1Inauguré en 2020, ce programme collectif de recherche est une enquête interdisciplinaire ayant pour principal objet d’étude les entreprises argentifères médiévales de la vallée du Minier. Entre le xii^e et le xv^e s., au moins, cette vallée fut le terrain d’exploitations discontinues de gisements polymétalliques – essentiellement pour produire du plomb et de l’argent. Par moments intenses, les travaux miniers ont eu un effet polarisant avec la création d’un habitat permanent, le village actuel du Minier, et ont stimulé l’activité en concentrant les entreprises dans un espace relativement restreint. Les entreprises argentifères étaient à l’origine et au centre des processus de production et d’occupation. Il s’agissait d’associations d’exploitants qui mettaient en commun des capitaux, recrutaient une main-d’œuvre et organisaient son travail. Ce sont ainsi leurs initiatives qui ont marqué la vallée, autant leurs réussites que leurs échecs. Pour explorer leurs dynamiques et leurs vestiges, le PCR regroupe des chercheurs de disciplines et d’horizons complémentaires. Construit après deux prospections inventaires à partir d’un noyau d’historiens et d’archéologues constitué en 2019, il intègre progressivement des géologues ainsi que des géochimistes.

2Malgré l’épidémie de covid-19 et les contraintes qu’elle a engendrées, les travaux de l’année 2020 ont pu rester équilibrés : consolidation des méthodes, apports de nouveaux dépouillements – qui reposent sur des sources documentaires ou archéologiques – et avancée du traitement des données acquises. La campagne de fouille, initialement prévue en août 2020 a toutefois été reportée en août 2021. Au-delà du traitement des données, les principaux apports de l’année sont les suivants. Le dépouillement des sources documentaires a livré plusieurs actes et analyses inédits qui permettent d’inscrire la production argentifère du Minier et de ses alentours dans un ensemble plus vaste de normes et de pratiques, venu de la Montagne Noire. La présence dans les archives des comtes de Rodez d’une copie des coutumes de Villemagne, certifiée par son maître des mines, atteste du rayonnement des argentières de Villemagne et pourrait ensuite montrer l’intérêt des élites locales à se documenter pour mieux organiser la production du comté. Un transfert d’autant plus notable que la concession minière de 1263 concernant le Mazet reprend le formulaire des concessions de Rocozels dans les Monts d’Orb. Toujours à propos de diffusion, nous observons que les mineurs du Minier s’exportaient épisodiquement au-delà de leur vallée, sur le massif du Lévezou, jusqu’à Canet-de-Salars. Dans la vallée du Minier, plusieurs mines restaient à localiser sur le terrain. C’est pourquoi nous avons programmé un relevé Lidar, établi par la plateforme Archéoscience du laboratoire Traces. Cette base topographique commencera à être mise à profit en 2021 et sera un support efficace pour l’étude de la vallée, que ce soit sur la production argentifère ou sur d’autres thèmes qui pourraient se développer à l’avenir. Enfin, la découverte de scories plombifères au moulin de la Rode nous a conduits à cartographier les concentrations métalliques. Un lieu de traitement métallurgique ou, du moins, de stockage de scories, pourrait ainsi avoir été identifié.