les formes et les types de bâtiments, mais également leur implantation dans leur environnement pour étudier la fabrique urbaine et la fabrique des paysages.

5La zone d’étude a révélé pour l’instant plusieurs constructions du xii^e s. proches d’églises et qui pourraient avoir eu un commanditaire religieux, quelques maisons-tours, des caves voûtées du xiii^e s. associées à des espaces de stockage troglodytiques à Trôo, qui pourraient appartenir à un corpus très prometteur de caves médiévales, des fermes fortifiées du xiv^e au xvii^e s. ainsi que plusieurs manoirs pouvant receler des maçonneries médiévales. En ce qui concerne l’étude à l’échelle du territoire, elle a permis d’aborder le développement urbain de Montoire et d’identifier des zones de défrichements successifs au sud de l’aire d’étude, dans ce qui constituait la forêt de Gâtine au Moyen Âge.