Allemagne-en-Provence (Alpes-de-Haute-Provence). Notre-Dame
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Année de l'opération :
2020Numéro d’opération :
13167Sujets :
résidence aristocratique, habitat rural, église, silo, trou de poteau, architecture de terre, ossement humain, bois d'oeuvre, terre cuite architecturale, verre, datation au radiocarbone, fauneLieux :
France métropolitaine, Provence-Alpes-Côte d'Azur, Département des Alpes-de-Haute-Provence, Allemagne-en-ProvenceNature de l'opération :
fouille programméeNotes de la rédaction
Organisme porteur de la fouille : Grapham
Texte intégral
1La campagne de fouilles menée en 2020 sur le site Notre-Dame à Allemagne-en-Provence a été bouleversée par les contraintes sanitaires en vigueur : seules deux semaines des cinq prévues initialement se sont déroulées sur le terrain avec une équipe réduite. Dès lors, les objectifs ont été adaptés. La fouille du plus grand secteur d’habitat H1 a été achevée avant son remblaiement. Deux autres secteurs dans les pentes NO et une zone autour de l’église ont été décapés en vue de leur investigation à venir. Des études de mobilier et des analyses ont complété la campagne.
2Depuis l’achèvement de la fouille de la résidence élitaire du sommet (dir. D. Mouton) en 2018, l’investigation archéologique s’est concentrée, notamment dans le cadre du nouveau programme triennal amorcé en 2019, sur l’habitat paysan qui se développe sur la pente nord-occidentale de l’éminence, ainsi que sur l’église. Cette dernière, élément majeur du site car il s’agit du seul vestige conservé en élévation de l’ancien ensemble castral, prend place immédiatement au NO du tertre sommital, en contrebas de la résidence élitaire. Ruiné et en péril, l’édifice a été mis en sécurité en novembre 2019, grâce à un financement de la région PACA et de la commune d’Allemagne-en-Provence. Mentionnée dans une charte du cartulaire de Saint-Victor de Marseille de la seconde moitié du xie s., l’église Notre-Dame apparaît à cette époque comme l’une des quatre églises de la vallée d’Archinzosc. Bien orienté et épousant parfaitement la courbe de niveau, l’édifice résulte de multiples reconstructions et remaniements. Il mesure 10,30 × 5,50 m hors œuvre et se compose d’une nef unique prolongée par une abside semi-circulaire, dont le voûtement en cul-de-four fut sans doute réédifié après le Moyen Âge. Un décapage mécanique a été réalisé en 2020 derrière le chevet et à l’extérieur du mur gouttereau méridional. Le sol géologique est apparu par endroits à l’est, sans qu’aucun ossement humain n’ait été retrouvé. En revanche, dans le secteur situé contre le mur gouttereau méridional, l’accumulation de sédiments était plus importante, si bien qu’un sondage plus profond y a été pratiqué. La fouille s’est interrompue à la découverte d’une concentration d’ossements humains (fouille et analyse d’Élise Henrion, anthropologue du service départemental d’archéologie des Alpes-de-Haute-Provence) disposés pêle-mêle, sans cohérence anatomique. Ces restes appartenant à cinq individus, dont quatre immatures, semblent correspondre à une vidange d’ossements secs, réalisée à une date pour l’instant indéterminée. La fouille de l’église reste à faire.
3Le secteur H1, dont la fouille a été complétée au cours de la campagne 2020, est situé à 59 m au SO de l’église, en contrebas de celle-ci. Ce secteur a été agrandi progressivement au cours des dernières triennales, permettant l’observation de l’habitat sur une surface d’environ 400 m2. Deux plateformes étagées, épousant les courbes de niveau, y ont été mises au jour. Elles accueillent des constructions en matériaux légers dont témoignent les négatifs de poteaux alignés selon des axes parallèles et des niveaux d’occupation succédant à d’importants travaux d’aménagement de la pente qui fut décaissée pour obtenir des replats. Sur la plateforme aval, la campagne 2020 a permis de compléter la fouille du sol d’occupation reconnu comme le plus ancien et d’y mettre en évidence deux états successifs, dont l’intervalle chronologique est pour l’heure difficile à préciser. Cette première phase d’occupation fut recouverte par l’aménagement d’un drain, installé au-dessus d’un apport de terre que les datations radiocarbone placent autour de l’an Mil. La vocation dominante de l’habitat est celle du stockage, matérialisée par des fosses disposées en batteries et creusées dans le substrat. Elles sont placées dans les pentes entre les terrasses, souvent au bord de la rupture de pente et parfois sur les replats. Leur abandon ne paraît pas suivre un rythme régulier : certaines batteries semblent comblées dès l’extrême fin du xe ou au début du xie s., tandis que d’autres auraient pu être utilisées jusqu’à la fin d’occupation du site, probablement dans le xiie s. La dernière campagne de fouille a permis de découvrir, de part et d’autre d’une fosse quadrangulaire bien différente des autres, des traces en négatif contenant des restes de bois carbonisés, supposant la restitution d’une barre transversale et donc d’un système de couverture en bois articulée.
4Deux sondages ont été préparés mécaniquement en perspective de leur fouille. Le premier (secteur H5), reprend l’emplacement d’un précédent sondage plus réduit ouvert en 2019, qui avait révélé un niveau d’occupation associé à des tranchées parallèles, peut-être les négatifs de murs en terre. Le deuxième sondage (secteur H7) a été implanté environ 20 m au nord de H1, dans une zone où alternent des replats peu étendus et des pentes particulièrement raides. Un transect de 27,50 m de long a été ainsi décapé sur un dénivelé de 12 m, mettant au jour des fosses et une concentration de galets rougis par le feu, associés à quelques fragments de tuiles plates. Pour confirmer l’étagement de la pente entre ces deux nouveaux secteurs sondés, deux profils de tomographie de résistivité électrique ont été réalisés à l’automne (Minoru Uehera et Yoann Quesnel, CEREGE/CNRS, AMU).
5Plusieurs études de mobilier sont en cours. Outre le mobilier céramique (dir. Anne Cloarec, LA3M) et la faune (dont l’étude est menée par Dianne Unsain dans le cadre de son doctorat à AMU), le verre a aussi fait l’objet d’une analyse par Laurence Serra. Une étude anthracologique préliminaire et comparative entre des échantillons provenant de l’habitat élitaire et de l’habitat paysan a été conduite par Christophe Vachalde (responsable d’opération Moyen Âge et anthracologue auprès de Mosaïques Archéologie). La poursuite de cette étude interviendra en 2021. Enfin, un tamisage à l’eau des sédiments des deux pôles fouillés à Notre-Dame a été effectué dans la base du Centre archéologique du Var (la Ripelle à Toulon), grâce à la disponibilité de son directeur, Sébastien Ziegler. Ce travail a permis la récupération d’éléments destinés aux études anthracologique et carpologique à venir. En raison des incertitudes liées à la crise sanitaire, la campagne 2021 est reportée en 2022.
Table des illustrations
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Titre | Allemagne-en-Provence, plan du site Notre-Dame avec l’emplacement des sondages ouverts depuis 2013 et les anomalies les plus significatives relevées après l’acquisition Lidar (2016). |
Crédits | Cl. M. Varano |
URL | http://journals.openedition.org/archeomed/docannexe/image/40478/img-1.jpg |
Fichier | image/jpeg, 803k |
Pour citer cet article
Référence papier
Mariacristina Varano et Daniel Mouton, « Allemagne-en-Provence (Alpes-de-Haute-Provence). Notre-Dame », Archéologie médiévale, 51 | 2021, 242-243.
Référence électronique
Mariacristina Varano, Daniel Mouton, « Allemagne-en-Provence (Alpes-de-Haute-Provence). Notre-Dame » [notice archéologique], Archéologie médiévale [En ligne], 51 | 2021, mis en ligne le 20 mars 2022, consulté le 13 juin 2025. URL : http://journals.openedition.org/archeomed/40478 ; DOI : https://doi.org/10.4000/archeomed.40478
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