1À la suite d’un diagnostic réalisé par V. Monnoyeur-Roussel (Inrap) en juin 2018, plusieurs opérations préventives ont été prescrites par le SRA Auvergne Rhône-Alpes aux abords du presbytère de l’église Saint-Barthélemy, dans le cadre d’un projet d’extension et de rénovation de celui-ci, associé à une réorganisation de la voirie. Le dernier suivi de travaux est intervenu le mercredi 12 février 2020.

2L’opération principale s’est tenue dans le jardin du presbytère sur une emprise de 1 000 m², entre le 3 juin et le 9 août 2019. Cette parcelle est mitoyenne, à l’ouest, du bâtiment de la cure dont on ne connaît pas précisément la date de construction mais qui figure sur le plan cadastral de 1812. Au sud de l’emprise se dresse l’église paroissiale Saint-Barthélemy. Elle est connue des sources écrites à partir du début du xiii^e s. (Pouillés de Lyon) et reconstruite au même emplacement dans la seconde moitié du xix^e siècle. Par sa situation, la fouille apporte des données inédites sur l’évolution de ce secteur de la commune au cours des périodes médiévale et moderne. Elle interroge en outre la chronologie de la fondation de l’église paroissiale et le cadre de son implantation au cours du Moyen Âge.

3Les vestiges les plus anciens mis au jour remontent à la période de transition entre l’Antiquité et le Moyen Âge. Un fossé, remblayé au cours des v^e-vi^e s. d’après la céramique associée, témoigne d’un premier découpage parcellaire dont la limite sera entretenue jusqu’à nos jours dans le mur de clôture occidental du jardin de la cure. Les vestiges datés du haut Moyen Âge sont toutefois peu nombreux dans notre fenêtre d’observation et ne permettent pas d’évaluer la nature de l’occupation.

4Il faut attendre la période des x^e-xii^e s. (d’après les datations de la céramique) pour observer une densification des structures archéologiques dans l’emprise. Il s’agit principalement d’installations dévolues au traitement et au stockage de denrées agricoles et implantées le long de la limite parcellaire décrite ci-dessus. Environ quinze silos creusés dans les lœss ont été répertoriés pour cette période. On retiendra aussi parmi ces vestiges un four domestique, dont la dernière utilisation est datée entre environ 865 et 955 par l’archéomagnétisme (Y. Gallet, Institut de physique du globe de Paris). Notre fenêtre d’observation est bien trop restreinte pour apprécier la taille et la morphologie de cet établissement agricole qui s’est développé à partir de la fin de la période carolingienne et au cours du Moyen Âge central. Aussi, aucun indice n’est pour le moment susceptible de nous suggérer que l’église serait déjà édifiée dans le cadre de cette seconde phase d’occupation.

5À la période suivante (xiii^e-xiv^e s. d’après la céramique), on assiste à un remaniement de l’occupation. Les vestiges se concentrent dans la moitié sud de la parcelle fouillée, vers l’église, et changent de nature. De larges fosses, profondément creusées dans le sol, pourraient éventuellement être interprétées comme des fosses d’extraction de matière première pour la construction de murs en terre. Surtout, un fossé dépassant les 3,50 m de large, implanté parallèlement au collatéral nord de l’église, peut être associé à la construction de celle-ci (ou à son réaménagement, cette dernière hypothèse ne pouvant être exclue). L’édifice religieux cohabite avec un habitat, peut-être localisé sous le bâtiment actuel de la cure, comme l’attestent quelques autres fosses apparentées à des silos et contenant de riches dépotoirs domestiques.

6Les vestiges du début de la période moderne sont étrangement peu représentés dans l’emprise, mais tout indique qu’au xviii^e s., la parcelle revêt la fonction qu’elle conserve jusqu’à nos jours, à savoir celle d’un terrain annexe dévolu à la culture ou au jardinage. C’est aussi un terrain dans lequel on continue d’extraire du lœss dans le but de l’utiliser pour la construction. La manifestation la plus probante de cette activité est une très grande fosse de près de 11 m d’envergure, profonde de plus de 3 m, accolée à l’angle NO du presbytère.

7L’étude post-fouille est en cours. L’examen du mobilier récolté (céramique, faune, objets métalliques, etc.) nous permettra sans doute de préciser les activités et le rang des différentes phases d’occupation, mises au jour. L’étude précisera aussi très probablement leur évolution par des datations ¹⁴C complémentaires et un examen attentif de la chronologie relative des vestiges.