1Les fouilles menées sur le site du vieux clocher ont été réalisées dans le cadre du projet de restauration des ruines de l’église Saint-Pierre-Saint-Paul, dont il ne reste aujourd’hui en élévation que la croisée du transept, le clocher et la chapelle nord. En effet, entre 1968 et 1969, l’élargissement des voiries et le lotissement urbain de cette commune de la couronne parisienne ont entraîné la suppression de la nef, du bras sud du transept ainsi que la démolition du chœur. Ces destructions et l’important abaissement du niveau de sol avaient alors occasionné la découverte de nombreuses tombes, dont des sarcophages mérovingiens.

2Malgré son envergure modeste (100 m²), la fouille menée en co-activité avec le chantier de restauration, entre 2018 et 2020, a mis au jour plus de 200 faits archéologiques, dont 140 sépultures. La puissance stratigraphique, conservée sur 1 m d’épaisseur, a permis d’identifier des niveaux d’inhumations successifs s’échelonnant entre le haut Moyen Âge (fin viii^e-ix^e s.) et le xviii^e s. L’indigence du mobilier permettant de dater précisément les sépultures est compensée par les relations stratigraphiques préservées entre tombes et maçonneries et par la réalisation de plusieurs datations par ¹⁴C.

3Les architectures funéraires rencontrées sont variées : sépultures en coffrages maçonnés en plâtre, tombes construites en pierres calcaires et mortier de chaux, naviformes ou quadrangulaires, avec éventuellement logette céphalique et enfin des cercueils cloués, utilisés depuis les xiii^e-xiv^e s. et jusqu’à l’interdiction d’inhumer dans les lieux de culte (ordonnance royale de Louis xvi datée du 10 mars 1776, avec des exceptions concernant notamment les membres du clergé et fondateurs de chapelles). Tous les défunts étaient inhumés sur le dos, en vêtements ou en linceul. La plupart des sépultures sont classiquement orientées tête à l’ouest, pieds à l’est, mais cinq individus ont été inhumés pieds à l’ouest et tête à l’est. À partir du xvii^e s., les membres du clergé sont inhumés tête à l’est, à l’inverse des laïcs, regardant vers l’assemblée des fidèles. Il est donc possible que ces dernières inhumations, placées devant l’autel, soient celles de religieux, mais aucun autre indice ne vient pour l’heure étayer cette hypothèse. Des adultes des deux sexes ainsi que des enfants ont été identifiés.

4Plusieurs fondations appartenant à des phases de constructions successives ont été relevées. Les maçonneries les plus anciennes sont situées sur la partie nord de l’église, sous le clocher et dans la chapelle. La découverte majeure tient au dégagement de puissants murs de 1,20 m de large, profondément ancrés à plus de 3 m sous le niveau du sol. Leur implantation coupe deux sépultures datées de la fin de la période carolingienne. La datation de deux tombes maçonnées construites contre le parement des fondations permet de caler la mise en œuvre vers le xi^e ou le tout début du xii^e s. Des fondations de plan semi-circulaire présentant les mêmes matériaux (pierres calcaire et mortier de chaux) ont été mises au jour dans l’emprise de l’actuelle chapelle à chevet plat. La datation de cette abside n’est pas assurée, la liaison entre les fondations du clocher et les maçonneries de l’ancienne chapelle n’ayant pu être observée. Cette maçonnerie, moins profonde, est installée dans une tranchée qui coupe clairement des inhumations carolingiennes et des tombes des xi^e-xii^e s. Cet indice permet d’y voir une seconde phase de travaux.

5La faible proportion de sépultures sous le clocher et la chapelle va dans le sens d’une modeste église paroissiale agrandie vers le sud, au bas Moyen Âge puis à la période moderne, en empiétant sur le cimetière. Cette hypothèse est déjà évoquée par l’abbé Lebeuf ; selon lui, il est possible que l’église de Colombes « n’auroit d’abord consisté qu’en ce ce côté septentrional, et que l’augmentation des habitans auroit fait construire le chœur vers le midi tel qu’on le voit maintenant » (Lebeuf, 1883, p. 66).

6La poursuite des études et de l’analyse stratigraphique permettra sans nul doute d’enrichir les connaissances tant sur l’église et son évolution architecturale que sur la population de Colombes et les pratiques funéraires ayant cours de l’époque carolingienne au xviii^e s.