1Le diagnostic anticipé de la tête nord du pont de l’Europe se situe à la fois sur les communes de Saint-Jean-de-la-Ruelle et d’Orléans. Il vient compléter les six opérations archéologiques antérieures conduites entre 1998 et 2010 et ayant trait au prieuré de la Madeleine. Il concerne donc une zone déjà largement documentée, bien que de manière inégale. Aussi, une emprise double a été prescrite à l’ouest et à l’est des parcelles déjà explorées. L’opération s’est déroulée du 2 au 30 juin 2020. Situées à la périphérie occidentale de la ville, en bordure de la Loire, les premières traces d’occupation de l’espace remontent à l’Antiquité et traduisent une faible fréquentation de cette zone rurale située à plus d’un kilomètre de la ville gallo-romaine.

2Dès la fin du viii^e s., dans la partie est, un espace funéraire et une zone d’habitat se développent sur le plateau. Deux fossés et un alignement de trous de poteau, évoquant une probable palissade, constituent l’occupation la plus ancienne mise au jour côté ouest et traduisent une volonté de structuration de l’espace dans cette partie du site. À partir du x^e s., la zone funéraire s’étend largement jusqu’à occuper l’espace, auparavant dévolu aux vivants.

3Durant le Moyen Âge, un édifice de culte, situé hors de l’emprise fouillée mais attesté lors des opérations antérieures, devient le pôle attractif. Les inhumations mises au jour au cours de cette opération s’organisent autour et notamment à son chevet. Les tombes se caractérisent essentiellement par des fosses à banquettes taillées ou maçonnées, destinées à accueillir une couverture de bois. L’espace alentour se structure avec la construction ou la reprise de plusieurs bâtiments et espaces de circulation, jusqu’à occuper le versant au sud où des fondations de maçonneries ont été observées. L’ensemble de ces vestiges se rattache probablement à l’établissement hospitalier se développant entre le x^e et le début du xii^e s. En 1113, une communauté fontevriste y fonde un prieuré, scellant ainsi la vocation du site jusqu’à l’époque moderne.

4Sur le plateau, des maçonneries appartenant à une seconde église ont été perçues lors de ce diagnostic. Elles viennent compléter la partie orientale d’un plan partiel issu des opérations antérieures, sans toutefois avoir livré les vestiges du chevet de l’édifice, vraisemblablement situé sous la rue qui borde l’emprise à l’est. Elle prend place entre le xiv^e et le xvii^e s. Implantée immédiatement au sud du premier édifice évoqué précédemment, elle est construite dans un secteur jusqu’alors dévolu aux inhumations, redistribuant ainsi l’espace funéraire. Des tranchées de récupération et des couches de démolition traduisent la succession de constructions et de destructions qui touche l’édifice de culte comme les bâtiments conventuels alentour durant le bas Moyen Âge et l’époque moderne. Durant cette période, les inhumations se poursuivent sur le reste de l’espace, bien qu’elles demeurent peu perceptibles dans l’emprise étudiée. La mise au jour de structures hydrauliques, caractérisées par deux caniveaux observés sur le versant et s’écoulant en direction de la Loire, témoigne en revanche d’aménagements en lien avec la vie du monastère.

5À l’ouest, un ensemble bâti de fonction inconnue, dont l’une des maçonneries au tracé légèrement curviligne présente un parement taluté et enduit de mortier de tuileau, a été mis au jour au-delà des limites supposées du prieuré. Sa présence pousse à s’interroger sur l’environnement immédiat du monastère et sur son emprise réelle. Les marges de l’établissement monastique pourraient être occupées par des zones artisanales au moins dès la fin du Moyen Âge.

6À partir de cette période, le versant semble remblayé progressivement afin de servir d’espace de circulation probablement destiné à ménager un accès vers le fleuve. De vastes creusements s’intercalent avec ces phases de construction d’époque moderne, avant d’être délaissés. Finalement vendu comme bien national, le prieuré fut démantelé en 1792 et ses pierres récupérées, laissant de nombreuses tranchées ensuite comblées. Ce n’est qu’à la fin du xix^e s. qu’un érudit local entama les premières fouilles sur le chevet de la seconde église. Des diverses vocations du site qui suivirent, il ne reste rien dans l’emprise jusqu’à l’installation du parking actuel.