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Chroniques des fouilles médiévales en France en 2020
II. – Constructions et habitats ecclésiastiques
II. 1 – Opérations de terrain

Toulouse (Haute-Garonne). Nef de la cathédrale Saint-Étienne

Responsable d’opération : Julien Foltran
p. 230-231

Notes de la rédaction

Année de l’opération : 2020

Texte intégral

1Édifiée dans le quartier oriental de la cité antique de Toulouse, près d’une porte de la ville, la cathédrale Saint-Étienne conserve en élévation les vestiges de trois principales phases de construction. Les plus anciens, rattachés à l’église de la fin du xie-début du xiie s., sont englobés dans la vaste nef unique du début du siècle suivant, laquelle fut partiellement détruite à l’est par le chœur de la fin du xiiis., resté inachevé. Malgré les nombreuses études scientifiques de ces dernières décennies, la connaissance des édifices successifs est encore en grande partie hypothétique. Le programme de travaux de restauration et de mise en valeur de la nef décidé par la CRMH est accompagné d’une étude en trois volets, dont la problématique est axée sur la recherche de la forme et de la chronologie des édifices antérieurs.

2Grâce à une étude documentaire (volet B), un état de la connaissance et le bilan des différentes hypothèses évoquées depuis quatre siècles ont été dressés. Ces données ont été compilées pour mieux appréhender les éventuels vestiges qui pourraient être découverts en fouille dans la nef. L’existence d’un massif occidental roman (une façade et deux tours) entre les deux travées occidentales actuelles est régulièrement proposée. Dans les années 1990, les observations sur le bâti ont conforté cette hypothèse, mais la prospection géophysique (volet A) n’a rien révélé de tel à son emplacement supposé, si ce n’est un probable tas de gravats. Des signaux relevés par le radar au centre de la nef et vers l’est, près du pilier d’Orléans, n’ont pas permis d’établir avec assurance l’existence d’éventuels vestiges d’édifices antérieurs.

3L’absence de signaux est principalement liée à la présence, dans toute la nef, d’un puissant remblai de la fin du xviiie ou du début du xixe s., épais de 1,30 m, décapé lors de la fouille (volet C). Le signal du radar devenant moins performant au-dessous de cette cote (notamment à cause de la résonance des murs gouttereaux), les niveaux archéologiques ne pouvaient être correctement interprétés sans fouille. Trois sondages archéologiques ont été pratiqués. Dans le plus grand (sondage 1 : 34 m²), près de l’entrée ouest, deux murs antiques orientés N-S ont été mis au jour sous le remblai (autour de 142,50 m NGF), mais n’ont pas été fouillés. Les niveaux de démolition recouvrant leur arase indiquent un abandon dans le courant du ve siècle.

4Le long du parement est du mur oriental, un sondage de moins de 4 m² a été creusé jusqu’à une profondeur de 2,50 m (141,50 m NGF). Il a partiellement révélé le fond et le bord ouest d’une fosse dont l’emprise totale et l’interprétation sont incertaines. Le mortier collé à sa paroi ouest suggère une maçonnerie en tranchée pleine, qui pourrait correspondre aux fondations d’un monument dont les matériaux furent entièrement récupérés. La couche de mortier pulvérulent, au fond du comblement de la fosse, pourrait avoir été constituée lors de la récupération des matériaux, sommairement débarrassés du liant. Dans cette couche, une graine carbonisée – probablement piégée dans le mortier au moment de sa mise en œuvre – a été datée par radiocarbone entre 426 et 546, et plus sûrement entre 435 et 465 ou 474-502. Il serait donc possible d’envisager que la fosse soit la tranchée de fondation d’un monument du ve s., construit alors que Toulouse était la capitale de l’entité politique dirigée par les Wisigoths (vers 413-508). Il s’agit peut-être du témoignage, très ténu, d’un des premiers groupes épiscopaux de la ville. Les rares perturbations observées pour la fin du xie-début du xiie s. pourraient montrer que la façade romane fut établie sur les fondations préservées de ce monument, dont les élévations furent démontées et les briques remployées dans les parties basses des murs gouttereaux. La récupération exhaustive des matériaux jusqu’aux fondations a dû intervenir plus tard, lors du grand chantier du début du xiiie s., lorsque le massif occidental roman fut détruit pour agrandir l’église d’une travée vers l’ouest. La fosse vidée aurait alors été remplie avec les terres excavées pour les fondations des murs gouttereaux de la nouvelle église. Les niveaux qui recouvrent ce comblement contiennent quelques céramiques pouvant dater de la fin du Moyen Âge.

5Dans un sondage intermédiaire, au centre de la nef (sondage 2 : 22 m²), un caveau moderne dont la voûte avait été détruite correspond au signal positif du radar. Sous le remblai, un sol carrelé en diagonale pourrait avoir appartenu à l’église du début du xiiie s. (142,70 m NGF). Ce carrelage fut posé sur un niveau perturbé par le démontage d’un massif qui pourrait avoir servi de fondation à un pilier de la nef romane. Si c’est le cas, la destruction serait intervenue lors de la création de la nef unique, au début du xiiie s. Le sondage 3 (13 m²), à l’est de la nef, est presque entièrement occupé par un caveau moderne détruit et par une canalisation désactivée de gaz en bois du xixe s.

6Les sondages ont des dimensions trop restreintes pour que les hypothèses puissent être validées. Elles mériteraient d’être vérifiées par des fouilles de plus grande ampleur dans la nef, en prenant en considération l’épais remblai contemporain qui recouvre les niveaux archéologiques et oblige à créer des paliers de sécurité pour atteindre les vestiges. Ces fouilles seraient l’occasion de mieux comprendre l’évolution de l’église cathédrale et de son site depuis la fin de l’Antiquité et le possible premier groupe épiscopal du ve siècle.

Toulouse, nef de la cathédrale Saint-Étienne, cartes des vestiges possibles dans la nef, d’après l’étude documentaire.

Toulouse, nef de la cathédrale Saint-Étienne, cartes des vestiges possibles dans la nef, d’après l’étude documentaire.

DAO J. Foltran, Hadès, 2020

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Table des illustrations

Titre Toulouse, nef de la cathédrale Saint-Étienne, cartes des vestiges possibles dans la nef, d’après l’étude documentaire.
Crédits DAO J. Foltran, Hadès, 2020
URL http://journals.openedition.org/archeomed/docannexe/image/41093/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 391k
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Pour citer cet article

Référence papier

Julien Foltran, « Toulouse (Haute-Garonne). Nef de la cathédrale Saint-Étienne »Archéologie médiévale, 51 | 2021, 230-231.

Référence électronique

Julien Foltran, « Toulouse (Haute-Garonne). Nef de la cathédrale Saint-Étienne » [notice archéologique], Archéologie médiévale [En ligne], 51 | 2021, mis en ligne le 20 mars 2022, consulté le 12 février 2025. URL : http://journals.openedition.org/archeomed/41093 ; DOI : https://doi.org/10.4000/archeomed.41093

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Auteur

Julien Foltran

Hadès, Traces-UMR 5608

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Responsable d’opération

Julien Foltran

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Droits d’auteur

CC-BY-NC-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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