1L’opération archéologique préventive réalisée entre juillet et octobre 2020 visait à étudier la frange orientale et extra-muros du village, située à proximité immédiate de l’ancienne porte dite « de Mâcon ». Le bourg s’est développé au contact d’une église – l’ecclesia Sanctæ Mariæ quæ dicitur ad Boscum – mentionnée vers 978. Cet édifice de culte figure parmi les biens que Lambert, comte de Chalon, a donné au prieuré de Paray-le-Monial. La construction de l’église actuelle, Notre-Dame-de-la-Nativité, semble remonter au xii^e s. Le lieu, mentionné en 1107 dans une bulle du pape Pascal II, apparaît comme l’une des destinations des sept voies rayonnant depuis l’abbaye de Cluny. C’est peut-être au xiii^e s. que le village est pourvu d’une enceinte dont seuls quelques pans sont conservés sporadiquement.

2Sur le tracé supposé de cette fortification, au niveau de la porte de Mâcon, se dresse aujourd’hui un corps de logis flanqué de deux tourelles (trois à l’origine) et percé d’une imposante porte cochère. Compte tenu de son style architectural, la construction de ce bâti semble être antérieure au xviii^e s. Au milieu du xix^e s., cette propriété est agrandie et transformée en un « asile de vieillards » et en orphelinat par Marie-Louise Antoinette de Rambuteau, épouse de Louis Alphonse de Rocca. Depuis, d’autres bâtiments et annexes ont été érigés en complément.

3Le diagnostic archéologique réalisé par l’Inrap, sous la direction de Gaëlle Pertuisot, du 16 au 20 janvier 2017, a livré les indices d’une occupation qui se rattachent pour l’essentiel au bas Moyen Âge. Le principal vestige mis au jour alors réside dans une voie bordée de fossés et orientée E-O dans l’axe de la porte cochère. Elle présente au moins deux états dans son tracé. Si l’on se réfère aux textes du Moyen Âge central, cet axe routier pourrait avoir une origine ancienne et correspondrait potentiellement à la via regia mentionnée en 998 ou encore à la voie venant de Cluny citée dans la bulle pontificale de 1107. De part et d’autre de cet axe, quelques structures en creux ont alors été reconnues, auxquelles s’ajoute un potentiel fossé ou chemin creux établi perpendiculairement et au sud de la voie majeure (E-O).

4La fouille extensive de 2020 a permis de compléter et d’affiner ces observations. Tout d’abord, le fossé défensif du bourg a été partiellement mis au jour en limite ouest de la zone (F7). L’ouvrage, étudié en différents points, s’est comblé progressivement, au gré des saisons, avec des phénomènes de dépôts lents et d’autres, plus massifs, caractérisés par la présence de blocs, d’arène granitique et de quelques fragments de tuiles.

5Le nettoyage et la coupe de la voie majeure (E-O) en deux points ont montré qu’elle se matérialise par des niveaux plans, constitués de petits cailloux centimétriques posés à plat et de recharges d’arène granitique, le tout cantonné de fossés bordiers (F163). La mise en place de fossés successifs a impacté les niveaux antérieurs et n’a donc pas permis de rattacher ces anciennes surfaces de circulation aux fossés correspondants. Toujours est-il que les plus anciennes strates de la voie conservées sont datées du xiv^e s. et les dernières du xviii^e s. au plus tôt. Dans son tiers ouest, un creusement linéaire, sous la forme d’une tranchée, entame profondément le substrat. Ce dernier est ensuite chemisé par des murs de terrasse à assises non réglées et comprenant par endroits de gros modules. Sur le fond du creusement, un niveau est conservé de manière très localisée. Ce dernier a livré de la faune, de la céramique et des tuiles fragmentées. Mis au jour à la base de la stratigraphie, cet aménagement correspond, semble-t-il, à une configuration ancienne, peut-être primitive, de la voie.

6L’usage de cette tranchée est synchrone avec la mise en place d’espaces mitoyens (E94-E93-E406) au sud de cet axe majeur. Ces derniers sont établis perpendiculairement à la pente générale du terrain (négative en direction de l’est) et à la voie principale. Ainsi, leur aménagement est précédé par la réalisation d’un creusement N-S dans l’arène, contre lequel est adossée une maçonnerie de blocs bruts de grandes dimensions, associée à deux murs de refend. On dénombre trois espaces dont deux sont délimités par des maçonneries sur leurs quatre côtés et dont un accueille une zone rubéfiée. Leur aménagement semble prendre place sur le comblement de grandes fosses, mais aussi au sommet du comblement d’une large structure fossoyée linéaire et orientée N-S qui s’apparente à un fossé. Au sommet de son comblement, un chemin est constitué de petits cailloux posés à plat, conservés essentiellement en limite sud de l’emprise (F6). Il est possible qu’il borde ces trois espaces, à l’est. Ce niveau de circulation se connecte avec les niveaux anciens de la voie E-O. Entre ces bâtiments et le fossé défensif, plusieurs fosses ont été reconnues. Elles se recoupent pour la plupart et certaines ont livré des culots de forge et du mobilier médiéval.

7Dans un second temps, on assiste à la récupération intensive des murs des bâtiments E94, E93 et E406. Cette activité est perceptible par des tranchées de récupération, ainsi que par la présence de nombreux blocs épars à l’est des bâtiments et en recoupement des niveaux de circulation du chemin N-S (F6). Ensuite, ce secteur ouest (voie et bâtiments) est remblayé par de l’arène granitique probablement fraîchement extraite car stérile et associée à de très gros blocs bruts. Ponctuellement, ce remblai est complété par des matériaux résultant de la démolition de structures bâties. Un exhaussement du niveau de circulation est alors opéré, dont le quart ouest n’est pas conservé en raison d’un décaissement de la zone, réalisé probablement au milieu du xix^e s.

8Au sommet de ce remblai se met en place un réseau viaire calqué sur le précédent, avec un comblement progressif du fossé défensif. Comme pour le reste du bourg, le fossé comblé est utilisé en espaces de jardins et parcouru par des canalisations successives en direction d’une construction quadrangulaire (E69), encore signalée sur le cadastre de 1826 sous la dénomination de « réservoir ». Ce dernier est localisé au croisement de la voie E-O et d’une autre N-S, à l’ouest de l’ancien chemin F6. À ces vestiges, dérasés au xix^e s., s’ajoute un réservoir non couvert et au sol dallé (E47), aménagement fréquemment associé aux autres jardins établis sur le fossé. Ainsi, à cette période – probablement moderne – ce secteur extra-muros est surtout constitué de champs, parcourus par ce réseau viaire, comme l’attestent les cadastres de cette époque. Au milieu du xix^e s., avec la création de l’hospice et de l’orphelinat, le secteur est reconfiguré pour accueillir exclusivement un jardin clos de hauts murs. L’ancienne voie en direction de Mâcon est supprimée au profit d’un chemin localisé en limite sud de la propriété. Ces travaux s’accompagnent du décaissement de la frange ouest de la zone étudiée.

9Ainsi, en raison d’un décaissement et de récupérations successives, ce secteur s’est révélé plus stratifié, plus dense en vestiges mais aussi plus complexe qu’il ne l’avait d’abord été envisagé. Les contraintes de temps n’ont pas permis de documenter les nombreuses fosses situées dans la frange nord de l’emprise et dont les datations embrassaient visiblement une large fourchette chronologique. En effet, ces fosses sont conservées directement sous la terre végétale. Aussi, la présence d’un creusement linéaire N-S (F203), établi au nord de la voie principale, permet de penser que des bâtiments se développaient aussi dans cette zone, le tout étant bordé à l’est par la poursuite du chemin F6, en direction du nord. Pour parvenir à établir les séquences d’occupation du site en définissant des liens stratigraphiques entre les différents secteurs étudiés, la tranche ferme de la fouille d’une durée d’un mois et demi a été complétée par une fouille complémentaire de quinze jours. Pour le moment, les études spécialisées ainsi que l’étude documentaire sont toujours en cours. Elles permettront bientôt de dater ces séquences stratigraphiques mais aussi de renseigner la fonction des différentes fosses et du bâti mis au jour.

Bois-Sainte-Marie, abords de la porte Mâcon, plan-masse simplifié et légendé.

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Topographie J. Ducreux, C. Sanchez ; DAO C. Sanchez, Hadès, 2020