1Un sondage a été effectué sur la seconde porte du château de Chamilly à l’occasion de la troisième campagne de restauration de l’enceinte. L’opération archéologique fait suite à un article (H. Mouillebouche, « Fortifier Chamilly, du xvi^e au xvii^e s. », Fortifier sa demeure du xvi^e au xviii^e s., 2016) qui met en évidence, à l’arrière du logis actuel et dans la courtine construite entre 1550 et 1593 par Jaques Bouton (ou sa veuve), les vestiges d’une porte dont il ne reste que le seuil et la première pierre du jambage droit. Le sondage avait pour objectif d’éclairer la compréhension des modalités d’installation de la porte, du chemin de défilement de la galerie (situé à l’arrière de la courtine) et du système d’évacuation des eaux (présence de deux gargouilles non sculptées au niveau des jambages de l’entrée).

2Si l’article de 2016 mentionne la possibilité d’une porte défendue à l’aide d’un pont-levis, cette hypothèse n’a pas été validée sur le terrain en raison de l’absence de crapaudine (n’autorisant pas la mise en place d’un axe de rotation sur le bloc de pierre servant de base au jambage droit). Il est toutefois à noter l’existence d’une probable feuillure d’encastrement sur la partie visible du jambage subsistant ; élément évocateur d’un pont-levis mais qui n’a peut-être jamais été construit.

3L’étude du chemin de défilement interne du château n’a pas abouti. En effet, ce dernier a complètement disparu ou n’a peut-être même jamais existé. La fouille, descendue jusqu’à une profondeur de 0,25 m sous le niveau du seuil de la porte, n’en a livré aucune trace. Les pierres formant le seuil ne présentent d’ailleurs aucune usure liée au passage de personnes, de chevaux ou de chariots. Les traces de la taille des blocs sont, de plus, parfaitement conservées.

4La différence d’altitude entre le seuil de la porte et les ouvertures de tir a rapidement posé des problèmes d’interprétation. En effet, si le sol au droit des canonnières est à la même altitude que le seuil, la hauteur de ces ouvertures défensives n’est pas suffisamment importante pour permettre au tireur de se tenir dans une position adéquate pour ouvrir le feu. L’hypothèse d’un niveau de circulation de la galerie inférieur à celui de la cour, a donc été envisagée, puis confirmée par la fouille.

5Le chemin de défilement et la galerie sont séparés par un mur ancré dans la courtine. Ce mur est associé à un canal d’évacuation des eaux de la cour, qui débouche sur la gargouille visible sous le jambage de l’entrée.

6Au final, la question d’une mise en service des ouvrages ici étudiés reste ouverte. Le seuil de l’entrée ne montre aucune usure, alors que l’intérieur de la galerie possède un enduit de finition. Un doute subsiste donc quant à l’achèvement et à l’utilisation effective de la porte nord du château de Chamilly.