1Le diagnostic archéologique effectué sur la parcelle A 407 de l’île de Tatihou a été réalisé en raison du projet d’installation d’une cuve anti-incendie au sein du fort Vauban. Trois tranchées ont été implantées afin de confirmer la véracité des sources textuelles et iconographiques mentionnant une douve primitive et une tour circulaire au xvii^e s., faisant partie d’une « ferme fortifiée » ; une quatrième avait pour objectif d’apporter des informations complémentaires sur la construction de la casemate ouest.

2La découverte d’une grande quantité de mobilier archéologique permet d’établir une proposition de chronologie relative complétée par les relations stratigraphiques entre les structures, les niveaux d’occupation et les remblais. C’est ainsi que se distinguent plusieurs séquences permettant d’appréhender l’évolution de l’occupation du fort du xvii^e s. à l’époque contemporaine.

3La séquence la plus ancienne rassemble certains éléments de la « ferme fortifiée », visible en 1693 sur le plan de Laisné. Le tronçon N-S de la douve primitive a été perçu à l’ouest de la « maison du gardien ». Ce fossé est situé à trois mètres d’une tour circulaire N-O connue par les sources. Ses fondations sont apparues à moins de 0,10 m sous le niveau de circulation. Elles mesurent 1,30 m d’épaisseur et semblent avoir été construites, au sud, en tranchée ouverte et au nord, en tranchée pleine. Selon les données sédimentaires, les deux éléments défensifs (douve et tour) paraissent contemporains.

4Deux unités stratigraphiques correspondent à des niveaux d’occupation de la douve. La plus ancienne est constituée d’argile noire très organique et la seconde d’argile grise hydromorphe. Les nombreux objets découverts témoignent de la vie quotidienne d’un régiment en garnison au cours des xviii^e-xix^e s. Il est envisageable que ces niveaux d’occupation correspondent au dernier état de la douve.

5Une séquence postérieure à ces faits signale l’abandon de la douve avec une succession de six remblais. De par leur homogénéité et leur densité assez conséquentes, ils suggèrent une volonté de combler le fossé rapidement et de façon pérenne. Les quatre strates inférieures sont en partie constituées d’argile orange comprenant des précipitations ferro-manganèse, des fragments de coquilles de malacofaune, d’ardoises ou de mortier. Les deux remblais supérieurs divergent totalement des quatre précédemment cités. En effet, ils sont constitués uniquement de matériaux de construction : le plus précoce avec des fragments d’ardoises, le dernier par des blocs relativement conséquents de grès, de schiste mais surtout de granite, associés à du mobilier archéologique. Au regard des plans du xix^e s., la douve primitive et la tour circulaire NO semblent disparaître entre 1829 et 1893. L’hypothèse avancée ici est la suivante : lors de la destruction de la tour, les matériaux de construction abîmés ont servi à combler la douve. Certains éléments ont dû être récupérés (pièces de charpente, portes, fenêtres, éléments de cheminée…) puisqu’aucun n’a été découvert lors de l’ouverture des tranchées du diagnostic.

6Les dernières séquences observées regroupent des faits contemporains et antérieurs à l’ouverture du site au public en 1992.

7Les quatre tranchées réalisées livrent un aperçu de l’évolution du fort depuis le xvii^e s. jusqu’à l’époque contemporaine. Elles viennent enrichir les informations issues des sources textuelles, iconographiques mais également celles qui ont été recueillies lors de différentes campagnes archéologiques.