Penne (Tarn). Château de Penne
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Année de l'opération :
2020Sujets :
château-fort, fortification, castellologie, LIDAR, village, chapelle castrale, site de hauteurNature de l'opération :
projet collectif de rechercheNotes de la rédaction
Organisme porteur de la fouille : SCI La Forteresse
Texte intégral
1Les objectifs de recherche de l’année 2020 étaient de préciser le travail mené en 2019. Il s’agissait de mieux connaître l’emprise réelle du château sur le terrain, de le replacer dans le contexte des occupations environnantes et de mieux connaître sa domination, tout en menant une fouille programmée complémentaire à l’opération 2019.
2Le PCR a mis en évidence que le château capétien est en fait un réduit fortifié au sein d’un castrum antérieur bien plus vaste. La prospection de terrain l’a largement démontré et une opération Lidar réalisée devra être complétée. L’étude sur le terrain de cet ouvrage coseigneurial entraîne une quantité de questions sur sa chronologie, les modalités de son occupation et le style de ses occupants. Les questions portent également sur l’histoire du village de Penne, qui n’est connu dans la documentation qu’à compter du xiiie s., autrement dit lorsqu’on évacue l’ancien et vaste castrum pour ériger un nouveau château de style capétien. À cette occasion, les deux lignages des coseigneurs de Penne sont dédommagés. Nous ne savons rien des autres occupants, tels les milites castri. Ils ont pu être déplacés vers le village de Penne, préexistant ou pas. La synchronie de cet événement avec l’émergence des premières franchises villageoises est édifiante d’autant que le château de style capétien n’offre plus de défense collective, contrairement au précédent ouvrage.
3La prospection archéologique et documentaire conduite en 2020 a également permis de mieux cerner la domination du château médiéval ainsi que celle de ses seigneurs sur l’environnement. Dès les premiers actes textuels, le milieu sylvo-agro-pastoral paraît largement anthropisé et livre des activités très diversifiées. La rivière Aveyron et ses berges, que le château domine, sont des lieux de suractivité humaine. Les Causses permettent un pastoralisme convoité par les grandes abbayes cisterciennes. La forêt de Grésigne, dépendante au xiiie s. des deux lignages des Penne, est un très vaste ensemble qui pourrait ne pas être que forestier selon la documentation écrite du xe s. et si l’on tient compte de la présence d’un ouvrage défensif à basse cour doté d’une église paroissiale, mentionné au xiiie s. À l’exception du castrum de Penne, l’habitat est spatialement fort peu aggloméré, même à la fin du Moyen Âge, mais socialement encadré par un réseau paroissial dense et ancien. À la fin du Moyen Âge ou au début de l’époque moderne, des résidences aristocratiques sont construites de façon isolée et sont dispersées dans le terroir. Reste à savoir s’il s’agit d’un signe de l’enrichissement d’une « élite ordinaire » ou si l’origine de ces résidences peut être en relation avec un déplacement des plus petits coseigneurs du château de Penne au milieu du xiiie s.
4Enfin, une recherche archivistique centrée sur les documents ecclésiastiques, et complémentaire à la fouille archéologique, a débuté. À ce sujet, il faut regretter la perte par les Archives du Tarn-et-Garonne de l’acte mentionnant l’autel et la dédicace de l’église castrale au xive s.
5En somme, cette campagne du PCR a confirmé que le château de Penne, par sa longévité et ses usages, est un site exemplaire de l’évolution des fonctions et des tendances architecturales en Occitanie, d’un grand nombre de fortifications de hauteur, issues de sites publics du haut Moyen Âge. L’approfondissement de l’étude élargie du château et de son environnement permettrait de mieux saisir l’évolution de l’usage des sites de hauteur en France méridionale depuis la fin du haut Moyen Âge jusqu’à l’époque moderne (fortification publique carolingienne, résidence aristocratique au Moyen Âge central, caserne dès la fin du Moyen Âge, jusqu’au démantèlement de l’époque moderne).
Pour citer cet article
Référence papier
Florence Guillot, « Penne (Tarn). Château de Penne », Archéologie médiévale, 51 | 2021, 275-276.
Référence électronique
Florence Guillot, « Penne (Tarn). Château de Penne » [notice archéologique], Archéologie médiévale [En ligne], 51 | 2021, mis en ligne le 20 mars 2022, consulté le 28 mars 2024. URL : http://journals.openedition.org/archeomed/40928 ; DOI : https://doi.org/10.4000/archeomed.40928
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