1L’opération de sondage menée sur les élévations d’un édifice médiéval, situé au fond de la parcelle du 14 rue Saint-Étienne, s’inscrit à la suite d’un diagnostic archéologique réalisé en 2004 par l’Inrap (sous la responsabilité de Pascal Joyeux). L’édifice est situé à l’intérieur du quartier cathédral d’Orléans. Édifié vraisemblablement au xii^e s., il se compose de deux corps de bâtiments en pierre (petits moellons de calcaire de Beauce), chacun épaulé à son angle SE par des contreforts en pierre de taille et en équerre. Le premier corps de bâtiment, de plan quadrangulaire (13 m x 9 m), est actuellement situé à 4 m en retrait de l’enceinte urbaine tardo-antique (iv^e s.) et médiévale d’Orléans. Toutefois, l’étude a montré que, dans son état initial, son extrémité sud était appuyée contre la fortification. Il est possible que la construction de ce bâtiment soit contemporaine de celle de la maison contiguë au nord (16-18, rue Saint-Étienne), comme le suggère l’absence de chaîne d’angle entre les deux propriétés ainsi que les parfaits alignements de leurs murs gouttereaux. En l’état, il reste difficile de déterminer s’il s’agit de deux propriétés distinctes résultant d’une construction raisonnée ou si l’ensemble formait un très vaste édifice de 27 m de long. Quoi qu’il en soit, ce dernier est jouxté au sud par un second corps de bâtiment, situé à 6 m en renfoncement du premier, appuyé contre la courtine de l’enceinte et de dimensions plus restreintes (3,60 m x 6,10 m). Le rez-de-chaussée de ce second corps de bâtiment, probablement à fonction de resserre, était ouvert sur ses façades ouest et sud par une arcade à l’encadrement chanfreiné. Au nord, une troisième arcade assurait la communication avec le rez-de-chaussée du grand corps de bâtiment, également dévolu au stockage. Il semble que la salle à l’étage du grand bâtiment ait été accessible par une porte à linteau sur coussinets, située sur le mur pignon sud. La présence de vestiges de décors peints sur les murs a entraîné l’intervention d’une conservatrice-restauratrice (Claire Dandrel). Le décor le plus ancien correspond à un faux appareil dont les joints sont peints couleur prune sur fond blanc. C’est vraisemblablement au xiv^e s. que le mur de courtine est reconstruit avec un nouveau chemin de ronde, dont le parapet est pourvu d’arbalétrières. Ces travaux sont à mettre en relation avec la reconstruction en retrait de l’enceinte urbaine du mur gouttereau oriental du grand corps de bâtiment. À cette occasion, on reconstruisit également les plafonds (datation dendrochronologique : automne-hiver 1370-1371) et on ajouta un nouveau décor peint à l’étage, composé d’un faux appareil à joints rouges sur fond jaune, couronné par une frise de motifs géométriques et un parapet crénelé de fortification, d’où émergent entre les merlons, des anges musiciens en bustes (fig.). Ces décors constituent une découverte exceptionnelle dans l’architecture médiévale orléanaise. La fonction de cet édifice reste à préciser. Si on ne peut exclure une habitation de chanoine ou de haut dignitaire du chapitre, les dimensions considérables de l’ensemble plaident aussi en faveur d’un usage pour la vie en communauté (manécanterie, etc.). Par la suite, un remblaiement des niveaux extérieurs de la cour sur une hauteur très importante s’est accompagné d’importants travaux sur le bâtiment : l’ancien rez-de-chaussée se trouvant enterré, un plafond est inséré au travers de l’ancien étage afin de délimiter les nouveaux espaces ainsi créés (entre les actuels rez-de-chaussée et étage). Les façades donnant sur la cour ouest sont dotées de nouvelles fenêtres (croisées et jour) et d’une porte d’entrée, de plain-pied avec le nouveau sol de la cour, surmontée de jours d’imposte. Une datation dendrochronologique (poutre du plafond) et une datation par ¹⁴C sur un charbon de bois contenu dans un mortier de chaux permettent de situer ces remaniements au xvi^e s. C’est au cours du xviii^e s. que la scission du grand corps de bâtiment en deux propriétés (14 et 16-18 rue Saint-Étienne) est établie, époque durant laquelle l’ensemble est attesté par les sources textuelles en tant que maison canoniale jusque dans les années 1780.

Orléans, 14, rue Saint-Étienne, maison canoniale, un des anges musiciens du décor peint, ici joueur de psaltérion, à l’étage du grand corps de bâtiment.

2[Image non convertie]

Cl. C. Alix, pôle d’archéologie de la ville d’Orléans