1La fouille du site compris entre les rues du 11 novembre, de la Libération, du 8 mai 1945 et l’Hôtel de Ville a été l’occasion de renouveler l’histoire de la localité de Poissy sur le long terme. Au total, neuf phases d’occupation ont été déterminées. La conjonction des données de terrain avec les sources anciennes livre de solides interprétations pour l’histoire de cette zone périphérique au bourg. La fenêtre d’observation montre un espace dynamique en constante évolution, caractérisé par une anthropisation quasi continue, la mise en place progressive de lignes de force structurantes et un va-et-vient du bâti du v^e au xx^e s.

2La seconde phase, première occupation avérée, est située entre le v^e et le milieu du vi^e s. de notre ère. Les vestiges, très dégradés par les occupations postérieures, participent d’une probable unité d’occupation à vocation agropastorale délimitée par un réseau fossoyé.

3La troisième phase identifiée correspond à l’installation, à l’est du site, d’un habitat aristocratique fortifié, de plan quadrangulaire, fondé durant le xi^e s. Dans l’emprise, seuls deux fossés d’enclos de 4 puis 5 m de large se succèdent.

4La quatrième phase montre un changement du statut du terrain avec l’ouverture d’une large rue, la rue du Bois, menant du noyau urbain à la forêt de Laye, doublant ainsi l’artère principale de la ville. Cette rue s’installe en bordure du second fossé défensif, en partie comblé, et semble structurer le développement d’un faubourg. Un lotissement est créé à cheval sur le fossé, utilisant la fonction drainante de celui-ci à l’arrière de bâtiments. De plan standardisé, ces structures, construites en pans de bois sur solins maçonnés, sont à vocation domestique, avec un foyer aménagé au centre du mur latéral occidental. L’analyse des restes alimentaires révèle une population relativement peu aisée. L’étude numismatique suggère des activités commerciales qui n’ont pu être identifiées. Une seconde mention au sujet de l’habitat aristocratique correspond à la fin de cette phase. Il s’agit de sa cession en 1342 par Guyard de Touraine au couvent des Dominicaines de Poissy. Le nom de ce personnage reste associé à ce fief jusqu’à la Révolution.

5Le lotissement, quant à lui, est déserté durant le milieu du xiv^e s., ce qui constitue le début d’une cinquième phase. Les constructions semblent avoir été volontairement démantelées. Les volumes semi-excavés résultants, vestiges de certaines pièces, servent alors de dépotoirs. Ils témoignent d’une population aristocratique cohabitant avec une autre classe sociale très modeste. Cette phase est caractérisée par une diminution importante des aménagements anthropiques, en particulier pour le xv^e s.

6À partir de la fin du xv^e s. s’amorce une sixième phase qui se développe durant le siècle suivant. Une maçonnerie vient enclore les jardins du fief de Touraine. Des fosses, dont des dépotoirs, y sont creusées. Ils collectent un mobilier peu abondant, tenant plutôt d’un bruit de fond que d’une réelle occupation. Les restes de repas trahissent une population peu aisée.

7La septième phase correspond aux xvii^e et xviii^e s. Les jardins se structurent en fonction des divisions des maisons qui assurent la continuité des anciens édifices aristocratiques reconvertis. Le parcellaire est modifié en conséquence. Le statut social de la population s’améliore.

8Parallèlement, l’édification de l’enceinte, dite « de réunion », a vraisemblablement eu lieu durant cette phase. Les premières mentions textuelles du « mur » dans le quartier prennent place au début du xvii^e s., ce qui est corroboré par les observations de terrain. Cette enceinte va alors fermer la rue du Bois à hauteur du site, modifiant son parcours et les odonymes adjacents.

9Les sources écrites révèlent qu’à l’aube de la Révolution et par la suite l’économie du quartier est dédiée aux activités du foirail voisin. La huitième phase correspond à l’assujettissement des terrains de notre emprise pour l’agrandissement de ce marché et plus spécifiquement, en 1827, la création d’un préau aux moutons encadré de bergeries formant une grande abside. Considéré comme insuffisant et peu adapté aux besoins des marchands, le complexe bâti est démoli dès 1838. Il est remplacé par un foirail encore plus grand dont les travaux impliquent des terrassements colossaux. Ce marché sera à nouveau abandonné en 1867, lorsque la halle de la Villette est créée. Le terre-plein devient alors un terrain vague, avant la construction de l’hôtel de ville en 1937.

Poissy, plan par phase d’occupation des faits archéologiques.

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DAO G. Encelot – EPI 78-92