1L’archéologie a livré, ces vingt dernières années, de nombreuses données souvent inédites sur l’habitat rural médiéval, notamment grâce au développement de l’archéologie préventive. Un premier recensement, réalisé dans le cadre des travaux de la thèse de doctorat d’Édith Peytremann, faisait état de 12 sites pour l’ancienne région Poitou-Charentes, correspondant souvent à des observations ponctuelles ou à des fouilles de petites superficies. En 2007, cet inventaire avait déjà considérablement évolué pour atteindre la centaine (bilan décennal 1995-2005, programme 20, coordonné par A. Bolle). En 2016, 354 opérations étaient recensées par le Service régional de l’archéologie, soit relevant du programme 20 du CNRA (« Espace rural et productions agricoles aux périodes médiévale et moderne »), soit avec mention d’une chronologie portant sur le Moyen Âge. Parmi cette nouvelle somme de données, récemment alimentée par les travaux de la Ligne à Grande Vitesse Tours-Bordeaux, peu de sites ont été publiés.

2En 2007, lors du colloque de l’AFAM tenu à Poitiers, les échanges entre les différents acteurs de l’archéologie régionale ont permis d’engager une première réflexion élargie à l’habitat rural du haut Moyen Âge. Des sites comme Saint-Xandre (Charente-Maritime) ou Pouthumé à Châtellerault (Vienne), publiés au cours de ces travaux, faisaient état de formes d’occupation relativement inédites dans le Centre-Ouest. À cette occasion, une première synthèse régionale de l’étude céramique des sites du haut Moyen Âge (vi^e-x^e s.) a été présentée par B. Véquaud (Inrap, UMR 7302 CESCM). La période de transition de la fin de l’Antiquité au haut Moyen Âge a, par ailleurs, bénéficié d’une attention récente, initiée par un PCR « Faciès céramique en territoire picton (ii^e av. J.-C. -vi^e apr. J.-C.) » sous la direction de D. Guitton (Inrap, HeRMA EA 3811) et S. Lemaître (Université de Poitiers, HeRMA EA 3811). Les découvertes récentes tendent à démontrer, contrairement à ce que l’on a pu longtemps croire, une continuité de l’occupation des villæ gallo-romaines durant le haut Moyen Âge. La réflexion s’est poursuivie en janvier 2014 avec la présentation de quelques sites réalisée dans le cadre d’une journée d’étude organisée par le service régional de l’archéologie et le Centre d’études et de civilisation médiévale. Une grande diversité des formes de l’habitat rural médiéval a pu être montrée, à l’image des régions limitrophes au sein desquelles des projets de recherche avaient déjà pu être conduits (régions Pays de la Loire, Centre et Île-de-France). Cette rapide présentation montre l’existence de données nouvelles considérable et parallèlement l’émergence de premières études. La mise en place du Programme collectif de recherche s’inscrit dans cette dynamique de recherches.

3La zone d’étude retenue englobe les quatre départements de l’ancienne région Poitou-Charentes et la Vendée. Ce choix repose essentiellement sur des critères historiques et géographiques. Cet espace constitue une entité territoriale cohérente, entre le fleuve Loire, au nord, et l’estuaire de la Gironde au sud. Les massifs primaires (Massif armoricain au nord et Massif central à l’Est) participent encore davantage à la délimitation de cet espace poitevin. La chronologie du corpus couvre l’ensemble du Moyen Âge en intégrant la fin de l’Antiquité, afin de combler les lacunes inhérentes à la phase de transition.

4Une année probatoire (2019) a permis de définir les premières problématiques, tout en définissant une base de données cohérente et uniformisée. L’élaboration d’un système d’information géographique, en lien avec une base de données, a été réalisée par Caroline Font (Inrap). Deux tables de bases de données ont été retenues, l’une pour les opérations archéologiques, la seconde à l’échelle des vestiges.

5L’année 2019 a donc été dédiée au dépouillement des différents rapports d’opérations archéologiques afin d’actualiser le corpus. En l’état, près de 600 sites ont été retenus en interrogeant principalement l’occurrence chronologique (v^e-xv^e s.). Ont été exclus les sites ne correspondant pas à de l’habitat rural (religieux, castral, urbain ou exclusivement funéraire). Les trois années suivantes (2020-2022) seront consacrées à la rédaction et à l’homogénéisation des notices de sites. Forts de cette documentation géo-référencée, des synthèses basées sur les problématiques émergentes pourront être exploitées. Le projet pourra être amené à évoluer et à intégrer d’autres collaborateurs. Des études complémentaires pourront être envisagées afin de mieux appréhender certaines problématiques relatives à la culture matérielle (mobilier métallique, équipement de mouture, etc.) ou au statut du site (études documentaires).

6Parallèlement, des travaux de recherches sur certaines thématiques ont été initiés par des étudiants (université de Poitiers et de Paris 10 Nanterre).