1Les fouilles ont porté sur deux zones distinctes de 4 340 et 580 m² distantes de 150 m. Elles permettent d’aborder deux phases d’occupation, La Tène finale et le haut Moyen Âge, incomplètement perçues dans l’espace fouillé, et qui prennent place sur un plateau limoneux encadré de deux talwegs, entre le village de Criquetot-sur-Ouville et le hameau de Mantot.

2Un enclos quadrangulaire de 115 et 125 m de côtés, dont la restitution est possible grâce aux données du diagnostic, compte tenu du fait que deux de ses angles ont été identifiés, se développe sur une surface d’environ 1,5 ha. Il est caractérisé par un étagement de trois fossés. Le creusement médian, plus puissant, accuse une ouverture de 2 m de large pour 1,3 m de profondeur. Un système d’accès a été perçu au SO. Quelques concentrations de mobilier céramique permettent d’attribuer cette occupation à La Tène C-D, à l’image de quelques sites locaux mis au jour lors des fouilles proches de l’A29 et l’A150. En dehors de cet espace fossoyé, les vestiges ne sont que très ponctuels et ont notamment livré un four.

3Une phase altomédiévale est perceptible dans les deux secteurs, vraisemblablement confinée à l’intérieur de l’enclos situé au nord, cette occupation ne trouvant aucune concordance avec la Protohistoire dans la zone méridionale. Plusieurs réseaux de fossés permettent de cerner trois phases qui témoignent d’une reprise des orientations de certains linéaires mais avec des profils et des profondeurs d’encaissements différents. Ces fossés ont une évidente fonction de drainage, avec un fond très oxydé et des niveaux d’utilisation hydromorphes. Ils peuvent également avoir servi au piégeage de l’eau avec des pendages concentrés vers des points en cuvette. Le mobilier céramique, relativement indigent – 141 tessons donnant un NMI de 13 pots – et très majoritairement issu de la phase intermédiaire, oriente vers une occupation placée entre le milieu du vii^e et le viii^e s. Deux bâtiments sur poteaux ont pu être identifiés. En plusieurs points, les éléments porteurs sont repris, avec une pièce verticale collée contre la première, mais avec des comblements différenciés, la seconde phase étant nettement plus marquée par les rejets charbonneux. Les bâtiments se situent à proximité d’une grappe de silos au sein de laquelle se distinguent trois phases, dont la seconde témoigne aussi d’une forte activité liée au feu. Cette succession de comblements différenciés se remarque également sur l’autre pendant des bâtiments, avec une succession de fosses dont la caractéristique commune est d’avoir un fond très induré. Une activité métallurgique pourrait être en lien avec l’horizon davantage marqué par les rejets charbonneux, quelques scories étant disséminées au sein de la deuxième phase de fossés.

4Ces vestiges, logés dans l’angle S-E de l’aire d’étude, pourraient n’être que la marge d’une occupation qui se développerait sur l’autre rive de la rue de Mantot, laquelle présente par ailleurs le point le plus haut du secteur et comporte une véritable plateforme dominant d’un mètre la zone fouillée. Néanmoins, la zone abordée témoigne d’activités spécialisées qu’il reste à définir précisément dans l’espace et le temps. Les études en cours viennent essentiellement apporter des données à la connaissance du haut Moyen Âge dans ce secteur de la Normandie orientale, encore mal documenté.

Criquetot-sur-Ouville, rue de Mantot, plan des vestiges et premières interprétations.

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DAO Éveha, 2020