Saint-Jean-d’Arvey (Savoie). Sidérurgie ancienne dans les Bauges, mont Peney et forêt du Nivolet
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Année de l'opération :
2020Numéro d’opération :
2213751Chronologie :
Antiquité, Antiquité gréco-romaine, Antiquité romaine, Empire romain, Bas-Empire romain, époque médiévale, Haut Moyen Âge, Moyen Âge classiqueNature de l'opération :
fouille programméeNotes de la rédaction
Organisme porteur de la fouille : Département de la Savoie « Mines de montagne »
Texte intégral
1Grâce aux recherches en archives, on sait que des unités de fabrication du fer ont été mises en œuvre dès le xviie s. dans le massif des Bauges par des techniciens bergamasques. La présence de communautés monastiques à partir du xiie s. faisait cependant dire à certains chercheurs que l’exploitation du minerai de fer aurait été initiée par les moines, bénédictins ou chartreux. Au vu des vestiges signalés dès le xixe s. près d’Arith, cette ressource minérale devait déjà être exploitée par les romains. Cependant, rien de tangible ne venait confirmer cette hypothétique sidérurgie baujue.
2Découverts par Robert Durand, un ensemble de quinze sites laissaient augurer – notamment en raison des types de scories laissées sur place – une confirmation archéologique de cette sidérurgie ancienne. Sur le rebord SO du massif des Bauges, aujourd’hui en total contexte forestier, l’ensemble est subdivisé en trois groupes : un groupe d’une dizaine de sites rassemblés à la base du versant nord du mont Peney (vers 1 150-1 230 m d’altitude) ; deux crassiers positionnés sur le mont adjacent dit « bois du Cruet » (1 150 m) ; un ensemble de trois autres sites éparpillés à la base et sur le versant oriental de la montagne du Nivolet (1 200-1 300 m d’altitude). La très grande majorité des amas sont bien perceptibles dans le paysage ; quelques-uns, rares, sont beaucoup moins évidents et ont été découverts grâce à des indices parfois ténus comme une entaille dans un sentier ou quelques scories erratiques.
3Les scories observées sont de quatre types : scories écoulées denses et compactes ; scories écoulées légères, vitreuses et bulleuses ; scories ferrugineuses (rares) ; parois de four scoriacées. Deux des quinze sites ont fourni de gros fragments de parois de four, éléments qui permettent d’affirmer la petite taille de certains des bas fourneaux (cuve de 0,30 m de diamètre interne).
4Les prélèvements de charbons de bois et les datations effectués (24 dates obtenues en tout) attestent ainsi d’une exploitation de la ressource en minerai de fer allant du milieu du iiiie s. après Jésus-Christ jusqu’au milieu du xiiie s : 1000 ans de sidérurgie plus ou moins intense. Dans l’état actuel de nos connaissances, l’activité métallurgique sur le mont Peney et la montagne du Nivolet semble modeste entre 250 et 600 après Jésus-Christ, marquerait une pause au viiie s. avant de se développer fortement entre 950 et 1250.
5La localisation géographique des crassiers signifie que les sidérurgistes ont su identifier et extraire des affleurements des niveaux tertiaires, parfois très petits, le minerai de fer a été préparé et réduit sur place (nettoyage, fragmentation, peut-être grillage) charbonné à proximité et les déchets abandonnés au même endroit après l’opération ou les opérations de réduction. Les sidérurgistes se déplaçaient au gré des découvertes de gîtes minéraux exploitables.
6Le démarrage de l’exploitation à la fin de l’Antiquité semble en relation avec la déstabilisation politique, sociale et économique de l’Empire. Son abandon, vers 1250, pourrait signaler d’une part l’efficacité des circuits commerciaux porteurs des excellents fers et aciers lombards livrés par les grands cols alpins, d’autre part la progressive mise en œuvre locale d’une nouvelle technologie, également d’origine lombarde, la forge hydraulique, appelée ici « martinet » (martinetus).
7Pour compléter l’information chronologique, trois plateformes de charbonnage découvertes en prospection complémentaire ont été sondées et datées : deux sur la montagne du Nivolet se rapportent aux xiie-xiiie s. et ont pu alimenter la production sidérurgique ; la troisième sur le mont Peney a produit du charbon de bois au xive s., hors contexte chronologique sidérurgique. Enfin, parmi de très nombreux fours à chaux, un des sites de cuisson au bois du Cruet a été daté du xvie s.
8La prochaine étape combinera d’une part le relevé topographique de l’ensemble des vestiges d’un des sites de production, d’autre part le prélèvement d’un des bas fourneaux particulièrement bien conservé (et la fouille de ses environs immédiats). L’objectif à terme serait de proposer une représentation éclairante au grand public (Parc naturel régional des Bauges).
Table des illustrations
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Titre | Saint-Jean-d’Arvey, sidérurgie ancienne dans les Bauges, localisation des sites de réduction du minerai de fer local. Mont Peney (Sc3, 4, 10, 11, 12, 13), bois du Cruet (Sc8, 9, 15) et montagne du Nivolet (Sc5, 6 et 7) ; scories isolées (Sc2 et 16). |
Crédits | DAO R. Durand, A. Mélo |
URL | http://journals.openedition.org/archeomed/docannexe/image/40120/img-1.jpg |
Fichier | image/jpeg, 1,0M |
Pour citer cet article
Référence papier
Alain Mélo, « Saint-Jean-d’Arvey (Savoie). Sidérurgie ancienne dans les Bauges, mont Peney et forêt du Nivolet », Archéologie médiévale, 51 | 2021, 291-292.
Référence électronique
Alain Mélo, « Saint-Jean-d’Arvey (Savoie). Sidérurgie ancienne dans les Bauges, mont Peney et forêt du Nivolet » [notice archéologique], Archéologie médiévale [En ligne], 51 | 2021, mis en ligne le 20 mars 2022, consulté le 22 mars 2025. URL : http://journals.openedition.org/archeomed/40120 ; DOI : https://doi.org/10.4000/archeomed.40120
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