Caen (Calvados). 74, rue du Vaugueux
Notes de la rédaction
Organisme porteur de la fouille : Inrap Grand-Ouest
Texte intégral
1Les tranchées du diagnostic effectué sur la parcelle KN 107 ont été implantées en fonction des problématiques archéologiques : la première afin d’atteindre le substrat pour évaluer la densité des unités stratigraphiques du site ainsi que de percevoir d’éventuelles traces d’extraction du calcaire, comme il en a été découvert à l’ouest du château ; les deux autres ouvertures afin d’enregistrer les éléments bâtis présents sur le cadastre napoléonien ainsi que d’autres maçonneries qui pourraient être antérieures, au vu de l’implantation de la zone étudiée à proximité de l’édifice ducal.
2Une grande quantité de mobilier archéologique a été découverte et permet d’établir une proposition de chronologie relative des faits, qui peut en outre être affinée à l’aide des relations stratigraphiques entre les structures, les niveaux d’occupation et les remblais. C’est ainsi que se distinguent trois séquences permettant d’appréhender l’évolution de la parcelle KN 107 de l’époque médiévale à l’époque contemporaine.
3La séquence 3 regroupe les faits datant du Moyen Âge et qui correspondent à des aménagements d’habitat. Neuf murs ont ainsi été enregistrés matérialisant des caves : les murs Mr 2000, Mr 2001, Mr 2002, Mr 2009 et Mr 2010 formant celle du « bâtiment 1 » et les maçonneries Mr 2003, Mr 2004, Mr 2005, Mr 2008 et St 2007 constituant celle du « bâtiment 2 ». Ces fondations bâties ont été attribuées à l’époque médiévale par chronologie relative, du fait qu’elles sont chaînées et coupées par les éléments de la cour extérieure où des fragments de céramique datant du xve s. ont été découverts, il est envisageable qu’elles soient antérieures à ce siècle. De plus, en comparant les entités archéologiques de la parcelle avec les éléments architecturaux d’autres villes à l’époque médiévale (Lille, Rouen, Marseille, Dijon), il est possible d’avancer qu’il y a des caractéristiques communes entre les faits puisque l’utilisation des matériaux coïncide ainsi que l’organisation spatiale. Les murs s’orientent par rapport à l’axe de la rue du Vaugueux, laissant l’espace pour le reste de la parcelle, l’extérieur, en retrait du passage. Cette organisation, typique de l’époque médiévale, se constate encore au xviie s. grâce au plan du château de Caen et de ses environs, dressé par Matthaüs Merian l’Ancien en 1657. Par ailleurs, des indices de cet agencement sont encore visibles dans le paysage urbain de la zone étudiée, au sud de la parcelle KN 107, une bâtisse présentant les critères architecturaux d’une maison urbaine médiévale est encore présente en élévation. Il est possible que les deux bâtiments soient contemporains. La maçonnerie Mr 2003, orientée sur un axe E-O puis faisant un léger coude NNO-SSE, pourrait être la fondation d’une ancienne vis d’escalier, comparable à celui qui se trouve sur le bâtiment subsistant au sud de la parcelle. Sa forme particulière, divergeant des autres entités de cette tranche de la fouille, le suggère ainsi que sa position, à l’angle d’une bâtisse. La porte Mr 2004 pourrait matérialiser l’accès à une cave donnant sur l’extérieur.
4Le mur Mr 2011, correspondant de façon logique à un mur présent sur le plan cadastral napoléonien (il n’est pas rare de voir s’implanter des bâtiments sur des maçonneries plus anciennes), serait un mur parcellaire divisant l’espace urbain des unités foncières. Postérieur à celui-ci, un réseau de dix caniveaux a été enregistré (St 2016). Il a livré des fragments de céramique datant probablement le dernier état d’utilisation de cet aménagement. L’évacuation des eaux usées ainsi que la récupération des eaux de pluie peuvent expliquer la présence d’une telle structure dans la parcelle KN 107. Les caniveaux convergeant vers le sud, il serait possible d’apporter des réponses à ce questionnement si d’autres structures situées entre les tranchées 1 et 2 étaient découvertes, comme un puits ou un collecteur par exemple. Un sol (St 2015) ainsi qu’un mur (Mr 2014), d’orientation N-S, ont également été mis au jour. Postérieurs au réseau de caniveaux, ils peuvent correspondre à de petits aménagements créés dans le jardin de la parcelle médiévale.
5La séquence 2 regroupe sept remblais scellant les entités archéologiques de l’époque médiévale sur une épaisseur maximale 1,20 m. Constitués majoritairement d’un limon argileux brun rougeâtre mêlé soit à de petits blocs de calcaire, soit à de petits fragments d’ardoises ou à des micro-nodules de charbon de bois, ces remblais ont livré des fragments de céramique datant, selon Stéphanie Dervin, (céramologue, Inrap Grand-Ouest), des xvie-xviie s.
6Postérieurs à l’ensemble des entités archéologiques mentionnées ci-dessus, les déblais de l’époque contemporaine ont été classés dans la séquence 1. Ils sont principalement représentés par les remblais étalés à la suite des destructions de la seconde guerre mondiale ainsi que par les déblais restés présents sur la parcelle KN 107 à la suite de la destruction de l’église évangélique en novembre 2020.
7La zone étudiée abonde donc en vestiges allant de l’époque médiévale jusqu’à l’époque contemporaine. Son étude participe de la compréhension de la ville et plus particulièrement à celle de ses faubourgs.
Table des illustrations
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Titre | Caen, 74 rue du Vaugueux, vue des murs des caves dans la tranchée 2. |
Crédits | Cl. L. Guérin |
URL | http://journals.openedition.org/archeomed/docannexe/image/41335/img-1.jpg |
Fichier | image/jpeg, 1,1M |
Pour citer cet article
Référence papier
Lydia Guérin, « Caen (Calvados). 74, rue du Vaugueux », Archéologie médiévale, 51 | 2021, 181-182.
Référence électronique
Lydia Guérin, « Caen (Calvados). 74, rue du Vaugueux » [notice archéologique], Archéologie médiévale [En ligne], 51 | 2021, mis en ligne le 20 mars 2022, consulté le 16 juillet 2025. URL : http://journals.openedition.org/archeomed/41335 ; DOI : https://doi.org/10.4000/archeomed.41335
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