1Édifié après 1533, le château constitue l’un des joyaux de l’architecture renaissance en Lorraine. Cette grande résidence fortifiée, qui prend place au-dessus du village, sert à asseoir l’autorité du seigneur commanditaire : François de Tavagny, écuyer de la Grande Écurie du duc de Lorraine.

2D’épais murs périphériques, de massives tours de flanquement circulaires, plusieurs canonnières et un fossé constituent les éléments défensifs initiaux encore en place. La régularité manifeste du plan implique une répartition réfléchie des espaces fonctionnels. La construction se place dans la continuité des formes architecturales de la fin du Moyen Âge. Néanmoins, le commanditaire expose son attachement aux nouvelles formes architecturales de la Renaissance sur la façade principale en pierres de taille, côté cour. La composition régulière de l’élévation, marquée verticalement par des colonnes et horizontalement par des entablements et des corniches, ainsi que les décors sculptés des chapiteaux et des gargouilles en attestent.

3Les observations archéologiques démontrent que le château était initialement conçu comme un quadrilatère flanqué de quatre tours. Peu de temps après la mise en place des premiers bâtiments, voire en cours de chantier, le programme devient plus ambitieux : l’aire du château est quasiment dédoublée avec le prolongement des murs et la mise en place de deux tours d’angle du côté ouest. Les dimensions évoquent un ensemble capable d’accueillir de nombreux hôtes et des serviteurs. L’ornementation du corps de logis qui prolonge la première construction dans la seconde moitié du xvi^e s., en reprend le vocabulaire afin de former une continuité visuelle convaincante. Aménagées à cette époque, les dépendances en pierre du château sont ordonnancées symétriquement en avant de celui-ci, suivant un tracé régulier propre aux nobles maisons rurales qu’évoquent les traités d’architecture.

4Le dégagement des maçonneries et l’étude des structures ont permis d’identifier plusieurs phases d’aménagements postérieurs qu’il est possible de relier à l’histoire des trois familles ayant occupé le château depuis la construction. De nombreuses canonnières ont été ajoutées dans la partie supérieure des tours. Elles complètent le dispositif défensif de la résidence seigneuriale. Les principales modifications intérieures sont consécutives à un incendie qui a laissé des traces à l’étage du corps de logis étudié. C’est ainsi qu’un mur de refend et de nouveaux plafonds, datés par dendrochronologie de la fin du xvi^e s., sont mis en place. Par la suite, un escalier rampe sur rampe et de fines cloisons sont ajoutées. Enfin, un corpus de graffitis d’époques différentes a retenu notre attention.

Étreval, façade sud avec un décor Renaissance et l’emplacement de l’ancienne courtine.

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Cl. A. Lacaille