1Le diagnostic s’étend sur 1 460 m² en plein cœur de la vieille ville, entre la mairie, l’église et la place du marché. Cette opération vient compléter une série de diagnostics effectués autour de l’ancienne place de l’église (Inrap 2009, 2017, 2020).

2La réalisation de quatre tranchées de sondage, pour une superficie d’ouverture de 95 m², a permis de reconnaître des vestiges datés des i^er-ii^e s. et des xii^e-xx^e s. Il s’agit essentiellement de structures en creux pour les périodes les plus anciennes (jusqu’au xv^e s.) et de vestiges bâtis pour les périodes plus récentes.

3La phase la plus ancienne correspond à une occupation couvrant les i^er et ii^e s. de notre ère (voire éventuellement le iii^e s.). Un fossé NS (drainage ?), une vaste fosse, ainsi qu’un solin maçonné sont les témoins d’une occupation mal caractérisée. Le Bas Empire, de même que le haut Moyen Âge, ne sont pas représentés.

4L’occupation du secteur est à nouveau attestée à partir du xii^e s. et couvre toute la période médiévale, en lien avec l’installation et l’utilisation de l’église paroissiale. Les vestiges témoignent à la fois de l’utilisation du cimetière (inhumation en place) et de la présence voisine d’habitats, au sud de l’espace funéraire. Seules des structures en creux (fosses et silos) correspondent à des occupations des xii^e-xiii^e s. puis des xv^e-xvi^e s.

5Dans l’emprise du cimetière, une seule inhumation en place a été découverte en limite sud. La présence de nombreux ossements épars témoigne des perturbations importantes des niveaux d’inhumation, même profonds, lors des travaux engagés autour de l’église dès le milieu du xix^e s. Le cimetière moderne est associé à un enclos qui figure clairement sur le cadastre de 1837. Les sondages n’ayant pas permis d’attribuer la mise en place de cet espace circonscrit à la période médiévale, l’hypothèse d’un enclos moderne est probable.

6La troisième phase correspond à l’usage moderne du cimetière (partagé entre catholiques et protestants) et de ses abords (fin xv^e-début xix^e). Des fosses sont identifiées, tandis que les bâtiments associés à l’enclos paroissial se développent. L’un d’eux, conservé uniquement sur un mètre de hauteur pour son niveau de cave, correspond à une construction moderne, qui n’est pas antérieure au xvi^e s. Il abrite, au xix^e s., l’une des écoles d’Ingwiller.

7Les principales refontes de l’espace sont liées aux travaux entrepris au cours du xix^e s., notamment avec la suppression du cimetière paroissial, déplacé hors la ville en 1842-1843. Cette suppression s’accompagne de nombreux projets d’aménagements autour de l’église (mairie, école communale en 1843), qui entraînent la destruction de l’ensemble des maisons adossées au cimetière, au sud et à l’est. Ces travaux s’accompagnent de la purge des sépultures. Les inhumations des niveaux supérieurs sont supprimées et une partie des ossements (os longs, crânes) est rejetée dans l’ancienne cave de l’école sous la forme d’un dépôt mêlé aux matériaux issus de la destruction de l’élévation du bâtiment. Le prélèvement partiel du dépôt a permis d’évaluer la profondeur de l’accumulation (1 m). La datation et l’analyse anthropologique des ossements n’ont pas été réalisées dans le cadre du diagnostic.